Le gouvernement américain et l’OEA toujours favorables à la poursuite du processus électoral en Haïti malgré tout
3 min readLe gouvernement américain à travers son ambassade en Haïti et l’organisation des États américains (OEA) viennent de réitérer leur attachement à la poursuite du processus électoral en Haïti malgré les controverses du moment. Ces structures internationales, par ailleurs, n’ont pas caché leur doute sur les récentes décisions prises par le chef de l’État à une période où la crise s’accentue davantage.
Depuis le 7 février 2021,une accalmie est constatée du côté de l’opposition qui avait, préalablement, appelé la population à la désobéissance civile et au « dechoukay » pour contraindre Jovenel Moise à respecter la Constitution en son article 134-2. Refusant de se courber à la lettre de ce prescrit constitutionnel, le chef de l’État est resté au pouvoir en dépit des critiques faisant croire qu’il est de facto. En plus son obstination, il est en train de prendre des décisions, selon plus d’un, qui confirment sa velléité de recourir à la dictature. À cet effet, il a renvoyé prématurément à la retraite trois juges dont les noms figuraient sur la courte liste de l’opposition comme nouveau président de la République.
La société civile haïtienne dit prendre note, la communauté internationale aussi. Suivant les différentes communications publiques de l’ambassade américaine en Haïti et du secrétariat général de l’OEA, quelque chose commence à changer. Les lignes bougent sans pourtant accuser le chef de l’État de plonger la tête baissée dans l’illégalité.
» Nous avons vu l’arrêté publié dans le journal officiel envoyant à la retraite 3 juges de la Cour de cassation. Nous avons de grandes inquiétudes sur des actions qui risquent de déranger les institutions démocratiques dans la communauté haïtienne. Pour le moment, les instances internationales sont en train d’examiner l’arrêté pour savoir s’il est conforme à la Constitution et aux lois de la république », as-t-on lu dans la note de l’ambassade américaine en Haïti. D’un autre côté, l’OEA précise ceci : » le secrétariat général suit de très près la situation qui se déroule actuellement en Haïti. Nous sommes soucieux du respect des droits humains et de l’indépendance des pouvoirs. Le secrétariat général de l’OEA porte un intérêt essentiel à la protection des institutions démocratiques et des droits politiques des citoyens. Il est fondamental que les institutions étatiques travaillent ensemble pour résoudre les problèmes qui affectent Haïti ».
Au regard de ces prises de position, les acteurs politiques et de la société civile haïtienne accueillent diversement les communications officielles de ces structures desquelles ils attendent un virage (le cas des opposants) ou la confirmation de leur support (le régime en place) pour soit renverser le pouvoir ou consolider le régime. Cependant, ces instances laissent planer le doute en renouvelant leur support au processus électoral énergiquement dénoncé par les anti-Jovenel.
« Entretemps, il est un impératif que les acteurs continuent de se concentrer pour redonner au peuple haïtien son droit de choisir ses législateurs à travers les urnes dès que cela soit techniquement possible et les élections présidentielles toute suite après », recommande l’ambassade. Une position partagée par l’OEA qui réitère son appui au processus électoral comme option unique et conforme à la charte démocratique pour remplacer le président constitutionnel actuel par un autre le 7 février 2022.
L’OEA à travers cette position rejette d’un revers de main toutes les thèses soutenant que le mandat de Jovenel Moise a pris fin le 7 février dernier. Selon le secrétariat général de cette organisation hémisphérique, Jovenel Moise est toujours constitutionnel. Le secrétariat général ajoute ceci : » nous appelons de nos vœux à des changements structurels démocratiques en Haïti à travers les discussions d’une nouvelle constitution et d’une participation effective aux élections générales de cette année ».
Daniel Sévère