jeu. Déc 26th, 2024

Le Quotidien News

L'actualité en continue

L’arrière-pensée!

4 min read

À mesure que les jours s’écoulent, la crise sociale haïtienne présente de nouvelles facettes les unes plus inquiétantes les unes que les autres. D’autres entraves surgissent, alors que les réflexions en vue de proposer à court, moyen et long terme, des solutions adéquates se font de plus en plus rares. Ces dernières semaines, les événements auxquels la nation a assisté, font beaucoup douter. Ils ne restent plus aux civils armés de que d’occuper le Palais national pour concrétiser leur autorité.

Personne n’est sans savoir que l’exécutif haïtien est bicéphale. Il n’est un secret pour quiconque que toutes les institutions démocratiques haïtiennes sont à genoux.  Cela suppose que tous les pouvoirs sont concentrés entre les mains d’un Premier ministre, jusqu’ici figurant. En dépit de tout, celui qui fait office de Chef du gouvernement et également de Chef du Conseil supérieur de la police nationale (CSPN) a été spectaculairement mis au défi par des groupes rebelles. Il en a été de même pour l’ex-directeur a.i de la police nationale lui aussi membre du CSPN et, plus récemment du Ministre de la justice également dirigeant de cette structure.

Ainsi, les fondements de la Nation se trouvent dorénavant menacés puisque ceux qui sont censés payer pour assurer la sécurité de la Nation font profil bas face aux actes des bandits qui sont, sans aucun doute, protégés et financés par des groupes qui agissent dans les coulisses. Pas de démission réelle jusqu’à date, hormis le deal avec Léon Charles. Les gangs se renforcent et ont dorénavant  le pouvoir de décider s’ils veulent négocier ou non. Ils dépeuplent des quartiers entiers ils mettent la capitale en coupe réglée, ils conditionnent la distribution du carburant, ils limitent les déplacements des officiels, ils kidnappent des ressortissants étrangers (américains) et leur font du chantage. Parallèlement, de vils personnages s’accrochent encore au pouvoir (si le mot détient encore tout son sens) avec l’arrière-pensée que le “blanc” est derrière eux.

On dirait que les dirigeants haïtiens sont des étrangers en mission en Haïti, comme s’ils se conformaient à un agenda bien établi de leur patron. Cette tendance indigne est le fondement même de cette crise structurelle. Le pouvoir en Haïti appartient à une frange de la communauté internationale, principalement aux États-Unis. Tant qu’ils cautionnent les activités des hommes au pouvoir, tout est assuré. Quant au peuple qui est censé justifier ces coups d’États ou leurs diktats via les urnes, ils ne s’en soucient guère. Ils n’ont aucun compte à rendre à la société haïtienne

L’insécurité atteint son paroxysme dans le pays. La crise du carburant a accéléré un blocage total du fonctionnement de tous les secteurs. L’année académique fraichement lancée en subit déjà les conséquences, et, ce, depuis plus de trois ans. Le commerce informel qui occupe une part importante dans l’économie nationale est lui aussi  frappé de plein fouet par cette paralysie. En un seul coup, des malfrats soutirent d’une famille 550 000 dollars américains. Un ministre pointé du doigt fait comme si de rien n’était. Le pays, vraisemblablement touche le fond de l’abime. L’État se confond avec les gangs. En plus du fondement institutionnel de la patrie qui est vassalisé, la Nation vit sans aucune éthique, sans morale, ni gêne. Nous avons vendu notre dignité pour des plats crasseux.

Compte tenu de cette situation, que peut-on attendre comme solution conjoncturelle dans cette crise multiforme et multidimensionnelle qui ravage le pays? Rien de concret si l’on considère que chaque acteur en présence ne fonde actuellement sa lutte que dans l’idée de vendre à la communauté internationale le profil idéal qu’elle souhaite engager pour la direction de la transition. Ceux qui se sont lancés dans la démagogique tendance d’accord politique acceptent ce fait car, intrinsèquement et succinctement, ils cherchent un arbitrage international. La solution haïtienne soi-disant recherchée paraît être un prétexte. Ils refusent d’aller droit au but. Ils refusent de dialoguer ensemble. Ils font semblant de commencer le processus et ils se relâchent.

Daniel Sévère

danielsevere1984@gmail.com

Laisser un commentaire