La violence des gangs entrave le bon fonctionnement de nombreuses institutions vitales en Haïti. L’Hôpital Universitaire de Mirebalais (HUM), un des derniers remparts sanitaires du pays, est à l’arrêt suite aux attaques des civils armés dans la commune. Cette situation alarmante révèle une crise sanitaire profonde qui menace un effondrement total.
Plusieurs structures médicales à travers le pays sont paralysées ou, ont dû fermer leurs portes, à cause l’accélération du cycle de la violence des groupes armés. L’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti (HUEH), un établissement majeur, est fermé depuis février 2024, et une tentative de réouverture s’est soldée par un drame. À Mirebalais, l’hôpital universitaire, qui dispose de 300 lits et d’infrastructures importantes comme 6 salles d’opération et des unités de soins intensifs, est aujourd’hui à l’arrêt à cause des attaques de gangs.
La commune de Mirebalais est plongée dans un chaos sans précédent, avec les gangs armés de la coalition « Viv Ansanm » qui dominent la zone, forçant des milliers de résidents à fuir. Cette paralysie ne touche pas uniquement Mirebalais. L’hôpital La Paix à Port-au-Prince est submergé et offre des services réduits. Médecins Sans Frontières (MSF) a dû suspendre ses activités dans plusieurs centres, dont le centre d’urgence de Turgeau et l’hôpital de traumatologie de Carrefour, en raison de l’aggravation de l’insécurité et d’attaques ciblées. MSF, qui représentait un dernier recours pour de nombreux blessés, femmes enceintes et enfants, a déjà réduit ses opérations dans d’autres zones.
Des conséquences désastreuses pour la population
La fermeture ou la paralysie de ces établissements a des conséquences dramatiques pour la population haïtienne. À Mirebalais, environ 300 patients incapables de se déplacer ont dû être transférés vers d’autres hôpitaux voisins entre le 31 mars et le 3 avril 2025. Les hôpitaux qui reçoivent tous ces patients sont débordés et manquent déjà d’équipements spécialisés.
En réaction à ces attaques brutales, l’ONG Zanmi Lasante, qui assure le fonctionnement de l’hôpital de Mirebalais, a lancé une alerte criante sur son compte X : « Les attaques brutales contre Mirebalais menacent l’un des hôpitaux les plus essentiels d’Haïti. Si Mirebalais tombe, le système de santé haïtien risque de s’effondrer. Des centaines de milliers de personnes seront privées de soins vitaux. Le monde doit agir maintenant ».
Cette situation alarmante souligne l’urgence d’une intervention pour rétablir la sécurité et permettre aux institutions de santé de reprendre leurs activités essentielles. La violence des gangs ne se contente pas de semer la terreur, elle détruit les fondations mêmes de la société haïtienne, à commencer par sa capacité à soigner sa population.
Face à cette situation critique, des mesures concrètes doivent être prises d’urgence pour éviter l’effondrement total du système de santé haïtien :
Sécurisation des zones touchées : Les autorités doivent intervenir avec fermeté pour rétablir l’ordre et permettre aux institutions de santé de fonctionner en sécurité. Le renforcement des forces de l’ordre et une réponse coordonnée sont essentiels.
Protection des infrastructures de santé : Les hôpitaux et les centres de santé doivent être protégés des attaques et de la violence des gangs. Des mesures de sécurité renforcées sont nécessaires pour garantir l’accès aux soins.
Soutien aux hôpitaux débordés : Les établissements de santé qui continuent de fonctionner, souvent au-delà de leurs capacités, ont besoin d’un soutien accru en termes de personnel, d’équipements et de fournitures médicales.
Inauguré en 2013 en partenariat avec Zanmi Lasante/Partners in Healt, l’HUM fonctionne sous la tutelle du MSPP. Cet hôpital accueillait en moyenne 850 patients par jour et réalisait 250 accouchements par mois. La perte d’une telle institution serait une catastrophe pour le pays.
Marie-Alla Clerville