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Martine Moïse, Claude Joseph et Léon Charles parmi les inculpés dans l’affaire de l’assassinat de Jovenel Moïse

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Jusqu’à aujourd’hui, justice n’a toujours pas été rendue à l’ancien Président Jovenel Moïse, assassiné en sa résidence privée en juillet 2021. Entretemps, ce drame a plongé la nation dans un état de choc et de confusion, révélant les profondes fissures politiques et sociales qui traversent le pays. Depuis, un grand nombre de grands commis de l’État, ainsi que des autorités policières sont présumés être impliqués dans son assassinat, y compris l’ex-première dame ainsi que certains de ses plus proches collaborateurs.

Une ordonnance émise par le juge d’instruction chargé de l’affaire a suscité de vifs débats dans l’espace public haïtien depuis sa publication, ainsi qu’une controverse, surtout avec les personnes impliquées. Le journal Ayibopost, ayant obtenu l’exclusivité, vient de publier l’ordonnance du juge d’instruction Walther Wesser Voltaire, en charge de l’instruction du dossier sur l’assassinat de l’ancien Président Jovenel Moïse, émis le 25 janvier 2024.

Claude Joseph veut se défendre

En effet, plusieurs personnalités politiques de premier plan ont été inculpées, dont l’ex-Premier Ministre Claude Joseph, accusé de complicité dans l’assassinat du Président Moïse. Cette décision a soulevé, du côté de l’ancien homme fort de la Primature, des questions sur la nature politique de l’enquête et les motivations sous-jacentes des inculpations. Il remet en question la crédibilité du processus judiciaire, suggérant qu’il pourrait être influencé par des considérations politiques plutôt que par une recherche de vérité et de justice.

Face aux accusations, le bureau de l’ancien Premier Ministre Claude Joseph a publié un communiqué cinglant, dénonçant ce qu’il considère comme une manipulation politiquement motivée de la justice. Selon le communiqué, l’ordonnance est qualifiée d’injuste et de politiquement partiale, visant à protéger d’autres responsables tout en accusant injustement Claude Joseph.

 « Si cette accusation ne résiste d’emblée à aucun examen de bon sens et participe plutôt d’une stratégie politico-judiciaire pour tenter d’inverser la présomption de culpabilité qui pèse lourdement sur Ariel Henry quant à son implication dans le drame du 7 juillet 2021, le Bureau de l’ancien Premier Ministre est davantage choqué par les motifs essentiellement politiciens et la pauvreté des indices ayant conduit le juge à retentir des surprenants faits de complicité à l’encontre de Monsieur Claude Joseph », lit-on dans un communiqué publié ce vendredi 23 février.

Léon Charles démissionne de l’OEA

En poste en tant que représentant permanent de la République d’Haïti à l’OEA quelques temps après l’assassinat de Jovenel Moïse, alors qu’il était lui-même Directeur Général de la PNH au moment des faits, Léon Charles vient de démissionner après qu’il a été inculpé par le Juge Voltaire. L’ex-DGPNH et ambassadeur, dans sa lettre de démission, dit être « mis en cause de manière absolument injuste et calomnieuse par l’ordonnance du juge d’instruction », et se dit déterminé « à combattre vigoureusement, par toutes les voies de droit, les accusations fantaisistes » portées à son encontre afin de faire reconnaître son « innocence » et laver son « honneur ».

L’ex-première dame dans le viseur

Demandant le rejet de la plainte avec constitution de partie civile de l’ex-Première Dame Martine Moïse déposée depuis le 6 octobre 2021, des témoignages et des indices laisseraient croire que des doutes planent sur son innocence. Dès ce 21 février, les avocats chargés de représenter l’ancienne Première Dame se sont rendus au Parquet près du Tribunal de Première Instance à Port-au-Prince en vue de confirmer l’ordonnance rendue par le juge Voltaire.

Deux jours avant cette visite, une correspondance du cabinet représentant l’intéressée a été envoyée au Commissaire du Gouvernement, Me Edler Guillaume, dénonçant une « incohérence temporelle » autour de cette ordonnance. « … il est de notoriété publique que le mandat du juge instructeur avait déjà expiré avant la dissémination sur les plateformes en ligne de cette prétendue ordonnance, dépourvue de toute authentification », lit-on dans cette correspondance.

Alors que l’enquête sur l’assassinat du Président Jovenel Moïse se poursuit, le pays est confronté à des défis monumentaux. La quête de vérité et de justice est essentielle pour la stabilité et la démocratie du pays, mais elle est entravée par un pouvoir judiciaire fragilisé par les pouvoirs politiques, des divisions profondes ainsi que des pressions externes. Dans un contexte où l’insécurité fait des morts par centaines, des victimes par milliers chaque année, l’absence d’un système judiciaire performant continue de peser sur le pays plongé de plus en plus dans le chaos.

Clovesky André-Gérald PIERRE

cloveskypierre1@gmail.com

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