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Le vent de la mobilisation populaire contre l’insécurité a de nouveau soufflé sur Port-au-Prince

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Une grande première sous l’administration d’Ariel Henry, le mardi 29 mars 2022, la capitale d’Haïti ainsi que d’autres grandes villes du pays ont été le théâtre d’une longue marche contre l’insécurité, la vie chère, et la mauvaise gouvernance des dirigeants actuels.

Hormis les récentes sorties et protestations ouvrières revendiquant une revue à la hausse des salaires minima, le Gouvernement de facto que dirige le Premier Ministre Ariel Henry a pu pendant huit mois demeurer à la tête de l’État sans rencontrer une grande opposition. Toutes les institutions de contrôle sont à genoux, et tous ceux qui, jadis, se positionnaient comme les porte-voix des plus défavorisés, sont aujourd’hui les alliés du pouvoir en place, le feu de la mobilisation populaire était pratiquement éteint. 

Depuis près d’un mois, des organisations et personnalités de la société civile, ainsi que certains politiques en désaccord avec le gouvernement actuel avaient annoncé une grande marche contre l’insécurité. L’idée a gagné un peu plus de terrain chaque jour. Sans avoir en face de lui une figure d’opposition organisée, le Gouvernement de fait issu de l’accord du 11 septembre a pratiqué une politique du « laisser-aller » face aux différents phénomènes qui mettent à mal la société haïtienne. Pour les organisateurs de cette marche du 29 mars à Port-au-Prince, qui s’est déroulée sans heurts et de manière pacifique, l’événement a été annonciateur d’un bon début pour la reprise des mobilisations, et une alerte contre les mauvaises pratiques politiques du régime actuel. 

Une journée sombre à Port-au-Prince

Aux yeux de plus d’un, les manifestations dans les rues de Port-au-Prince sont souvent le synonymes d’une situation d’émeute. Après les épisodes de « peyi lòk » en 2019 où les contestations  ont atteint un seuil de violence exagéré, paralysant totalement tout le pays pendant des semaines, les manifestations de rues semblent provoquer un sentiment de peur chez plus d’un. 

Le mardi 29 mars 2022 a mis en scène la peur que créent les mouvements de foule au sein de la population métropolitaine. Les portes des écoles de la capitale ainsi que la plupart des espaces universitaires étaient fermés, le transport public a chômé, de même qu’une large majorité des entreprises du secteur privé se trouvant dans les rues de Delmas et de Port-au-Prince. Les récentes manifestations ouvrières ont été en effet la scène de multiples tragédies, d’actes de brutalité et de montée des tensions entre les manifestants et certains agents des forces de l’ordre. 

Au bilan de cette marche du 29 mars 2022, des milliers de citoyens ont participé à la marche, et on n’a eu à déplorer aucun blessé ni aucun mort à Port-au-Prince, contrairement aux précédentes. Ainsi, Jean-Robert Argant, l’un des initiateurs de la marche, s’est dit satisfait de son bon déroulement, et a félicité la population de s’être déplacée massivement pour manifester contre un phénomène qui met à genoux la société tout entière. 

Aux Cayes, un avion incendié

Si à Port-au-Prince la marche s’est déroulée de manière pacifique, dans la métropole du Sud, ce fut différent. En effet, réclamant une solution gouvernementale au problème des gangs armés qui empêche la circulation à la sortie sud de la capitale haïtienne, coupant ainsi toute la région méridionale du reste du pays, les manifestants ont tenté de prendre d’assaut l’aéroport Antoine Simon des Cayes. Au bilan, un avion a été incendié, une personne a trouvé la mort et d’autres ont été blessées alors que des agents de police tentaient de rétablir l’ordre.

D’un autre côté, le mercredi 30 mars, une nouvelle marche qui a eu lieu à Port-au-Prince contre l’insécurité s’est soldée par une attaque armée contre l’ancien Député Arnel Bélizaire. L’ancien parlementaire a été atteint de quatre projectiles. Pour le Secteur démocratique et populaire, il s’agit d’un acte anti-démocratique, et les responsables doivent être traduits en justices. « Nous condamnons énergiquement cet acte, ce n’est pas ça la voie de la démocratie. Nous restons comme toujours solidaires de l’ex-Député tout en demandant l’ouverture d’une enquête sérieuse hors de toute utilisation politique qui peut empêcher que lumière soit faite sur ce dossier », a écrit sur son compte Twitter l’ex-Sénateur Nenel Cassy.

Par ailleurs, faut-il souligner que le Commissaire du gouvernement de Port-au-Prince, Jacques Lafontant, a ordonné l’ouverture d’une enquête sur cet acte crapuleux. De l’enquête sur l’assassinat du Bâtonnier de l’ordre des avocats de Port-au-Prince, Me Monferrier Dorval, en passant par celui qui fut le 58e Président d’Haïti, Jovenel Moïse, pour ne citer que celles-là, les investigations sont toujours dans l’impasse.

Clovesky A.-G. PIERRE

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