Les résultats et indicateurs de performance du système bancaire
5 min readL’analyse des données disponibles sur le système bancaire au mois de mai 2021 a fait ressortir une évolution favorable de la rentabilité bancaire et du résultat net du système. L’actif du système a crû de 7,4 % par rapport au 31 mars 2021, atteignant 477,6 milliards de gourdes au mois de mai 2021. Cette hausse de l’actif est supportée principalement par la progression simultanée des disponibilités (8 %), des autres placements (+9,7 %) et du portefeuille net de prêts (+10 %). Cet accroissement du portefeuille net de prêts s’explique par une hausse de 10 % des prêts en devises converties, lesquels se sont établis à 57,5 milliards de gourdes au mois de mai 2021 contre 52,2 milliards de gourdes au 31 mars 2021.
Du côté des ressources du système, une augmentation des dépôts a été observée portant le total à 383,9 milliards de gourdes au 31 mai 2021 contre 357 milliards au 31 mars 2021, ce qui correspond à une hausse de 7,5 % sur la période sous étude. Cette progression des dépôts est imputable à la croissance enregistrée au niveau de toutes ses catégories dont les dépôts à vue (+6,7 %), ceux d’épargne (+8,8 %) et à terme (+7,5 %). Conséquemment, le ratio « Prêts bruts/Dépôts totaux », un indicateur d’intermédiation bancaire, s’est établi à 34,8 % au mois de mai 2021 contre 34,2 % au mois mars 2021, soit une baisse de 60 points de base.
D’octobre 2020 à mai 2021, le système bancaire a généré un produit net bancaire (PNB) totalisant environ 17,7 milliards de gourdes contre 16,4 milliards au cours de la même période de l’exercice 2019- 20, soit une progression de 7,9 %. Cette hausse du PNB résulte de la bonne performance des « autres revenus » (+25,2 %), en dépit du fait que les revenus nets d’intérêt aient chuté de 5 % sur la même période. Le bénéfice net cumulé sur la période a crû de 17,4 %, atteignant 5,3 milliards de gourdes. Cette évolution est subséquente à la bonne tenue du produit net bancaire par rapport aux dépenses d’exploitation, lesquelles se sont fixées à 10,2 milliards.
En ce qui concerne les ratios financiers clés du système bancaire, les données au mois de mai 2021 tablent sur une détérioration de la qualité de l’actif, en témoigne l’évolution du coefficient d’arrérage. En effet, le ratio « prêts improductifs en pourcentage des prêts bruts », qui est le principal indicateur de la qualité de l’actif, a atteint 7,61 % contre 7,12 % au 31 mars 2021. De même, le ratio « provisions pour créances douteuses en pourcentage des prêts improductifs » a chuté de 8,8 points de pourcentage, passant à 73,03 % contre 81,82 % entre mars et mai 2021. Ceci traduit un déficit d’approvisionnement des institutions bancaires en cas de défaut de paiements des débiteurs à risque.
S’agissant de la structure financière, un léger recul a été constaté par rapport à la fin du deuxième trimestre de l’exercice en cours avec une baisse du poids de l’avoir des actionnaires dans l’actif. En effet, l’assise financière du système est passée de 8,4 % au mois de mars 2021 à 8 % au mois de mai 2021. Par ailleurs, le ratio dépôts en pourcentage de l’actif, qui s’était fixé à 80,3 % en mars 2021, est resté quasiment stable pour atteindre 80,4 % au mois de mai 2021.
Du côté des ratios de rentabilité du système bancaire, une hausse a pu être observée en glissement annuel. En effet, le rendement de l’actif (ROA), sur une base cumulée d’octobre 2020 à mai 2021, s’est établi à 1,87 % contre 1,57 % au cours de la même période de l’exercice précédent. Parallèlement, le rendement des fonds propres (ROE) s’est également amélioré en variation annuelle se fixant à 21,88 % contre 19,80 %.
Pour sa part, le rendement moyen des prêts productifs sur une base cumulée depuis octobre 2020 a connu une légère détérioration, passant à 9,71 % contre 10,58 % sur la même période de l’année antérieure. Parallèlement, la rémunération moyenne des dépôts a également chuté, s’établissant à 0,87 % en termes cumulés d’octobre 2020 à mai 2021 contre 1,22 % sur la même période un an auparavant. Au cours du 3ème trimestre de l’exercice 2020-2021, les anticipations négatives alimentées par la dégradation du climat sécuritaire dans le pays ont renforcé la demande de dollars pour des motifs de précaution. Celle-ci s’est reflétée dans l’évolution à la hausse de la dollarisation du système bancaire au regard de l’analyse des différents ratios retenus pour mesurer ce phénomène. Ainsi, le ratio des « dépôts en devises converties en pourcentage des dépôts totaux » est passé de 60,14 % en mars à 63,23 % au mois de mai 2021. De son côté, celui du « portefeuille de prêts nets en devises converties en pourcentage des prêts nets totaux » a augmenté de 2 points de base en se fixant à 45,51 % en mai 2021. En ce qui a trait à l’actif en devises converties, il représentait 52,4 % au mois de mars 2021 contre 54,5 % en mai 2021, soit une hausse de 210 points de base.
L’analyse des opérations d’intermédiation financière en monnaie locale a fait état d’une évolution à la hausse des taux d’intérêt au cours du trimestre sous revue. En effet, les taux d’intérêt sur les prêts en gourdes se sont établis en moyenne à 13,1 % au troisième trimestre 2021 contre 12,67 % au deuxième trimestre de l’exercice en cours, soit une hausse de 50 points de base. Parallèlement, les taux d’intérêt moyens sur les dépôts à terme (DAT) se sont inscrits à 2,9 % sur le troisième trimestre 2020-2021 contre 2,77 % au trimestre précédent. Ainsi, le spread d’intermédiation financière a augmenté, passant de 9,90 % en moyenne au deuxième trimestre 2021 à 10,27 % au troisième trimestre de l’exercice en cours.
S’agissant des opérations en devises, les taux d’intérêt moyens ont évolué à la baisse. Ceux sur les prêts se sont fixés à 11,39 % en mai 2021 contre 11,67 % deux mois auparavant précédent alors que ceux sur les DAT ont chuté de 17 points de base pour atteindre à 1,47 % à la fin de mai 2021. De même, la marge d’intermédiation sur les opérations en dollars a diminué, s’établissant à 9,93 % au troisième trimestre contre 10,03 % au trimestre antérieur, ce qui correspond à une baisse de 10 points de base.
Source BRH