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L’intervention militaire ne fait pas l’unanimité à la CARICOM, le Canada enverra deux navires de sa marine royale en Haïti

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Du 15 au 17 février 2023, à Nassau dans les Bahamas, la CARICOM a tenu sa 44e Réunion ordinaire de la Conférence des Chefs de Gouvernement. Pour la délégation haïtienne conduite par le Dr Ariel Henry, c’était l’occasion de réclamer une énième fois l’assistance militaire, mais les dirigeants des Caraïbes renvoient la patate chaude aux puissances intéressées. Le Canada, l’un des pays invités, a annoncé  que deux navires de sa marine royale seront envoyés en Haïti pour surveiller les activités criminelles dans les prochaines semaines.

Il est vrai qu’au sommet des 20 dirigeants des Caraïbes, le principal ordre du jour devait concerner le CSME (Le marché unique caribéen), la sécurité alimentaire dans la région et le financement climatique, mais la sécurité en Haïti s’y est invitée. Pas possible d’y échapper, les États des Caraïbes sont les plus proches voisins d’Haïti. « En tant que voisins proches, les Bahamas sont soumises à de fortes pressions et de nombreux autres pays de notre région sont également fortement touchés », a déclaré Philip Edward Davis, Premier Ministre des Bahamas, pays hôte de ce sommet. « Nous en profiterons tous si Haïti redevient un État pleinement opérationnel », a-t-il poursuivi dans son discours lors de la cérémonie d’ouverture.

« Nous n’avons pas les ressources nécessaires », prévient Philip Edward Davis

Étant pour la plupart de très petits États insulaires, les pays de la CARICOM ne sont pas équipés, ni ne disposent de ressources leur permettant d’intervenir militairement sur le territoire haïtien, a fait savoir le Premier Ministre bahamien en conférence de presse le 14 février 2023. « Nous n’avons pas les ressources nécessaires pour régler nous-mêmes le problème d’Haïti et nous avons besoin d’une aide extérieure », a-t-il précisé. Selon lui, le trafic illicite qui alimente en armes et en munitions le territoire haïtien est en lien direct avec les puissances qui les fabriquent.

« Nous ne fabriquons pas d’armes et nous n’en exportons pas. Nous continuons de rappeler aux Américains que le droit de porter une arme, ce n’est pas, à notre avis, le droit d’en faire le trafic », a ajouté Philip Edward Davis. Pour lui, l’important c’est de trouver les voies d’une stabilisation pour que l’État Haïtien puisse s’en charger lui-même. « Ce que nous cherchons à faire, c’est de stabiliser suffisamment le pays pour permettre des élections libres et équitables, et le défi réside dans la voie pour y parvenir », a-t-il précisé à la conférence de presse.

Dr Carla N. Barnett, Secrétaire Générale de la CARICOM, elle aussi, s’est positionnée en faveur d’une solution haïtienne à la crise lors de ses allocutions ce 15 février à la cérémonie d’ouverture. « Nous poursuivrons nos efforts pour aider toutes les parties prenantes en Haïti afin d’assurer une résolution des crises par les Haïtiens ». « Nous devrons montrer la résilience et le courage du peuple haïtien, alors que nous nous efforçons de surmonter les défis et de faire avancer les initiatives pour améliorer la vie de tous les citoyens de notre communauté caribéenne », a-t-elle ajouté.

En effet, les « initiatives pour améliorer la vie » des citoyens de la Caraïbe étaient à l’ordre du jour, en particulier la sécurité alimentaire et nutritionnelle régionale. Pour l’organisation qui célèbre son 50e anniversaire cette année, l’occasion a été de discuter sur la production alimentaire et la sécurité alimentaire, à la lumière du dernier rapport de son groupe de travail ministériel. L’importation alimentaire, grand défi, est mise en cause par les États de la CARICOM qui peuvent désormais se vanter d’avoir atteint « 57% de l’objectif qui est de réduire de 25% la facture élevée des importations de la région d’ici 2025 ».

Le Canada s’y écarte encore plus

Le Canada et les États-Unis d’Amérique, étaient les invités spéciaux à cette 44e réunion ordinaire de la Conférence des Chefs de Gouvernement. Tandis que les services de la Primature annoncent que la rencontre entre le Dr Ariel Henry et Brian Nichols (assistant du Secrétaire d’État aux affaires de l’hémisphère occidental des États-Unis) a porté ses fruits, le Canada semble faire encore un pas en arrière quant à la solution d’une intervention militaire.

« Depuis trop de décennies, il y a eu une perception que c’était le Nord, les pays plus coloniaux qui essayaient de régler la situation en Haïti, sans énormément de succès. Je pense que nous reconnaissons à quel point le peuple haïtien doit être au centre de tout ce qu’ils sont en train de faire maintenant. Et les pays avoisinants des Caraïbes vont avoir un rôle important à jouer », a déclaré le Premier Ministre canadien Justin Trudeau le 15 février à Ottawa avant de s’envoler pour les Bahamas.

Cependant, le Canada entend faire des efforts, et enverra deux navires de sa marine royale dans « les prochaines semaines »  avec à leurs bords plus de 90 marins aux larges des côtes d’Haïti afin de surveiller les activités criminelles. « Nous savons que les éléments criminels deviennent de plus en plus sophistiqués et qu’un soutien accru est nécessaire pour mettre un terme à la circulation des drogues illicites, des armes et de la traite des personnes », a déclaré Justin Trudeau juste après sa rencontre avec le Dr Ariel Henry en marge de ce sommet.

Un communiqué du Gouvernement canadien datant du 16 février a rapporté que M. Trudeau « a annoncé un nouveau financement de 10 millions de dollars pour protéger les femmes et les enfants haïtiens le long de la frontière entre Haïti et la République dominicaine ». D’après M. Trudeau, « le Canada a imposé d’autres sanctions contre deux membres de l’élite haïtienne qui apportent un soutien financier ou opérationnel aux gangs et soumettent la population haïtienne à la violence ». Ces personnes sont, l’ex-Président provisoire haïtien Jocelerme Privert et l’ancien directeur de cabinet de l’ancien Premier Ministre, Laurent Lamothe, Me Salim Succar.

Le communiqué a aussi indiqué que « le Canada continuera de fournir un soutien pour renforcer la capacité de la Police nationale d’Haïti à faire face à la crise, notamment en livrant trois autres véhicules résistants aux mines et protégés contre les embuscades (RMPCE) achetés par Haïti ».

Clovesky André-Gérald PIERRE

cloveskypierre1@gmail.com

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