Les autorités vont-elles assister Carrefour-Feuilles tombé dans la liste des « territoires perdus » ?
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Des individus armés ont pris d’assaut certains quartiers à Carrefour-Feuilles et ont provoqué le déplacement forcé d’environ 3.000 personnes si l’on en croit le Centre d’Analyse et de Recherche en Droits de l’Homme (CARDH). Les appels de détresse ne cessent d’être lancés, mais la Police Nationale d’Haïti peine à reprendre le contrôle de ces zones en dépit des opérations en cours. Ce qui laisse plus d’un très sceptique.
Depuis plusieurs jours, certains quartiers de Carrefour-Feuilles ont été pris d’assaut par des individus armés. Des gens de tout âge ont été contraints de fuir leur maison. En plus des maisons qui ont été détruites, des pertes en vies humaines ont été enregistrées. En dépit de cette situation chaotique, les forces de sécurité nationale peinent à venir en aide à la population. À en croire le jeune artiste engagé Mackenley Fidjy Fanastil, lors d’une interview accordée à Le Quotidien News le 26 août 2023, ce qui se passe à Carrefour-Feuilles est planifié.
Les autorités de l’État ne prouvent pas seulement qu’elles sont impuissantes face à la situation de terreur qui existe à Carrefour-Feuilles, dit-il, mais on peut également les considérer comme des complices. « Elles avaient la possibilité d’empêcher cette situation chaotique depuis les premières attaques orchestrées par les bandes armées sur la population de Carrefour-Feuilles. Elles ont préféré fermer les yeux. Ce qui se passe à Carrefour-Feuilles a été planifié », martèle le rappeur engagé vivant à Carrefour-Feuilles.
Selon M. Fanastil, il y a de cela plusieurs mois depuis que les habitants de Carrefour-Feuilles criaient à l’aide auprès des autorités concernées parce qu’ils se sentaient menacés par des individus armés qui, à maintes reprises, ont essayé de prendre le contrôle de Savane Pistache. « Les autorités n’ont rien fait malheureusement pour empêcher le pire. Aujourd’hui, nombreuses sont les personnes qui ont été tuées par les bandes armées. Certaines d’entre elles ont été décapitées et carbonisées. D’autres ont été obligées de laisser la zone pour trouver un endroit où elles pourront se réfugier », a-t-il expliqué en précisant que les bandes armées veulent conquérir plus de territoire. « Carrefour-Feuilles est une zone stratégique, les bandes armées veulent l’avoir à tout prix », a-t-il expliqué.
Que fait la PNH ?
Après les nombreux appels de détresse lancés par les habitants à l’endroit des autorités gouvernementales, la Police Nationale d’Haïti essaie timidement de se manifester. Ainsi, elle indique que les opérations vont se poursuivre à Carrefour-Feuilles afin de permettre à la population de retourner chez elle et de reprendre ses activités. D’après l’institution policière, les unités spécialisées comme SWAT, BRI, UTAG, UDMO, CIMO ont été mobilisées le 26 août afin de mettre hors d’état de nuire les individus armés attaquant Carrefour-feuilles. Selon la PNH, plusieurs de ces individus ont été tués après des échanges de tirs. Malgré ce semblant d’effort de la PNH, la population civile reste encore dans le doute.
Vague de violences à Carrefour-Feuilles : 3.000 déplacés internes, selon le CARDH !
Plusieurs jours après la recrudescence de la violence des gangs à Carrefour-Feuilles (13 août 2023), le Centre d’Analyse et de Recherche en Droits de l’Homme (CARDH), dans un rapport rendu public le 21 août 2023, affirme qu’aucune intervention n’a été faite au lycée de Carrefour-Feuilles, principal site logeant près de 3.000 déplacés internes, dont 189 enfants (13 nourrissons) ; 208 personnes âgées ; quatre handicapés, trois malades mentaux, dont un dans un état grave. « Suite aux attaques des gangs de Gran Ravin et de ses alliés contre cinq des vingt-cinq quartiers de Carrefour-Feuilles, 31 morts, dont 13 personnes brûlées vives et 8 disparus, ont été dénombrés (bilan actualisé) », selon le CARDH.
Visite sur les sites
Le CARDH a fait une première évaluation dans cinq des 20 sites logeant les déplacés internes, précise-t-on. Selon l’organisation des droits humains, ces derniers vivent dans une situation très critique, malgré des interventions de certaines instances étatiques et humanitaires. « Le CARDH lance un cri d’alarme afin que ces instances fassent une meilleure coordination sur le terrain, identifient les besoins particuliers de chaque site et y fassent des interventions d’urgence efficaces répondant aux besoins des déplacés qui ont le droit de vivre dans la dignité, pilier essentiel des droits de l’Homme et de la Charte des Nations Unies », exige le CARDH.
Parmi les sites où sont les logés les habitants de Carrefour-Feuilles, à en croire le CARDH, on trouve le Gymnasium Vincent, l’école municipale Carl Brouard, le Collège Leclerc Tertullien et le Ciné El Dorado. « Ils sont environ 2000 déplacés internes, près de 500 enfants », précise le Centre.
Le Gymnasium Vincent, où les déplacés internes sont logés dans la cour, semble être le site bénéficiant de la plus grande attention. Plusieurs instances étatiques et organisations humanitaires y ont intervenu, explique le CARDH soulignant toutefois que les déplacés ont des besoins urgents et que les autres sites semblent être jetés aux oubliettes.
Que doit faire l’État ?
D’après le CARDH, l’État doit mettre en place un plan de relèvement économique et social d’urgence pour les personnes déplacées. « Le Ministère de l’Education Nationale et de la Formation Professionnelle doit tenir compte des enfants des déplacés par rapport à la réouverture des classes prévue pour le 11 septembre 2023 », a-t-il conclu.
Jackson Junior RINVIL
