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Le renforcement de la résilience économique des femmes en milieu rural, une nécessité

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Consciente de l’importance du renforcement de la résilience économique des femmes en milieu rural  pour le progrès économique du pays, la Banque de la République d’Haïti (BRH) a organisé récemment  un forum sur les femmes rurales dans le département du Nord du pays. Au cours de la première journée, les intervenants ont mis l’accent sur la question de l’inclusion financière des femmes surtout et de leur résilience économique.

L’apport inconditionnel des femmes  à l’économie haïtienne ne manque jamais d’être souligné dans les débats. Pourtant, la BRH ne s’est pas arrêtée à ce seul aspect. C’est ainsi que la situation économique des femmes rurales a été  au centre des travaux. La parole n’avait pas encore été laissée aux panels que  la question de l’inclusion financière des femmes a été soulevée par Nathalie Lamothe, de l’Unité de l’inclusion financière de la BRH. « L’inclusion financière peut contribuer à l’expansion des activités du secteur privé et à relancer l’économie », introduit-elle. Elle continue pour dire que cela entraînerait des résultats positifs comme l’amélioration de la qualité de vie des citoyens,  l’encouragement de la lutte pour l’égalité,  la croissance inclusive et  l’augmentation de la richesse.

Si l’inclusion financière vise à rendre les services financiers plus accessibles, les données montrent cependant que la balance n’est pas très équilibrée entre les hommes et les femmes, entre le milieu urbain et le milieu rural. En effet, sur une population de 7,67 millions d’habitants de plus de 15 ans, 80% sont concentrés dans le milieu urbain et seulement 20% sont répartis dans les zones rurales. « Il faut que des efforts soient faits dans le sens d’un rééquilibrage », souligne Nathalie Lamothe. Elle avance dans son intervention  en mentionnant que seulement 54% de la population sont inclus financièrement et parmi eux, 11% seulement détiennent un compte bancaire, contre 26% ayant accès à d’autres institutions formelles.

Sur cette même population, 51% sont des femmes. Pourtant, les chiffres concernant l’accès financier sont favorables aux hommes : 45% d’hommes sont exclus financièrement, contre 47% de femmes. Le milieu rural n’est pas épargné  par l’exclusion. Quoiqu’il représente seulement 20% de la population, 57% ne sont pas inclus financièrement tandis que le milieu urbain compte 44% d’exclus. « 75% des femmes n’épargnent pas », souligne la représentante de l’Unité de l’inclusion financière de la BRH. Selon elle, le même schéma se reproduit pour l’utilisation de la monnaie électronique : 52% d’hommes et 48% de femmes l’utilisent. Seulement 9% le font dans le milieu rural.

Entreprenariat féminin, outil de résilience en milieu rural

Le panel suivant a surtout mis l’accent sur la contribution de l’entreprenariat au féminin, dans la résilience économique du milieu rural. Mme Nadège Beauvil, de l’ONU-Femme, qui animait ce panel, a jugé bon de préciser que la résilience réfère à la façon de remonter la pente après un choc. Pour elle, il n’y a pas lieu de parler d’inclusion financière sans renforcer les femmes, au regard de ce que les femmes représentent, particulièrement celles qui évoluent dans le milieu rural.

Selon Corinne Sanon, cofondatrice de Askanya chocolaterie, son entreprise travaillerait avec plus de 3000 planteurs, dont 30% sont des femmes. Cette entreprise permettrait à ces planteurs de s’assurer qu’ils vendront leurs produits et gagneront ainsi de l’argent pour assurer leur survie.

Ce panel a aussi été l’occasion pour deux vendeuses du marché touristique du Cap-Haïtien de partager les difficultés qu’elles  rencontrent avec la baisse du tourisme. « Nous n’avons pas de touristes, et nous n’avons pas d’autres moyens de subsistance », déclare l’une d’elles. Aussi, affirme-t-elle qu’il est difficile pour les vendeurs de gagner leur vie alors que certains d’entre eux ont une famille à entretenir. « Ceux qui m’ont précédée m’ont affirmé que quelqu’un se trouvant dans le secteur touristique ne devrait pas avoir faim, pourtant, c’est nous qui avons plus faim actuellement », déplore-t-elle. Selon ces vendeuses, la COVID-19 a beaucoup frappé le secteur touristique.

Une journée qui a pointé du doigt les difficultés rencontrées par les femmes et leur grand courage pour s’en sortir et tenter d’impacter l’économie haïtienne.

Ketsia Sara DESPEIGNES

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