Les points forts et faibles du plan de relance économique post covid-19
4 min readCertains économistes ont présenté, lundi dernier, les points forts et les faiblesses du plan de relance économique Post Covid (PREPOC 2020-2023) lancé récemment par le gouvernement haïtien. Selon ces économistes, la mise en place de ce document est une tres bonne chose pour le pays.
Dans le cadre de la célébration de son 3e anniversaire, l’association haïtienne des journalistes économiques pour le développement durable (AHJEDD) a organisé, le lundi 18 janvier 2021, dans les locaux du Group Croissance S.A, une conférence débat autour du plan de relance économique Post Covid-19 (PREPOC 2020-2023) lancé le 11 janvier 2021 par le gouvernement en place.
Dans son intervention, le directeur général du budget, Jean Michel Silin a laissé entendre que le plan de relance économique post covid est considéré comme étant une réponse articulée et méthodique pour corriger les contraintes structurelles et améliorer les conditions de vie de la population haïtienne. « C’est un plan qui vise à porter des réponses aux crises successives qu’a connues le pays pendant ces trois dernières années. Ce plan est un cadre opérationnel des actions stratégiques et urgentes à mettre en œuvre pour remettre rapidement l’économie sur le sentier de la croissance, redresser les finances publiques et répondre aux besoins sociaux », a indiqué M. Silin.
Plus loin, il a fait savoir que le PREPOC a pour objectifde créer d’au moins 69 000 emplois dans l’économie. Toujours, selon lui, le gouvernement haïtien table sur une croissance économique autour de 3% en moyenne durant 2020-2023. Cet objectif devrait être atteint en mettant tout en branle pour encourager la création de 40 000 emplois dans le secteur textile et initier un programme d’insertion professionnelle de 13 000 jeunes universitaires diplômés dans des institutions publiques et privées. Par ailleurs, M. Silin a mentionné que le plan de relance économique Post Covid vise une baisse d’inflation jusqu’à 13% au cours de la troisième année de son exécution.
Pour sa part, le jeune économiste Enomy Germain a fait ressortir les points forts et faibles de ce plan. Pour lui, ce document a une importance capitale pour le pays. « Je pense que l’idéemêmed’avoir pensé à un document pour relancer l’économieaprès la Covid-19, c’est une bonne chose. Le cadre institutionnel même de ce document est, pour moi, un peu très différent des documents élaborés par le pays dans le passé », a soutenu l’économiste, soulignant que, dans les années intérieures, c’est la communauté internationale qui a rédigé des documents pour le pays. Le plan de relance économique post covid est l’œuvre des institutions haïtiennes. «Il ya ce que j’appelle une addition des idées dans le cadre de l’élaboration du PREPOC», pense Enomy Germain.
En outre, il a indiqué que les objectifs de PREPOC sont bien définis.Car, avance-t-il, les deux grands objectifs majeurs de ce document, à savoir: stabiliser le cadre macroéconomique du payset relancer la croissance économique du pays-, respectent les différents critères pour parler de politique économique. La croissance économique, la stabilisation des prix à travers l’inflation, la question de la création d’emplois et la stratégie d’exportation sont, entre autres, les différents points abordés dans le plan de relance économique Post Covid. Pour M. Enomy, ces points-là sont des piliers importants d’une politique économique.
L’économiste Riphard Sérant abonde dans le même sens. Pour lui, l’élaboration de ce plan visant à relancer l’économie nationale est une très bonne initiative. Par contre, il a reconnu qu’il y a des risques sociologiques pouvant empêcher ce plan d’aboutir aux résultats escomptés. « Aucun pays ne peut réussir un plan de relance économique s’il se trouve dans une situation d’instabilité politique. L’instabilité politique est l’un des handicaps majeurs à la croissance économique. Il y a le climat d’insécurité qui peut avoir des effets négatifs sur les secteurs économiques »,déclare-t-il.
Les points faibles du plan de relance Post Covid-19
Au cours de son intervention, M. Germain se montre pessimiste sur le taux de croissance visé par le gouvernement haïtien dans le document. « Je doute du réalisme du PREPOC qui prévoit une croissance moyenne de 3%. Si, dans le document, il est prévu une croissance de 2,4% pour la première année du plan, selon la Banque mondiale, le taux de croissance ne devrait pas dépasser 1,4%. En ce qui concerne l’inflation, le document est encore très ambitieux en projetant de faire baisser le taux d’inflation à environ 10% d’ici 2023 quand on sait que le problème de change existe toujours », a déclaré l’économiste.
Plus loin, il a indiqué que le document prévoit aussi la diversification et la transformation structurelle de l’économie, ce qui parait impossible au bout de trois ans. « Le financement du PREPOC parait hypothétique à cause de ce besoin de financement chiffré à hauteur de 157,9 milliards de gourdes. Il y a aussi un déphasage entre l’agenda politique et le PREPOC », a fait remarquer Enomy Germain.
Il importe de souligner que le budget du PREPOC est estimé à 347,9 milliards de gourdes. Un montant de 190 milliards de gourdes est déjà disponible pour l’exécution de ce plan.
Cluford Dubois