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Lucien Jura : jurer des maux à demi-mots

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En attendant le deuxième tome des Témoignages de Lucien Jura, son livre Témoignages, Confidences ou Trahison dévoile des maux à demi-mots dans un langage bon enfant qui balbutie un dire de bon cœur sans approfondir vraiment le passé auquel il s’était associé.

En sortant de la vente signature de l’hôtel Caribe le samedi 28 novembre dernier, j’ai lu l’ouvrage d’une traite en cherchant malignement la trahison, pardon, les trahisons subies par l’ex-porte-parole de la présidence de Martelly sans en trouver les méandres.

Pourtant il y en a eu tellement de trahisons quand je le côtoyais comme Ministre de la Communication, que je reste ébahi devant un document béni oui qui raconte au pouvoir d’antan ce qu’il aimerait entendre, au point de présenter Martelly comme un « président méconnu », au risque de forcer un Pierre Raymond Dumas à froncer les sourcils.

LES ANECDOTES SE SUCCEDENT

Les anecdotes se succèdent notamment sur la nationalité américaine ou haïtienne de Martelly, son cafouillage en décembre 2014 après avoir ouvert la porte brutalement et demande(économique) de manière ingrate à Lamothe qui venait de lui apporter une solide majorité parlementaire, de quitter les lieux en vitesse.   

L’auteur jure pourtant par tous les dieux que le chef de l’Etat d’alors « passait maître ans l’art de l’affabilité et de la jovialité », que son chef de cabinet, Valery Milfort dcmontrait « un rare pragmatisme » et met en valeur, avec raison bien sûr, Sophia Martelly qui selon Jura jouissait  d’une «rare clairvoyance» (p.67) .

LE TEMPS DES COUTEAUX TIRES

J’ai lu aussi avec intérêt les pages succulents de 83 à 88 qui me sont consacrées sous le titre « Un Ministre incapable de s’entendre avec son secrétaire d Etat ». J’en ai ri puisque je crois que c’était le contraire. Jura parle de couteaux tirés.  Sur ce chapitre il a raison et ceci me rappelle mon arrière grand père, le président Lysius Salomon qui conserve encore dans sa tombe les couteaux tirés entre lui et le secrétaire d’Etat Damien Delva qui inventait sur lui toutes sortes de calomnies durant le gouvernement de Faustin Soulouque.

Il sut gérer ce secrétaire d’Etat devenu Ministre propagandiste après, et responsable de la chute du gouvernement, en utilisant, au nom de la cohésion, la même conciliation que Jura découvrit en moi.

Je tiens aussi à signaler que le Premier Ministre Joseph Joute, présent lors de la vente signature descend également de Mainville Joseph, le frère de Soulouque en personne.

C’est vrai que je faisais tout pour créer l’harmonie et obtenir la paix avec mon ancien étudiant devenu le pire ennemi que le président choisit pour me plomber les ailes et m’empêcher d’avancer. J’ai dû supplier Jura d’intervenir pour calmer son président et mon subalterne. Il préféra garder le silence et me laisser me débrouiller seul.

C’est le Premier Ministre Lamothe (je lui garde à ce sujet un souvenir ineffaçable) , qui avec autorité força Martelly à battre en retraite et qui dans la cour du Palais me fit comprendre avec émotion tout le respect qu’il professait à mon égard, empêchant une démission précipitée de ma part.  Il me recommanda d’avancer et j’ai continué la route jusqu’à souhaiter mon départ du cabinet ministériel, abandonnant tous les privilèges pour avoir enfin ma paix et conserver mes convictions professionnelles. Je fus remplacé par une femme que l’autre n’osait plus emmerder.

UN ITINERAIRE EN DENTS DE SCIES

Et j’ai suivi ensuite itinéraire en dents de scies de Lucien Jura qui voulait devenir député de l’Arcahaie en l’annonçant le 2 juin 2014 et qui connut aussi de véritables trahisons, au point d’être accusé à tort d’avoir fait saccager le bureau de Delices dont il est originaire avant d’être maladroitement écarté de la course sans que ses thuriféraires prennent leurs gants troués. Jura, hélas, n’en parle nulle part.

Ce livre si bien élevé n ‘enlève rien à l’esthete dont je n’ai jamais voulu doubler le travail comme porte-parole et lui non plus n’a point cherché à amoindrir mes positions éthiques contre toute propagande vis-à-vis du président ou du premier ministre, quand je préférais demander à tous les autres ministres de défendre leurs actions et résultats devant la presse qui voulait à tout prix avoir accès a l’information. Il restait égal à lui-même.

SAVOIR RIRE ET ARRETER DE RIRE

J’aimais beaucoup Joseph Lucien Jura, ce confrère que j’appelais partout Honorable Ambassadeur puisqu’il en avait au moins les qualités à mes yeux, d’abord celle du patriote sensible au développement de la diplomatie d’affaires, thème que je développais pour Haïti sous Lamothe et ensuite ce citoyen savait rire de lui-même sans se draper de l’illettrisme ambiant.

C’est vrai qui Joseph Lucien Jura   a arrêté de rire quand il découvrit comme candidat à la présidence, au conseil électoral le nom d’un parfait inconnu dénommé Stivern Wilbert lancé par le PHTK de Martelly comme si la présidence voulait faire une nouvelle fausse blague au pays. Selon Jura, des lors, d’autres dénonçaient la puérilité et le cretinisme politique du président, puis il vit arriver le candidat du parti Boucliers, pour la Mairie de Port de Paix, Jovenel Moïse comme le successeur de Martelly.

Ce descendant de Moise Louverture finit par chasser Jura du Palais, charcutant son passé et sa vision de porte-parole au profit d’une pléiade de jeunes femmes éduquées qui n’ont pas non plus fait long feu.

UN AUTRE OUBLI IMPARDONNABLE

Dans ce pensum a caractère universitaire, Jura oublie aussi de parler des pieds plats espagnols qui faisaient main basse sur le Palais, qui passaient des ordres à tout le monde criaient sur les Ministres et que moi je ne prenais point au sérieux. Ils pensaient avoir tous les droits parce que leur équipe au prix de mille stratégies avait obtenu par défaut l’élection du président haïtien.

Ministre a l’époque je refusais violemment de me soumettre à leurs diktats et je leur disais que je n’accepterai jamais que personne ne manque d’égards à Jura le symbole même de la ma patrie.

Il y a tellement de choses à dire que je préfère attendre un livre plus complet, avec cette fois des témoignages inédits, des confidences profondes et la lumière sur les drôles de trahisons parsemés jusqu’ a présent de non-dits . Je le jure, ce sera enfin justice.     

Par Ady Jean Gardy

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