L’OEA adopte une nouvelle Résolution pour la restauration d’un climat de sécurité et la démocratie en Haïti
5 min readLa situation socio-sécuritaire en Haïti ne cesse de préoccuper la communauté internationale. Lors de la 53e session ordinaire de l’Assemblée Générale de l’OEA du 21 au 23 juin 2023, les États-membres ont adopté une Résolution en faveur de la restauration immédiate de la sécurité, du renforcement de l’aide humanitaire et du soutien à la protection des droits humains et de la démocratie en Haïti.
La route est longue pour le Gouvernement du Dr Ariel Henry qui souhaite un « accompagnement international robuste » pour les forces de la PNH, de la part de la communauté internationale. Plusieurs mois après, les réunions et les résolutions se multiplient, mais aucune action concrète n’est entreprise, si ce n’est l’établissement de régimes de sanctions contre certains leaders politiques. Des mesures que beaucoup jugent inefficaces. Lors de cette 53e session ordinaire de l’Organisation des États Américains, aux États-Unis d’Amérique, le Chancelier haïtien Jean Victor Généus a renouvelé une fois de plus l’appel du Gouvernement haïtien pour un appui international contre la violence qui règne en Haïti depuis des années.
« La pire forme de violation des droits de l’Homme et d’atteinte aux libertés demeure la présence depuis trop longtemps de groupes armés qui multiplient les cas d’enlèvements contre rançons, et commettent toutes formes d’abus et d’exactions contre la population, empêchant la libre circulation des individus et des biens, empêchant l’accès aux soins de santé, à l’éducation », a déclaré le Ministre Généus à Washington D.C. « Les conséquences graves de cette situation d’insécurité sont lourdes pour notre société. Elles tendent à remettre en question les conquêtes de ces dernières années en matière de respect des droits de l’Homme et du droit à la vie en particulier. De ce fait, toute initiative en faveur de la promotion et de la protection des égalités et la jouissance des droits des personnes dans mon pays doit prendre en considération la lutte contre ce fléau qu’est l’insécurité », a-t-il ajouté.
Pas d’élections sans rétablissement de la sécurité
Le retour à la normalité constitutionnelle ne semble pas être pour tout de suite, si l’on se réfère aux préoccupations du Gouvernement. Le retour à une situation de sécurité semble être un préalable pour le Gouvernement de M. Henry, un prérequis pour l’organisation des élections, alors que les gangs armés échappent de plus en plus au contrôle de l’État. « Le rétablissement de la sécurité demeure la priorité de l’heure », a déclaré le Chancelier devant les délégations des États membres de l’OEA cette semaine.
« Le Premier Ministre, Son Excellence Dr Ariel Henry, vient de renouveler la demande d’un accompagnement international robuste en faveur de la Police Nationale d’Haïti dans la lutte pour le rétablissement sans délai de la sécurité sur tous les points du territoire afin de faciliter la tenue dans des conditions acceptables des élections au cours desquelles le peuple aura à choisir de nouveaux responsables qui auront à présider aux affaires du pays », a-t-il ajouté.
Selon lui, la réalisation d’élections « libres, honnêtes, crédibles et démocratiques » comme on aime le dire en Haïti, requiert un certain niveau de sécurité. « La réalisation de ces élections suppose des conditions de sécurité adéquates sur le terrain, ce qui sous-entend la possibilité pour les candidats à tous les niveaux de s’exprimer librement et de circuler sans craintes pour rencontrer les éventuels électeurs. Il faut aussi la garantie que les gangs armés ne pourront pas perturber le déroulement du scrutin ».
Une ultime résolution ? Une crise qui n’en finit pas
L’escalade constante des problèmes dans la situation d’insécurité multidimensionnelle et les « appels accrus à une coopération continentale urgente pour soutenir le renforcement de la démocratie et la fourniture d’une aide humanitaire pour faire face à la grave insécurité alimentaire et à la forte inflation alimentaire que connaît le peuple haïtien », telles sont les raisons qui poussent l’Organisation des États Américains à adopter cette nouvelle Résolution. Après la Résolution 2982 (LII-O/22) adoptée lors de sa cinquante-deuxième Session ordinaire, c’est aujourd’hui la Résolution 3003 (LIII-O/23) qui réaffirme l’engagement de l’Organisation de renouveler son soutien à la sécurité et à l’aide humanitaire, des élections inclusives, libres, équitables et crédibles et à la transition démocratique en République d’Haïti.
Après celle créant le « Groupe de travail sur Haïti » en février dernier avec pour mandat de faciliter entre autres le soutien des États membres, des observateurs permanents et du Secrétariat général, cette nouvelle Résolution espère « faciliter une assistance technique immédiate à Haïti, pour la sécurité, la préservation et le renforcement de la démocratie représentative, la promotion et la protection des droits de l’Homme, pour l’aide humanitaire et pour des élections inclusives, libres, justes et crédibles, dès que les conditions le permettent », lit-on dans le texte de la Résolution 3007 de l’Assemblée Générale.
Les États-membres espèrent parvenir au renforcement institutionnel et à l’amélioration de la capacité opérationnelle de la PNH, en fournissant des équipements et une formation anti-gang et anti-enlèvement grâce à des contributions au programme conjoint pour la PNH, le Fonds commun des Nations Unies. À travers cette résolution, ils veulent aussi accroître les capacités de sécurité des frontières et des ports en Haïti, soutenir la mise en œuvre des dispositions de la Résolution 2653 du Conseil de sécurité des Nations Unies sur les sanctions et éliminer le trafic illégal d’armes à feu qui alimente les bandes armées.
L’acheminement de l’aide humanitaire en Haïti reste une préoccupation pour la communauté internationale. Cette Résolution vise également à « encourager tous les partenaires pertinents de la société civile, de l’OEA à soutenir les activités des ONG et autres entités humanitaires, y compris celles à caractère religieux, et en particulier les organisations locales en Haïti ». Aussi, cette Résolution invite les États-membres et les observateurs permanents à « constituer des fonds spécifiques pour la fourniture d’une assistance en matière de droits de l’Homme et pour le renforcement des élections et de la démocratie en Haïti, pour la mise en œuvre immédiate des activités qui ont été identifiées par le Groupe de travail sur Haïti, avec l’assistance technique du Secrétariat pour l’accès aux droits et à l’équité et le Secrétariat pour le renforcement de la démocratie ».
Clovesky André-Gérald PIERRE