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L’UNNOH demande au Ministre Manigat de revenir sur certaines décisions qui doivent entrer en application dès la nouvelle année académique 2022-2023

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Dans une lettre, l’Union Nationale des Normaliens/nes d’Haïti (UNNOH), enjoint au Ministre de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle Nesmy Manigat de revenir sur certaines décisions afin de mieux les planifier, comme par exemple le fait de doter les deux premières années du 1er cycle de l’école fondamentale d’un manuel scolaire unique en créole, une mesure qui doit entrer en vigueur dès la réouverture des classes le 5 septembre 2022.

Le bureau exécutif de l’Union Nationale des Normaliens/nes d’Haïti (UNNOH), en publiant cette lettre, dit saisir l’occasion pour demander au ministre Nesmy Manigat, pour le plus grand bien des parents et des élèves issus des masses défavorisées, de bien vouloir revenir sur la décision d’éliminer, cette année même, les classes de septième année fondamentale au niveau des lycées du pays.  D’autre part, il sollicite la révision de la stratégie de réalisation du manuel scolaire unique en créole et réclame par ailleurs la résolution, au profit des enseignants/tes et autres personnels, avant la prochaine rentrée des classes, d’un certain nombre de problèmes qui ont déjà trop duré.

Eu égard à la fermeture des classes de 7e, 8e et 9e année fondamentale dans les lycées du pays, L’UNNOH estime qu’il s’agit d’une bonne décision, mais sa mise en application exige une certaine préparation. « Il convient de souligner que la décision de séparer le fondamental du secondaire renvoyant à une disposition inscrite dans la Réforme Bernard ne représente pas en soi un problème mais sa mise en application exige une certaine préparation. Dans cette perspective, il s’agit tout d’abord de mettre en place les écoles fondamentales complètes appelées à accueillir ces élèves qui ne seront plus désormais reçus dans les lycées […] la mise en place de ces écoles fondamentales complètes ne s’est pas encore véritablement concrétisée, sauf dans de rares cas, ce qui rend cette décision du MENFP présentement inopportune et pénalisante pour les parents et les élèves, en particulier ceux des classes défavorisées », souligne l’UNNOH dans sa  lettre portant, en guise d’authentification, la signature du professeur Josué Mérilien  en sa qualité de coordonnateur général.

Selon l’UNNOH, certains lycées comportent 10 à 12 classes de septième année fondamentale. «  Il est quasiment impossible de les transférer intégralement vers nos écoles nationales actuelles, lesquelles, dans la majorité des cas, ne disposent pas de locaux adéquats capables de recevoir le même effectif d’élèves accueilli habituellement par les lycées », peut-on lire dans la lettre. « Si, comme annoncé par le MENFP, les classes de septième année fondamentale sont fermées dès cette rentrée scolaire au niveau des lycées alors qu’il n’existe pas encore d’infrastructures d’écoles fondamentales complètes à même de recevoir l’effectif des élèves concernés, qu’adviendra-t-il ? Les conséquences sont prévisibles : nous aurons une masse d’élèves abandonnés du jour au lendemain sur la route de l’éducation sans espoir de trouver ailleurs la possibilité de poursuivre leur scolarité. Pire, l’opinion publique nationale devra constater que le droit à l’éducation de tous ces mineurs-es est en train d’être bafoué par l’État haïtien lui-même appelé pourtant à l’assurer suivant les prescrits constitutionnels (Art.132) », précise l’UNNOH.

Par ailleurs, L’UNNOH met en garde le ministre Manigat contre la mise en application d’une telle mesure car, dit-il, le moment n’est pas opportun de fermer cette année les classes de 7e année fondamentale dans les lycées. « Dans le cas contraire, ce serait, au nom d’une prétendue application de la Réforme Bernard, exclure un grand nombre d’élèves qui seront par la suite exposés à devenir des enfants soldats grossissant ainsi la bande des gangs armés qui tuent, massacrent et kidnappent », lit-on dans cette lettre.

