L’ONU entre manque de volonté et mauvaise stratégie !
4 min readLe peuple haïtien, dommage, évolue dans l’illusion que la solution à ses problèmes sociopolitiques dépend de la communauté internationale. De ce fait, nos Gouvernements et nos dirigeants pensent que la seule instance à laquelle ils doivent des explications, c’est le Blanc. Une fois que les étrangers approuvent leur façon de faire, tout est parfait. Tout est sous contrôle. Globalement sous contrôle.
Les expériences récentes d’Haïti ne contredisent pas cette affirmation. C’est pour cette raison que le Chancelier haïtien, Jean Victor Généus, a sciemment menti au Conseil de Sécurité des Nations Unies, le 26 septembre dernier. C’est pour cela aussi que Jovenel Moïse avait affirmé faussement qu’il avait démantelé pas moins d’une soixantaine de groupes armés dans le pays.
Qui ne se rappelle pas de l’expérience de Michel Joseph Martelly dans l’affaire de la double nationalité ? Il avait fallu l’intervention de l’Ambassadeur américain de l’époque pour mettre tout le monde d’accord sur le fait que le Président est détenteur d’un seul passeport. Celui d’Haïti. Il faut aussi noter le talon d’Achille des politiciens haïtiens. La question de la révocation de visas.
En ce qui a trait à la gouvernance d’Haïti, personne ne peut négliger la force de la communauté internationale. On se rappelle du soutien inconditionnel de l’OEA à certains Gouvernements passés. Celui de Jovenel Moïse par exemple. On connaît aussi le rôle du BINUH et du CORE GROUP dans la mise en place de ce Gouvernement de fait. Qui ne se rappelle pas de la position controversée de la communauté internationale sur la fin du mandat de Jovenel Moïse. Des manœuvres soupçonnées des États-Unis dans l’organisation et le verdict des élections en Haïti ?
De toute évidence, le pays est en plein chaos. Le banditisme, l’insécurité alimentaire, la mauvaise gouvernance, les mouvements de protestation sont en train d’asphyxier la population. L’ONU essaie de prendre le pouls de la situation. Le Congrès américain également. Les Nations Unies qui échouent systématiquement en Haïti depuis 29 ans, font semblant de vouloir aider. Mais, pour quel résultat ? Est-ce pour reproduire les mêmes fiascos de toujours ?
Pour le moment, il n’y a pas eu de résolutions ni pour l’envoi d’une nouvelle mission de paix, ni pour une mission d’observation et de promotion. En juillet dernier, elle n’a fait que renforcer sa mission politique spéciale (à travers le BINUH) qui est une catastrophe. En 29 ans, cette organisation mondiale a envoyé dix missions dans le pays. Six d’entre elles visaient à maintenir la paix. Entre le 23 septembre 1993 et le 28 novembre 1997 quatre missions de Maintien de la paix sont venus en Haïti. La MINUJUSTH est la dernière en date (du 16 octobre 2017 au 15 octobre 2019) en remplacement de la MINUSTAH. On est toujours dans la même situation. On a même sombré davantage en dépit de la présence du BINUH depuis le 16 octobre 2019.
Les budgets de ces missions sont faramineux pour aucun résultat probant. Parallèlement, le Conseil de sécurité de l’ONU est en attente d’une réponse du Gouvernement haïtien sur les avancées en ce qui a trait au processus de dialogue inter-haïtien, le 17 octobre prochain. À la même date, l’exécutif doit produire un plan clair pour enclencher le processus électoral dans le pays. En partant du 30 septembre, il reste dix-sept jours pour que l’ONU constate enfin l’échec du BINUH et ses 29 ans d’inertie en Haïti. Dix-sept jours pour le Gouvernement haïtien de réaliser un exploit !
En attendant, les conséquences directes des résolutions de l’ONU concernant Haïti sont : le démantèlement des institutions régaliennes du pays. La corruption. La contrebande. La gangstérisation du territoire. Un taux d’inflation exponentiel. La dépréciation spectaculaire de la gourde. L’inconstitutionnalité. Des transitions à n’en plus finir. Une justice inexistante. Des massacres à récurrence. Une crise humanitaire en vue, etc. Dans la foulée, M. Généus assure l’ONU que la descente aux enfers est sous contrôle. Une annonce qui rappelle que le Premier Ministre de fait Henry avait nié, lui aussi, que le Parquet de Port-au-Prince était contrôlé par des gangs.
Daniel SÉVÈRE
danielsevere1984@user