Pendant plusieurs années, nous avons tous contribué à la descente aux enfers de ce pays. Chacun de nous porte sa responsabilité dans la situation actuelle d’Haïti. Chacun à son niveau. Au premier chef, nous indexons souvent les politiques. C’est de bonne guerre d’ailleurs, car ce sont eux qui sont responsables de la gouvernance et de l’administration du pays.
En effet, s’ils administraient parfaitement l’État, la population n’aurait d’autre choix que de respecter les lois et de se comporter en citoyens responsables. Mais, puisque la débandade est totale, le résultat est ce que nous observons aujourd’hui.
Dans la foulée, nous attendons un redressement de la situation. Nous souhaitons tous voir l’autre Haïti. Nous sommes tous fatigués de cet état de fait. Cependant, nous n’avons pas assez de courage pour passer de spectateurs à acteurs. Personne n’ose mettre la cloche au cou du chat.
Nous sommes en train de fantasmer. De penser que les situations vont venir toutes seules. Ou que quelqu’un va le faire à notre place. Chaque communauté. Chaque pays est responsable de ses malheurs. Aucun peuple étranger ne va envisager à la place de nous le développement de notre pays. Nous devons sortir de ce rêve qui fait croire que les États-Unis, l’ONU, entre autres, décideront un jour de dire « halte-là ». C’est à nous de dire « c’en est trop ». C’est le moment où jamais pour les Haïtiens de comprendre qu’ils fantasment sur cette Haïti renouvelée.
La crise haïtienne ne peut pas être résolue par des rêveurs. Il nous faut changer de vision. Le clou est trop enfoncé pour penser qu’on peut l’extraire d’un seul coup de marteau. Il faut user de patience, mais aussi apprendre à réfléchir sur le moyen et le long terme. Pensons aux générations futures. Cessons d’être égoïstes. Si nous continuons de rêver de résoudre les problèmes totalement pour en être les jouisseurs, on se ment. Commençons par poser les bases pour nos fils et nos filles de demain. Faisons abstraction de penser qu’on peut avoir le beurre et l’argent du beurre. Acceptons notre échec et mettons-nous au travail dès aujourd’hui pour que les autres générations n’aient pas à revivre ce que nous sommes en train de supporter. Pensons aux autres.
Daniel SÉVÈRE
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