Projet d’élaboration d’un manuel scolaire unique : la position de L’UNNOH

L’Union nationale des Normaliens/nes d’Haïti émet des réserves en ce qui concerne l’élaboration d’un manuel scolaire unique en créole mis en application dès la réouverture des classes prévue 5 septembre 2022. « La stratégie adoptée en vue de réaliser  le projet d’élaboration du manuel scolaire unique en créole, projet à notre sens intéressant, soulève un ensemble d’interrogations qu’il importe de considérer et de prendre en compte inévitablement pour assurer la réalisation du projet dans l’intérêt du pays en général et des différents acteurs du monde de l’éducation en particulier ». L’UNNOH  demande au Ministre Nesmy Manigat s’il a pris le soin de mettre le projet de manuel scolaire unique en créole suffisamment en débat, pour obtenir un minimum de consensus populaire ? « Est-il assez discuté et clarifié avant de passer à la phase  d’exécution » ?

L’Union des Normaliens/nes d’Haïti poursuit en questionnant le ministre Nesmy Manigat pour lui demander d’organiser plusieurs débats publics autour du manuel scolaire unique, un préalable important pour la réussite du projet et son appropriation par toutes les couches sociales. « Ce  projet peut-t-il avoir une chance de réussite en dehors d’une appropriation populaire suffisante ? Comment le peuple pourra-t-il se l’approprier et assurer par là sa réussite s’il n’est pas suffisamment éclairé sur ses objectifs fondamentaux ?», questionne L’UNNOH.

L’organisation se demande, de plus, si tous les titulaires des dix Directions départementales ont   déjà une maîtrise suffisante de ce projet de livre unique afin d’être à même de fournir des explications au public et au personnel enseignant de leurs départements géographiques respectifs.

Le manuel scolaire unique en créole va être réduit à  une simple traduction en créole des multiples manuels scolaires existants tels qu’ils sont avec leurs contenus, à bien des égards discutables, selon l’UNNOH.

 L’UNNOH attire aussi l’attention du titulaire du MENFP, sur le fait qu’il est urgent, avant la prochaine rentrée scolaire, de résoudre certains problèmes qui pourront entraver la rentrée scolaire de l’année 2022-2023. En particulier : «  Le problème de la nomination de tous/tes les enseignants/tes qualifiés/es et le paiement de tous les arriérés de salaire; celui du dysfonctionnement de la police d’assurance et du non-octroi jusqu’à présent de la carte de débit, carte  accordée aux autres fonctionnaires publics, sauf  à ceux du secteur éducatif ; celui de la remise tardive des chèques qui devaient être livrés le 25 de chaque mois… ».

La position du Professeur Yves ROBLIN                  

Concernant la stratégie de doter les enfants du 1er cycle de l’école fondamentale d’un manuel scolaire unique en créole, le professeur Yves estime que la démarche est noble. « Cela doit s’inscrire dans une démarche d’amélioration de la qualité de l’enseignement, dans laquelle le matériel didactique avec le livre unique scolaire joue un rôle essentiel », affirme-t-il en soulignant toutefois qu’on aurait dû prendre une année en impliquant davantage la structure Pôle-Appui/Direction Curriculum Qualité et la Direction de la planification du Ministère de l’éducation  pour une meilleure gestion de la stratégie du livre scolaire unique.

Selon le professeur, les mesures prises par le titulaire du MENFP s’inscrivent dans une démarche de bonne gouvernance. « Pour le manuel scolaire unique, il y a un déficit de consensus, en raison de la non-participation des acteurs de la communauté éducative, je veux parler des syndicats, des associations de parents d’élèves, y compris des éditeurs de la place pour ne citer que ceux-là. Cela suscite beaucoup de grogne », estime-t-il.

« Quant aux injonctions faites aux chefs des établissements publics d’accueillir des élèves de 7e, les parents modestes ne savent pas à quel saint se vouer à l’approche de la rentrée. Ils n’ont pas été informés à temps. Encore, je ne sais pas si le Ministre a une alternative à proposer à des familles ayant des enfants qui vont être en 7e année. Est-ce que le Ministère va  s’acheter des places assises dans le secteur non-public pour ces enfants en question ? Le ministre utilise beaucoup les media pour faire passer ses visions et en organisant des missions en province. En ce sens, il sensibilise la communauté sur les mesures arrêtées», se questionne-t-il en précisant que ces deux mesures vont changer complètement le paysage éducatif haïtien.

« Et je pense aussi que les enfants vont sortir avec des acquis de qualité pour poursuivre leur apprentissage dans d’autres classes. Il y aura moins de redoublements et moins d’abandons. Le ratio élèves-manuel va s’améliorer puisqu’il est question de faire des prêts de livre aux parents », pense-t-il.

Jackson Junior Rinvil

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