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L’UEH est un des symboles les plus criants de l’impact de la violence aveugle, affirme le recteur Dieuseul Predelus

En présence même des autorités étatiques ayant pour responsabilité de garantir la sécurité des vies et des biens, le recteur de l’Université d’État d’Haïti (UEH),  Dieuseul Predelus, a plaidé pour la survie de l’UEH qui a des « moyens limités ». Selon le recteur, les onze entités de Port-au-Prince sont toutes touchées par l’insécurité galopante.

Déplacée de son site habituel, la célébration conjointe de la fête du drapeau et de l’Université s’est déroulée cette année au Cap-Haïtien. Ce déplacement témoigne de la crise multidimensionnelle que traverse le pays. C’est dans ce contexte que le recteur Dieuseul Predelus, élu en mars 2024, a prononcé un discours percutant devant une assemblée d’officiels, dont le coordonnateur du Conseil Présidentiel de Transition, Fritz Alphonse Jean, des membres du gouvernement et des représentants internationaux.

Le recteur Predelus a dépeint une nation en proie à une violence rampante depuis plus d’une décennie, créant des zones de non-droit, des enclaves de peur, de silence et de deuil. « Les communautés vulnérables ont été les premières touchées, arrachées à leurs maisons, massacrées, contraintes à l’exode, vivant désormais dans des camps précaires. Mais cette violence a franchi les murs et contaminé nos espaces autrefois sécurisés, affectant désormais l’élite. L’économie est sinistrée, paralysée par l’insécurité, l’inflation dévaste les foyers, et le chômage pulvérise les repères », déplore-t-il.

Selon le recteur, l’Université d’État d’Haïti est un symbole des plus criants de l’impact de cette violence aveugle. Les onze entités de Port-au-Prince sont toutes touchées, leurs structures « vandalisées, pillées, inaccessibles ». Des milliers d’étudiants et des centaines de personnels ne peuvent plus remplir leur mission. La Faculté de Linguistique Appliquée héberge des centaines de déplacés, tandis que le Rectorat cherche des solutions avec des moyens limités. La survie de l’UEH est un défi qui interpelle toute la société, indique-t-il.

Malgré ces défis, le nouveau Conseil Exécutif s’engage à restaurer ce lien brisé entre l’université et la société, un pacte rappelé par la double célébration depuis 1919. Le recteur insiste sur l’urgence d’intégrer stratégiquement l’Université dans la réflexion et la mise en œuvre des politiques publiques. « Des actions sont en cours pour relocaliser nos facultés qui sont sans adresse fixe, développer l’enseignement en ligne et décentraliser l’offre », a rassuré M. Predelus.

L’UEH se voit également confier la noble mission de coordonner le Comité National Haïtien de Restitution et Réparation (CNHRR) suite à la décision d’une commission mixte franco-haïtienne. « Notre ambition est de faire de ce comité une passerelle solide, un véritable pont entre Haïti et la France, d’abord pour garder de manière vivante la mémoire de l’esclavage, cette injustice historique à conséquences multiples. Ensuite, pour continuer le combat pour la restitution et la réparation de la double dette de l’indépendance », a-t-il affirmé.

Le choix du Cap-Haïtien pour cette célébration est un message fort de résilience, a déclaré le recteur Predelus, qui a lancé un appel solennel aux étudiants, en particulier ceux qui ont dû fuir. « Ne renoncez pas ! Vous êtes les bâtisseurs de demain, les garants de la mémoire et les artisans du renouveau. C’est à vous qu’il revient d’écrire la suite de notre histoire ». Le discours du recteur est un appel clair à la responsabilité collective et à l’espoir, soulignant le rôle crucial de l’UEH dans la reconstruction d’Haïti.

Marie-Alla Clerville

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