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Les sanctions à l’encontre des gangs armés font l’unanimité au Conseil de Sécurité des Nations Unies

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Ce vendredi 21 octobre 2022, la 9159e séance du Conseil de Sécurité des Nations Unies a encore mis la question d’Haïti à l’ordre du jour. Malgré un vote à l’unanimité des quinze pays membres du Conseil, des doutes planent encore sur l’efficacité des régimes de sanction.

Embargo sur les armes, sanctions internationales à l’encontre des chefs de gangs en Haïti et ceux qui les soutiennent ou qui leur fournissent des armes, tels ont été les points à l’ordre du jour lors des réunions  des lundi 17 et vendredi 21 octobre 2022 au Conseil de Sécurité des Nations Unies. Suite à deux projets de Résolutions préparés par Washington et Mexico lors de la première réunion, l’une concernant les régimes de sanctions et l’autre concernant une mission internationale d’assistance à la sécurité, le Conseil de Sécurité a voté à l’unanimité en faveur de la première.

Pour le Représentant permanent de la République d’Haïti à l’ONU, Antonio Rodrigue, cette résolution 2653 est un pas important dans la bonne direction. « Il ne fait aucun doute que ces mesures contribueront à mettre un terme aux activités violentes et meurtrières de ces groupes armés dans le pays, qui font de nombreuses victimes et des déplacements massifs de la population », a-t-il déclaré ce vendredi.

Par ailleurs, le diplomate a souligné une nouvelle fois que la Police Nationale est dépassée par les événements, et que les appuis techniques à l’institution ne seront pas suffisants. Selon lui, « l’appui robuste » de militaires étrangers est la meilleure solution, et la situation est urgente. « Ma délégation tient à souligner que nous sommes dans une course contre la montre car il s’agit d’un pays qui s’enfonce chaque jour davantage dans le gouffre de la violence de l’insécurité », a-t-il précisé.

Washington et Mexico à l’avant-poste concernant Haïti

Si les États-Unis et le Mexique s’opposent sur de nombreux sujets, ils semblent aujourd’hui s’unir sur le dossier concernant Haïti. À l’initiative des projets de Résolutions concernant la crise sécuritaire et humanitaire dans le pays, ils semblent convaincus du bien-fondé des régimes de sanctions et de l’intervention militaire afin, disent-ils, de permettre l’acheminement de l’aide humanitaire. Au cours de cette réunion du 21 octobre, le Mexique a plaidé en faveur d’un embargo sur les armes, un prérequis des moins négligeables selon lui. « Le trafic d’armes est un fléau pour de nombreux pays, et c’est un fléau contre lequel nous devons lutter ».

De son côté, l’Ambassadrice des États-Unis à l’ONU, Linda-Thomas Greenfield croit important de préciser les sanctions à l’encontre des gangs et de ceux qui les soutiennent. « Les sanctions sont plus efficaces lorsqu’elles sont précises et lorsqu’elles ciblent les fauteurs de troubles et qu’elles permettent à l’aide humanitaire d’atteindre les populations civiles », a-t-elle déclaré. Pour elle, les chefs de gangs inscrits sur la liste des sanctions doivent faire l’objet d’un suivi régulier pour mesurer l’impact des dites sanctions.

La Chine et la Russie votent oui, mais ne sont pas convaincus

La République Populaire de Chine et la Fédération de Russie, quoiqu’ayant voté en faveur de la résolution 2653, restent sceptiques concernant l’efficacité des régimes de sanctions à l’encontre des fauteurs de troubles. « Nous avons toujours demandé à faire preuve de retenue et de prudence dans l’utilisation des régimes de sanctions quelle que soit la situation internationale. Mais étant donné l’urgence de la situation actuelle en Haïti et l’appel lancé par ce peuple et ce gouvernement, nous avons été les premiers favorables à ce qu’un régime de sanctions précis soit mis en place à l’encontre des gangs haïtiens », a déclaré le représentant de Pékin.

De son côté, le représentant de la délégation russe s’est dit content que les auteurs de la Résolution aient pris le soin de ralentir leurs « empressements et impositions de dates butoirs artificielles ». Selon lui, Moscou appuie le document, mais n’est pas convaincu que cette Résolution soit la réponse adéquate. « Malgré l’appui apporté au document, nous ne sommes pas convaincus que les mesures de restrictions internationales seront la réponse adéquate aux nombreux problèmes que rencontre Haïti. Une solution à long terme, d’une façon ou d’une autre, devra tenir compte d’un processus politique inclusif, du développement socio-économique, de l’éradication de la pauvreté et des inégalités », a-t-il fait savoir lors de cette réunion.

« Nous espérons que Washington et le Mexique, en présentant ce régime de sanctions au Conseil de Sécurité, ont tenu compte des avis des acteurs de la région. Beaucoup de ces derniers, franchement, subissent également la pression des groupes terroristes autant que Haïti. Et les États-Unis, à ce sujet, n’appartiennent pas à une liste blanche », a-t-il poursuivi. Pour le diplomate russe, d’autres acteurs de la Caraïbe sont concernés par la question du trafic d’armes, et ils ne doivent pas être épargnés par les sanctions.

Par ailleurs, il estime que la meilleure option réside dans le renforcement des institutions haïtiennes. « Il convient absolument de renforcer les institutions de l’État du pays sans imposer des mesures de l’extérieur qui caractérisent en fait presque toute son histoire contemporaine », a proposé le diplomate russe.

Clovesky André-Gérald PIERRE

cloveskypierre1@gmail.com

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