Le polystyrène et ses composants sont très nocifs pour la santé et l’environnement

Le 10 juillet dernier, le Groupe Action Francophone pour l’Environnement (GAFE) et Alternatiba Haïti ont publié une lettre ouverte au responsable de la douane de la commune de Belladère. En vue de prévenir  les dangers sanitaires, environnementaux et économiques liés à l’excès d’utilisation du polystyrène dans le pays, le GAFE et Alternatiba Haïti recommandent, entre autres, d’appliquer l’interdiction de l’utilisation du polystyrène sous quelques forme que ce soit sur tout le territoire national.

Selon ce document, les produits à base de polystyrène utilisés en Haïti proviennent d’une compagnie américaine “The Dow Chemical Company”. Cette industrie américaine produit la marque styrofoam qui exporte exclusivement les produits polystyrènes en Haïti. Ces articles à usage alimentaire prennent des formes diverses. Regroupant des assiettes et des gobelets de grandes, moyennes et petites dimensions, le polystyrène est présent dans toutes les institutions. Or, le polystyrène et ses composants sont des produits dangereux et très nocifs pour la santé et l’environnement. En effet, son utilisation et sa mauvaise gestion engendrent de graves problèmes en matière de salubrité et de santé publique, en Haïti.

Le GAFE et Alternatiba Haïti rappellent qu’un arrêté est déjà sorti à ce sujet. Les institutions étatiques ont maintes fois tenté de réduire le taux d’utilisation de polystyrène dans le pays. Notamment le 10 juillet 2013, un arrêté ministériel a interdit la production, l’importation, la commercialisation et l’utilisation sous quelques format que ce soit les articles en polystyrène expansé à usage alimentaire unique. Et plus récemment, un communiqué stipulant le déploiement de brigades spécialisées pour faire appliquer cet arrêté, le 29 janvier 2018. Mais ce n’est que sur le papier, car jusqu’à date, aucune action concrète n’a été entreprise pour enrayer ce problème qui prend de plus en plus d’ampleur dans la République.

En matière de santé publique, le polystyrène et ses composantes ne sont point recommandés. Ce n’est un secret pour personne que les matières plastiques et pétrochimiques sont très nocives pour la santé. Selon une étude de l’Agence de protection Environnementale (EPA) des USA et le centre de recherche sur le cancer, les composantes du polystyrène sont de potentiels produits cancérigènes.  Ainsi, une exposition durable à ces produits, leurs combustions, et l’ajout d’aliments chauds et liquides dans les vaisseaux risquent de causer de sérieux dommages à l’organisme humain, ont informé les institutions en question. Les dangers sanitaires que représentent ces produits pour le système immunitaire sont très sérieux.

Les impacts environnementaux, sociaux et économiques sont aussi très élevés, a souligné l’étude. Produisant de fortes quantités de gaz à effet de serre, le polystyrène joue un grand rôle dans le réchauffement climatique. Pourtant, cette matière est un produit recyclable, toutefois, en Haïti les contenants alimentaires ne sont pas récupérés et encore moins recyclés. Ce qui conduit à la pollution des eaux, des mers, à la disparition des animaux marins et à la destruction de la biodiversité et de l’écosystème national. Les secteurs économiques et touristiques connaissent depuis un certain temps, une baisse d’activité considérable. Au niveau agricole et touristique, les impacts du polystyrène sont plus que déplorables.

Toujours selon l’étude en question, l’utilisation du polystyrène engendre  des conflits géopolitiques importants. Échouant dans la mer, ils quittent évidemment les limites du territoire haïtien pour s’installer chez certains voisins de la Caraïbe, qui bien-entendu exigent du gouvernement haïtien d’assumer ses responsabilités et de réparer les dégâts. Touchant directement les couches les plus vulnérables du pays, ces articles à usage unique plongent les habitants des communes côtières et défavorisées, comme Cité-Soleil, dans un cycle d’insalubrité sans fin.

À la fin du document, le GAFE et Alternatiba Haïti exhortent tous les citoyens et citoyennes à changer de comportement et à se responsabiliser sur la question. Les habitudes de vie de la population haïtienne doivent impérativement changer pour permettre d’éradiquer définitivement le problème. Ces institutions proposent l’utilisation de cantines et de bidons lavables et réutilisables, une campagne de sensibilisation à tous les niveaux sur les méfaits du polystyrène, elles préconisent de faire preuve de cohérence en paroles et en actions et lancent une pétition pour promouvoir le bannissement définitif du styrofoam en Haïti.

Leyla Bath-Schéba Pierre Louis

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