À travers un document du « Security Council Report », le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, tire la sonnette d’alarme sur les attaques perpétrées par des gangs dans la capitale haïtienne, accentuant la pression sur des quartiers auparavant sûrs, faisant craindre un « effondrement imminent » de la présence de l’État. Le document a aussi mis en lumière les tentatives des gangs d’étendre leur contrôle au-delà de Port-au-Prince.
L’offensive des bandes armées sur Port-au-Prince fait craindre le pire en ce qui a trait à l’avenir d’Haïti. Et de plus, selon le secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies (ONU) Antonio Guterres, la Police Nationale d’Haïti ( PNH) n’a pas réussi à contenir l’expansion des gangs. « Sans un soutien sécuritaire supplémentaire de la communauté internationale, les perspectives sont sombres », souligne M. Guterres dans un document publié le 17 avril 2025 sur le site « Security council report » (https://www.securitycouncilreport.org/whatsinblue/2025/04/haiti-briefing-and-consultations-14.phprapport).
Selon le rapport du Secrétaire général de l’ONU, entre décembre 2024 et février, le Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti ( BINUH) a recensé 2 660 victimes d’homicides volontaires, dont 323 femmes, 19 filles et 55 garçons. « Cela représente une augmentation de 41,3 % du nombre de victimes par rapport à la période précédente, de septembre à novembre 2024», a-t-on révélé.
En ce qui concerne la situation politique actuelle du pays, M. Guterres souligne que les élections sont essentielles pour mettre fin à la longue transition politique en Haïti. Toutefois, dit-il, « sans une amélioration significative de la sécurité, aucune assistance électorale internationale ne sera suffisante pour permettre la tenue du référendum constitutionnel et des élections générales en 2025 ».
Du nouveau sur la mission multinationale de soutien à la sécurité (MSS)?
Il est à rappeler que sous l’administration de l’ancien Président Joe Biden, les États-Unis avaient soutenu la création d’une telle mission et, avec l’Équateur, alors membre du Conseil – corédacteurs du Conseil pour Haïti à l’époque –, ont présenté un projet de résolution qui aurait demandé au Secrétaire général de commencer à planifier la transformation de la mission MSS en une opération de maintien de la paix de l’ONU. Cependant, dans une lettre envoyée aux membres du Conseil de Sécurité de l’ONU le 24 février, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a souligné que la transformation de la mission multinationale de soutien à la sécurité (MSS) dirigée par le Kenya en une opération de maintien de la paix n’était « pas une option envisageable » à l’heure actuelle. « Ce projet de résolution a finalement été abandonné, cependant, suite à l’opposition de la Chine et de la Russie, qui ont cité l’histoire mouvementée des précédentes opérations de maintien de la paix de l’ONU en Haïti, entre autres réserves», a-t-on fait savoir à travers le document.
Au lieu d’une opération de maintien de la paix de l’ONU, révèle ce document, le Secrétaire général a recommandé, entre autres, la création d’un Bureau d’appui des Nations Unies chargé de fournir un soutien logistique et opérationnel complet à la MSS, notamment en matière d’hébergement, de capacités médicales, de mobilité et de technologies de l’information. « Les contributions obligatoires du budget de maintien de la paix de l’ONU couvriraient ce soutien, tandis que des contributions volontaires accrues des États membres de l’ONU couvriraient les formes de soutien à la mission MSS que l’ONU ne peut pas fournir, telles que les allocations, les capacités de niveau militaire et le matériel létal», peut-on lire dans ce document.
En outre, précise-t-on, la lettre du secrétaire général de l’ONU proposait que le Bureau d’appui des Nations Unies fournisse « un ensemble limité de soutien non létal » à la Police Nationale d’Haïti ( PNH), financé principalement par des contributions volontaires. De plus, « le Secrétaire général a également proposé la création d’un groupe permanent d’États membres chargé de fournir à la mission MSS « une orientation stratégique, une supervision et un processus décisionnel », avec pour fonctions clés la recherche de financements volontaires»
Le Conseil de sécurité de son côté n’a pas encore examiné la proposition contenue dans la lettre du Secrétaire général, a-t-on révélé. « Il semble que la position de l’administration du Président américain Donald Trump sur l’aide à la sécurité en Haïti reste floue. Les informations faisant état d’un éventuel projet américain de réduire le financement de l’ONU, y compris des missions de maintien de la paix, ont accru l’incertitude. Toutefois, il est possible, affirme-t-on à travers ce document, que les membres du Conseil entament des délibérations sur la réponse à apporter à la lettre du Secrétaire général lors des consultations à huis clos prévues après la réunion d’information de lundi 21 avril 2025.
La réunion du lundi 21 avril 2025
Lors de la réunion d’information de lundi, les membres du Conseil devraient exprimer leur inquiétude face à la violence incontrôlée et à la détérioration rapide de la situation sécuritaire en Haït, a-t-on appris. « Nombre d’entre eux devraient réitérer la nécessité pour la communauté internationale et le Conseil de sécurité d’agir. Plusieurs membres pourraient souligner l’importance de renforcer la présence de l’ONU en Haïti et appeler à un soutien supplémentaire pour les autorités haïtiennes afin de rétablir la stabilité et pour que la mission MSS puisse s’acquitter de son mandat. D’autres membres pourraient rappeler l’inefficacité des précédentes initiatives de soutien à la paix de l’ONU en Haïti et exhorter les autorités haïtiennes et la communauté internationale à se concentrer sur la résolution des causes profondes de la crise dans le pays», a-t-on poursuivi.
Par ailleurs, il importe de rappeler que selon le journal américain Miami Herald, les gangs haïtiens et les individus qui les financent et les arment pourraient bientôt se retrouver qualifiés de « terroristes » et emprisonnés dans la tristement célèbre prison à sécurité maximale du Salvador, le même établissement dans lequel l’administration Trump envoie des membres présumés du Tren de Aragua du Venezuela.
Jackson Junior RINVIL
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