L’épargne nationale est mise au service de l’oligarchie prédatrice, selon Eddy Labossiere

Si dans d’autres pays, l’épargne nationale est utilisée pour accorder du crédit sans exclusion, en Haïti elle sert à alimenter un crédit réservé et octroyé exclusivement à l’élite prédatrice, regrette le président de l’association haïtienne des économistes, Eddy Labossière.

 C’est une dérive à laquelle l’actuelle génération doit remédier, estime le spécialiste en économie qui réagissait aux informations communiquées par le gouverneur de la banque de la République d’Haïti (BRH) relatives à la baisse enregistrée dans l’octroi des crédits et aux sanctions frappant deux institutions bancaires de la place.

L’économiste, Eddy Labossière fustige l’attitude des responsables de banques qui, sous le regard passif des autorités, accordent du crédit issu de l’épargne nationale uniquement aux membres de la classe possédante au mépris du principe d’inclusion financière. “ Je comprends pas pourquoi les autorités Haïtiennes de 1987 à 2020 ont laissé se développer en Haïti un système bancaire qui capte l’épargne nationale pour la mettre au service d’une oligarchie prédatrice ou d’un très petit groupe d’individus”, a-t-il écrit sur son compte twitter.

L’économiste qui plaide en faveur de l’inclusion financière dans le pays soutient que l’octroi de crédits est crucial pour le développement économique d’un pays. “ Sans crédit il n’y a pas d’investissement, pas de croissance économique et pas de développement économique non plus”, a-t-il signalé.

En vue d’étayer sa thèse, Eddy Labossière évoque le cas de nos voisins où le système bancaire adopte une tout autre attitude. ”En République Dominicaine l’épargne nationale est utilisée pour donner du crédit sans exclusion financière”, a-t-il indiqué.

Selon M. Labossière, il est temps de changer cette situation qui prévaut depuis plus de 3 décennies. “La génération présente doit corriger cette anomalie, cette dérive pour mettre une fin à l’exclusion financière pratiquée par le système bancaire Haïtien”, a conclu l’économiste quelques après les déclarations de l’actuel gouverneur de la BRH, Jean Baden Dubois, concernant la baisse des crédits constaté dans le système bancaire.

En effet, au cours d’une rencontre avec la presse hier mercredi, Jean Baden Dubois, a  fait état d’une diminution significative au niveau du crédit accordé par les banques comparativement à l’année écoulée.  «Tandis que 40% du montant des dépôts avait servi à financer du crédit l’année dernière, seulement 34% est utilisé en 2020 », a confié, le gouverneur de la banque des banques. M. Dubois déplore que depuis 10 ans, c’est la première fois que le porte-feuille de crédit a autant diminué dans le système bancaire haïtien.

Lors de cette intervention également, M. Dubois, a fait savoir que la BRH a frappé d’une pénalité de 865, 4 millions de gourdes la Unibank et d’une amende de 4 millions de gourdes, la Capital Bank. Et ce, pour avoir violé le cursus de régulation de la banque centrale, a-t-il avancé sans toutefois fournir des détails autour des manquements relevés au niveau des institutions bancaires concernées.              

« La BRH a pris la décision de réguler le système des changes afin d’avoir le pouvoir de coercition »,  a déclaré, Jean Baden Dubois rappelant que l’institution qu’il dirige est le régulateur. Aussi, prévient-il, en cas de violation du cursus de régulation clairement identifiée à l’occasion des  inspections sur place ou sur pièces, les pénalités seront appliquées correctement.

Marc Andris Saint-Lous