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L’utopie de la deuxième indépendance, le coronavirus en embuscade

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Tout le pays en parle. La deuxième indépendance doit être une réalité. Mais en ce qui a trait aux sacrifices nécessaires, personne ne se montre disposé à donner le ton. Un projet qui ne vit que dans les discours des acteurs.

La situation est chaotique en Haïti. Dans la rue, la sécurité n’est pas garantie. La PNH morcelée tente le minimum qu’elle peut. Parallèlement, des gens armés se réclamant du fantom 509 (un groupe de rebelles au sein de la PNH) qui exigent de meilleures conditions de travail défient le DGPNH et le ministère de la justice et de la sécurité publique (MJSP). Dès qu’ils sont dans les rues, ils saccagent tout, charriant derrière eux des incendies et des dommages regrettables. Quant à la population civile, elle s’empresse de rentrer à la maison pour se protéger.

À l’heure où nous sommes, Haïti projette l’image d’un pays abandonné à son sort. Un pays en détresse où la justice fait profil bas, l’exécutif se concentre sur ses intérêts mesquins, la police divisée corde et décorde en même temps. Bref, l’État est aux abonnés absents.

Tout porte à croire qu’on s’achemine vers un horizon inconnu. La justice n’est pas garantie. La sécurité n’est pas assurée. Le phénomène du kidnapping continue de plus belle. C’est comme si l’État perdait le contrôle du train qui fonce à sa vitesse maximale sans possibilité de s’arrêter.

Quasiment tout devient dysfonctionnel. L’éducation, la santé, la sécurité, la justice. Tout est délaissé au profit d’une conquête suicidaire pour le pouvoir. L’opposition veut montrer la voie alors qu’elle est incapable de se diriger elle-même. L’exécutif qui a saboté presque toutes les institutions au nom d’une réforme partisane, veut être partie prenante de cette deuxième indépendance. C’est la confusion totale dans le pays.

Parlant de deuxième révolution, il faut d’entrée de jeu identifier notre dépendance. De quoi sommes-nous dépendants ? Du système de l’exclusion, diraient les acteurs politiques. Des politiciens traditionnels et d’une frange de la bourgeoisie rapace, dirait l’exécutif. Du régime en place, d’une frange de la bourgeoisie et de la communauté internationale, dirait l’opposition. Chacun son modèle de système. Chacun a son système.

Donc la deuxième indépendance préconisée par les acteurs, c’est d’une part le départ de Jovenel Moïse du pouvoir (changement de système dans la loupe de l’opposition) et de l’autre la cohabitation politique ou la pacification de l’opposition (changement de système suivant l’objectif du pouvoir). Qu’on tienne compte de l’une ou de l’autre perception, on va continuer à tourner en rond puisqu’en effet ce sont encore les mêmes pratiques depuis 1987. Seul le discours a changé.

Pendant que les jusqu’au-boutistes se prennent la tête dans des querelles sectaires, la pandémie du coronavirus qui a joué l’arbitre en mars 2020 avance en catimini pour envahir à nouveau l’actualité. Elle est en nette progression depuis sa chute au cours de l’été dernier, mais les politiques semblent ne pas voir venir la catastrophe. Les anti-Jovenel parlent déjà d’une énième tentative du locataire du palais national d’entraver les prochaines mobilisations avant la date du 7 février 2021. Des mobilisations ?  Oui il en aura, au regard des multiples mésaventures de ce bloc politique et des conflits qui le dévorent.

 En attendant cette deuxième indépendance utopique, les politiques ont intérêt à surveiller à la loupe cette pandémie en passe de rebondir. Sera aussi l’occasion pour eux de se montrer nationalistes. Si vous voulez une deuxième révolution, messieurs les politiques, commencez par privilégier les intérêts populaires. De là viendra ce que vous dites désirer tant.

Daniel Sévère

danielsevere1984@gmail.com

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