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L’appréciation de la gourde par rapport au dollar américain ces derniers jours 

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Après une longue descente aux enfers pour la gourde sur le marché des changes, sans  mesures spéciales prises par les autorités financières, le taux de change affiche une tendance inversée. En une semaine, une variation de -1,37% a été observée au niveau du taux de référence de la BRH. Pour bien comprendre l’appréciation de la gourde par rapport au dollar dans un contexte où l’économie haïtienne est à genou, en manque criant de production,  Le Quotidien News s’est entretenu de ce sujet avec une économiste.

L’inflation par le taux de change est un sujet de préoccupation pour les différents acteurs économique. Avec la crise multidimensionnelle qui affecte le pays à presque tous les niveaux, les autorités peinent à trouver les formules qui marchent. La gourde n’échappe pas à cette crise. Selon les données de la Banque de la République d’Haïti (BRH), la variation annuelle de l’inflation de la gourde face au dollar des États-Unis est de l’ordre de 26,27%. Malgré les différentes injections de dollars sur le marché des changes par la BRH, la chute ne s’est pas longtemps arrêtée, jusqu’à il y a quelques jours.

En effet, une légère tendance à la baisse est constatée depuis quelques jours au niveau du taux de change. Sur le marché informel, le dollar qui s’échangeait à plus de 160 gourdes il y a un mois se vend désormais à moins de 145 gourdes. Pour ce  27 mai 2023, le taux de référence de la BRH affiche 139,9784 gourdes pour un dollar américain. Dix jours plus tôt, le 17 mai dernier, il affichait 142,8376 gourdes, et il y a un mois, soit le 27 avril 2023, le taux de référence de la Banque Centrale était à 152,2314 gourdes pour le dollar, soit plus de 12 gourdes gagnées en un mois.

La gourde à la merci de l’insécurité et l’instabilité

Pour cette déflation au niveau du taux de change, les autorités financières ne semblent pas être pour beaucoup. Aucune mesure expresse n’a été prise. Pour l’économiste Djaenaï A. Clément qui évolue dans le secteur bancaire, ces dernières années, deux facteurs sont à prendre en considération. Selon elle, les facteurs classiques qui pouvant renforcer la monnaie nationale comme une forte production nationale, la rentrée de touristes ou les investissements directs étrangers sont tous maintenus en laisse par l’insécurité qui sévit dans le pays et la constante instabilité politique et institutionnelle.

Selon Mme Clément, ces mêmes facteurs qui ont provoqué l’inflation de la gourde par rapport au dollar américain, aujourd’hui, produisent l’effet inverse. La persistance de l’insécurité et de l’instabilité a, selon l’économiste, provoqué un assèchement des dollars qui circulent en cash sur le marché haïtien. Les banques n’ont presque plus de dollars en cash, les autres institutions financières non plus, de même que le marché informel. À cause de cette situation, « la forte pression qu’il y avait au niveau du marché de change pour l’acquisition de dollars n’est plus », et « la spéculation a ralenti à cause du manque de cash », a-t-elle expliqué dans une interview accordée au journal Le Quotidien News.

L’économiste Clément rappelle qu’en Haïti « nous n’imprimons pas de dollars », ces derniers rentrent dans l’économie « grâce au tourisme, aux envois de la diaspora, aux transferts internationaux et à l’investissement étranger ». Cependant, aujourd’hui, les réserves de dollars se sont transportées en dehors du pays, surtout avec la vague de Haïtiens qui laissent le pays. « Quand les gens quittent le pays, ils veulent aussi partir avec leur argent, et ce sont des dollars qui laissent le pays », explique l’économiste. « Si on n’a pas d’investisseurs étrangers, si on n’a pas de touristes qui rentrent, si les gens continuent de prendre leurs dollars américains pour laisser le pays, alors éventuellement on peut s’attendre à ce que le taux de change continue de diminuer ».

Pour elle, cette déflation au niveau du taux de change n’améliore pas la santé de la gourde, la situation ne s’améliore qu’en apparence. « Par rapport aux plaintes de la population, on pourrait parler d’amélioration parce qu’il faut désormais moins de gourdes pour s’acheter un dollar. Mais il demeure le problème de la non-disponibilité de numéraire, il n’y a pas de dollar à acheter ». Djaenaï A. Clément est formelle, pour toute amélioration au niveau de l’économie haïtienne, deux conditions s’imposent. « Avant tout, politiquement, le pays doit être stable avec des institutions qui fonctionnent et le problème de l’insécurité doit être résolu ».

Clovesky André-Gérald PIERRE

cloveskypierre1@gmail.com

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