Les Haïtiens au théâtre de l’absurde
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Au départ de la Minustah en Haïti, après 15 ans de relaxation dans l’île et 4 milliards et demi de dollars dépensés, j’avais écrit que certains vont faire flèche de tout bois pour les revoir d’une façon ou d’une autre. Nous voilà exactement en affaires. C’est à mourir de plaisir. Les bénéficiaires, les arrangeurs, les maîtres d’orchestres ne font jamais dans la dentelle, pourvu que la corruption rassure. L’aiguille de leur cynisme est dans le rouge!
Il y a eu beaucoup de valse-hésitation, mais tout cela n’est que de la frime pour brouiller les pistes. Déclarons-le haut et fort, Haïti est un satellite des USA. Ces derniers débarquent au pays comme dans leur moulin et quand le cœur leur en dit. Ils choisissent présidents et premiers ministres à leur guise, simplement en claquant les doigts. Les quelques rares fois où ce privilège leur avait échappé, c’était le bordel assuré.
À preuve, aujourd’hui plusieurs avions-cargos vont et viennent dans le ciel d’Haïti, sans que personne ne s’interroge. Les loustics de la rue colportent qu’ils sont en train de construire une base à Tabarre. Nul n’est ému. On ne pose jamais de question à son blanc, dans ce coin de terre, de crainte de perdre la mama!
Cependant, la crise sociétale qui handicape l’île devient insupportable pour la majorité. Plusieurs citoyens ont pris la fuite à l’étranger. Cette situation commence à énerver les pays d’accueil à l’approche des élections américaines de novembre 2024. Donc, l’heure est venue de mettre les pendules à l’heure.
Selon ma prédiction, une fois les policiers kenyans débarqués en Haïti, ce sera la farandole, et le théâtre débutera.
Plaçons les acteurs! Le président Biden espère que la paix revienne instantanément sans effusion de sang pour ne laisser aucune emprise à son coriace adversaire, Donald Trump. William Ruto, le dirigeant du Kenya, rêve de remplacer Antonio Guterres à titre de 10e Secrétaire-Général de l’ONU. Il s’attend à un coup de pouce de Biden. D’ailleurs, il vient d’être invité à un dîner d’État à la Maison-Blanche. Une promotion étoilée.
Sur les ondes de la chaîne télé France 24, Leslie Voltaire eut à déclarer que les policiers kenyans n’attaqueront point les gangs, sauf en cas de légitime défense. Le lendemain, William Ruto du Kenya, opina dans le sens contraire de notre apprenti président « à Zip ». Lequel des deux oiseaux de malheur chante vrai? Je sais, comme pour les gars de la Minustah, les Kenyans vont arriver en Haïti pour mener la belle vie, faire valser nos princesses et par ricochet, certains princes, manger les mangues sucrées du pays. Ce serait pour les valeureux Africains des vacances 4 étoiles!
Ce qu’il faut garder à l’esprit, c’est la conversation de Mme Ruto, de passage aux États-Unis, qui profita de l’occasion pour effectuer un p’tit coucou à Jimmy Chérizier, alias Barbecue. Quelle conclusion tirer de ce feuilleton animé?
C’est là que tout Haïti sera invité au théâtre de l’absurde. Une fois arrivés, le contingent kenyan et les autres seront reçus comme des petits rois. Aucun coup de feu ne sera entendu. BBQ et ses amis vont vraiment « vivre ensemble » dans la sainte harmonie, en attendant de récolter les millions promis par Madame Ruto pour arroser tout le monde, à condition que la paix virtuelle espérée se métamorphose dans la glaise du réel jusqu’à la fin des vacances des gentils kenyans.
Toutes les armes seront muettes comme par enchantement. D’ailleurs, le Premier ministre Gary Conille, déjà en réserve dans les poches du Core Group, vient d’être nommé selon les mêmes formalités courantes et habituelles.
Tous les gangs seront amnistiés. Riches à craquer, convertis en notables respectables, on trouvera les Izo, les BBQ, les Ti-Lapli et compagnie, la semaine dans leur entreprise et les week-ends au bord de leur piscine, entourés d’une ribambelle d’anges tombés du ciel et la vie se déroulera comme sur du papier à musique.
Toutes les victimes du passé seront considérées comme des dommages collatéraux et les bonnes affaires continueront comme à l’accoutumée. La justice ne sera qu’une chimère. Ce sera la fin de la pièce. Baissez les rideaux et applaudissez SVP!
Max Dorismond
