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Migration: l’incertitude plane encore après le rétablissement de la date limite de février 2026 (TPS) pour les Haïtiens par un juge fédéral

Après la décision de l’administration Trump de mettre fin au programme « parole humanitaire » de l’ère Biden, des milliers de migrants se retrouvent sans statut légal, privés de permis de travail et menacés de déportation.  Ce 1ᵉʳ juillet 2025,le juge de districtaméricain Brian M. Cogan, a annulé la décision de l’administration Trump de raccourcir, à partir du 2 septembre, le Statut de Protection Temporaire (TPS) accordé aux Haïtiens.

Lancé en janvier 2023 par l’administration Biden, le programme CHNV Humanitarian Parole visait à offrir une protection temporaire à des migrants originaires de quatre pays : Haïti, Cuba, Nicaragua et Venezuela. Environ 500 000 bénéficiaires, dont plus de 110 000 Haïtiens, avaient été admis légalement après un processus de parrainage et de vérification rigoureux.

Le programme leur permettait de travailler légalement et de soutenir financièrement leurs proches restés en Haïti. Mais depuis avril 2025, la suspension du CHNV par le président Trump a plongé ces migrants dans une zone grise juridique, menaçant leur stabilité et leur avenir.

Vers des expulsions massives

Dans une déclaration diffusée le 21 mars 2025, la Haitian Bridge Alliance (HBA) a dénoncé la décision de l’administration Trump comme une « cruauté préméditée » et un acte de « nettoyage ethnique ». Selon l’organisation, cette mesure affectera des familles qui avaient “suivi les règles” et étaient intégrées dans la société américaine.

« C’est une guerre contre les pauvres, les Noirs et les Latino-américains qui ont osé chercher refuge », a déclaré Guerline Jozef, directrice exécutive de HBA.

Témoignages : stratégies de survie et désarroi

Face à cette réalité, de nombreux Haïtiens se retrouvent pris au piège et explorent des solutions, parfois désespérées.


Mariages par obligation

Pour certains, se marier à un citoyen américain est perçu comme une dernière chance. « Je n’ai jamais pensé que je devrais faire ça. Mais sans papiers, je risque la déportation. J’ai accepté un mariage arrangé juste pour rester », confie Marie-Ange, installée dans le New Jersey.

Fuite vers le Canada ou l’Amérique latine

D’autres prennent la fuite vers le nord pour demander l’asile au Canada, malgré les risques liés à la traversée de la frontière. « C’était dangereux, mais rester ici l’était encore plus. Au Canada, on espère avoir une chance », raconte Jean-Baptiste, rencontré à Montréal.

Certains optent pour le Mexique ou le Brésil, en quête d’une vie plus stable, bien que les conditions d’accueil y soient souvent précaires.

Blocage des transferts d’argent

La perte du statut légal affecte aussi la capacité des migrants à envoyer de l’argent en Haïti. Des agences comme Western Union exigent désormais des preuves de régularité. « Je ne peux plus transférer d’argent à ma mère. Elle est malade et dépendait de moi pour acheter ses médicaments », déplore Lucien, travailleur à Boston.

Une crise humanitaire et politique

Pour les organisations de défense des migrants, cette politique compromet non seulement la stabilité des familles, mais pourrait aussi entraîner une crise humanitaire. La Haitian Bridge Alliance appelle les élus américains à « prendre des mesures législatives » pour protéger les bénéficiaires du CHNV.

« Mettre fin à ce programme n’est pas seulement une marche arrière. C’est un choix délibéré de déchirer des familles et de criminaliser les personnes de couleur », conclut HBA.

Rappelons que l’administration Trump avait raccourci de six mois le Statut de Protection Temporaire (TPS) d’Haïti (soit le 2 septembre 2025, la date de fin). C’est environ un demi-million d’Haïtiens ou plus qui est concerné par cette décision. Le 1ᵉʳ juillet, le juge de district américain Brian M. Cogan a tranché pour que le TPS revienne à sa date initiale, soit février 2026. De quoi donner plus de temps aux Haïtiens afin de se régulariser ? Toutefois, l’avenir de ces ressortissants haïtiens reste encore incertain sous l’administration Trump.

NB : Les prénoms des personnes interrogées ont été modifiés afin de protéger leur anonymat.

Hector Marcoslev

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