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L’accord du 3 avril 2024 a prôné une transition de rupture. Une nouvelle gouvernance pour sortir Haïti du pétrin.  Il a donné naissance à un Conseil présidentiel vicié à la base et, prévoit d’autres structures en vue de pallier la crise et de restructurer les institutions au travers des élections libres, honnêtes,  transparentes et démocratiques.

Une balise importante a été mise sans pouvoir produire grand effet sur le long terme.  Il s’agit de l’interdiction faite aux conseillers de participer aux futures joutes électorales. Les signataires de l’accord avaient voulu éviter que les membres de cette transition soient à la fois juges et parties. Qu’ils gagnent à la fois le beurre et l’argent du beurre.

En réalité cette précaution n’est pas si intelligente que ça (si vraiment c’était ça l’intention). Cette mesure ferme, certes, la porte à Edgard Leblanc Fils, Louis Gerald Gilles et consorts mais, laisse la voie libre aux structures qu’ils représentent. Les hommes ne seront pas aux élections mais, leurs structures, oui. Indirectement, les structures représentées au Conseil vont faire les mises en place à leur propre élection.

Tout est fonction de notre perception de la politique. C’est une vache à lait. Un espace pour expérimenter tous les coups. Une occasion de s’enrichir. Un exercice à travers lequel on n’a aucun compte à rendre à personne. La politique dans notre tête c’est de tout faire pour devenir riche. La politique c’est d’ignorer le peuple, la mettre en supplice pour satisfaire ses intérêts mesquins. La politique c’est tout, sauf rendre compte. Sauf administrer la nation.

Faire de la politique en Haïti c’est d’empêcher le renouvellement du personnel politique. C’est de consolider les éternels experts en administration catastrophique des affaires de l’État. C’est de renouveler les voyous à tout bout de champ. C’est de donner accès aux imposteurs de voyager sans arrêt. D’aller saluer les autres Présidents de la région genoux à terre. De souiller la fierté nationale dans les rencontres internationales. Les hommes politiques haïtiens sont des omnipotents et des omniprésents. Certains ont survécu depuis la chute des Duvalier.

Tous se déclarent démocrates sans jamais apprécier la logique des élections. Ils sont inamovibles dans la direction des structures dont ils sont membres. Ils ne parlent que de dialogue et de consensus. Ils sont là pour faire du chantage à ceux qui sont au pouvoir. On dirait que toutes les structures politiques haïtiennes ne sont faites que pour bloquer le cours des choses et négocier des miettes. L’insatiable secteur privé entre dans le jeu. Le bloc dit société civile également. 

Garry Conille avec toute sa bonne foi est loin de faire cette rupture tant souhaitée. D’ailleurs, il fait lui aussi partie du  »deal ». Il était là en 2011 et il revient à force de ne pouvoir essayer d’autres choses. De fait, les opportunistes de tout acabit s’activent pour le partage du gâteau. Certains noms qui ont déjà passé dans l’administration de l’État commencent à raisonner fort. Des Ministres n’ayant jamais accompli de grande chose durant des années peuvent être reconduits. Et, c’est normal puisqu’il s’agit d’une transition où chaque structure veut se positionner.

À quand l’avènement d’une nouvelle classe politique? Pourquoi cette transition de rupture ressusciterait-elle autant de fantômes politiques? Que doit-on espérer d’un Ministre (ou d’autres cadres) qui a conquis son poste à l’aide d’un  »deal » politique? Rappelons-nous que tout flatteur vit au dépens de celui qui l’écoute et qu’on est censé redevable envers nos bienfaiteurs. Dans de telles circonstances, les meilleurs choix c’est de donner des jobs et, les candidats idéaux sont ceux qui ont de l’expertise en échec: les bons serviteurs des maîtres. Bon recyclage et  bonne chance à vous!

Daniel SÉVÈRE 

danielsevere1984@gmail

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