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L’heure de la remise en question

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Les États-Unis viennent d’investir et d’installer leur 46ème Président de leur histoire et continue de respecter scrupuleusement leurs lois et les principes démocratiques qui les caractérisent. Nous autres, en Haïti, nous nous enfonçons de jour en jour dans une abyssale politique à n’en point finir, accusant sans relâche la communauté internationale d’être la cause profonde de notre incapacité de discuter.

Donald Trump est parti, et ce n’est pas dans une ambiance cordiale. Colère, dénonciation, la passation du pouvoir s’est réalisée comme prévue. La communauté haïtienne d’Haïti particulièrement, ne cesse d’espérer une amélioration dans la politique extérieure des USA vis-à-vis d’Haïti. Et c’est dans cette optique que les militants de l’opposition ont conduit une manifestation en direction de l’ambassade américaine, le 20 janvier 2021.

L’objectif est clair : les Américains doivent cesser de soutenir Jovenel Moïse dans ses agissements inconstitutionnels et déréglés. Pour les opposants politiques, la nation a rejeté le locataire du Palais national alors que les USA, en superpuissance, n’arrête pas de cracher sur la volonté du peuple et les principes démocratiques dont ils prétendent en être les gardiens.

En dépit de ce qui peut être vrai dans tout ça, une réalité s’impose à nous, en l’occurrence : on ne fait pas preuve de sérieux. À l’interne, on nourrit les coups bas, on multiplie les trahisons, on banalise l’esprit du consensus, on ignore l’esprit d’équipe et on attend que l’incontournable Blanc vous encense et incrimine l’autre. La force de pression doit être se constituer d’abord à l’interne et ensuite espérer l’aide des autres pays.

Au regard, principalement des deux années écoulées, on ressent la volonté manifeste du Chef de l’État de ne pas composer avec l’opposition malgré ses simulacres. Tout porte à croire que sa mésaventure avec Jean Henry Céant en est pour beaucoup mais, ce n’est pas une raison pour se fermer hermétiquement à un sacrifice qui n’est pas de trop.

Il en est de même pour l’opposition politique qui n’arrive pas à dégager l’énergie nécessaire capable de construire le nouveau départ. Si l’on reproche à Jovenel Moïse de ne pas vouloir composer, au sein de ce bloc politique, il n’y a non plus cette volonté. Et, c’est l’obstacle majeur qui entrave la légitimité de cette opposition. On est dans une sorte de pêche au gros poisson. Tous les acteurs tendent leur filet attendant que l’importante proie (les USA) se laisse capturer.

De retour à notre appréciation géopolitique, cette euphorie en faveur du nouveau régime américain ne va rien chambarder. La politique américaine envers Haïti a toujours été difficile à cerner. Si nous autres, nous sommes incapables de cerner ce qui est réellement la politique, si on n’arrive toujours pas, après 217 ans d’indépendance, à comprendre que diriger, c’est protéger l’intérêt de la communauté, nous ne tarderons pas à être terriblement déçus de nos fausses croyances.

À moins de 15 jours de l’échéance, nous sommes face à un fait. Un 7 février pas comme les autres. On risque gros avec deux scénarios possibles : le prolongement du mandat de Jovenel Moïse (passage en force et inconstitutionnalité, selon l’opposition et la majorité des secteurs de la vie nationale) et des mobilisations qui s’annoncent sanglantes (référence aux appels à la désobéissance civile). Quel que soit le schéma, on va vers l’accentuation de la crise. En vue d’amortir cette débâcle communautaire, aucune volonté politique n’apparaît. En guise de réflexion approfondie, un camp mobilise ses troupes et part en pèlerinage devant l’ambassade américaine pour implorer la faveur de la providence Biden ; l’autre au contraire, mobilise la police et ses autres atouts afin de mater les militants qui appellent au respect de la Constitution.

Face à cette  situation, il est temps que nous comprenions que l’éternelle discorde nourrie au fil des ans ne nous a rien apporté, sinon, l’ingérence étrangère, la misère bleue, l’insécurité, l’instabilité politique, une économie en berne, entre autres. Il est aussi temps qu’on  recolle le tissu social haïtien et que l’on arrête d’espérer que d’autres pays viennent assumer notre responsabilité à notre place. De Washington à Biden, en passant par tous les autres qui ont dirigé cet État fédéral, ils se sont tous fixé un but commun : l’intérêt américain. Donc, ne nous faisons pas d’illusion, la position de Trump par rapport à Haïti visait à protéger l’intérêt  américain et, il en sera ainsi pour Biden et ses successeurs. Certes, il faut stimuler la communauté internationale, parce qu’on fonctionne en village mais, détrompons-nous, pensons que c’est l’intérêt américain avant tout. Définissons donc le nôtre.

Daniel Sévère

danielsevere1984@gmail.com

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