« Mwen m anvi viv amò », chante le rappeur MDO
3 min readMDO 333 impose sa propre « vibe » dans une tendance musicale, « the drill », reconnue pour les lyrics violents qui s’en dégagent. Style unique, avec un timbre de voix qui exprime la sérénité sur un rythme très en vogue, Mdo, de son vrai nom Merts Saintil, fait la différence dans l’industrie musicale haïtienne, notamment avec sa manière de traiter ses sujets. Découvrons ce jeune et brillant artiste qui « anvivivamò ».
« Si aprelanmò gon vi
Pouki m mouri nan yon vi
pou m al viv nan lanmò.
Lèsaèskemwenapanvi
oubyen m anmò ?
E si fò m viv pou m mouri
Fò m mouri pou m viv,
savle di lavi se lanmò
elanmò se lavi ?
Mwen, m anvivivamò »
Les premiers vers introduisant le deuxième (couplet de son morceau à succès « AloBondye », constituent de véritables « punchlines », marquant les esprits autant par les assonances qu’ils produisent, que par leur portée philosophique. Un raisonnement pertinent qui remet en question l’existence d’une vie après la mort. Confus, l’artiste, au milieu de la perplexité que déclenche la question, a tout simplement envie de vivre. C’est d’ailleurs ce qu’il chante dans sa musique.
Il n’y a pas vraiment une grande différence entre la musique et la vie, pour Mdo Merts Saintil, rappeur originaire des Gonaïves. « Il me suffit de respirer pour écrire ce que je vis, ce que j’ai envie de vivre, ou encore ce que vivent les autres », explique l’artiste de vingt-quatre ans.
« AloBondye », l’un de ses morceaux à succès sorti au début de l’été, se veut une profonde réflexion. L’artiste, cherche-t-il ainsi à dissiper l’obscurité autour des Saintes Écritures qui sont censées être la lumière du monde ? « ‘’AloBondye’’ est inspiré de certaines choses que j’avais l’habitude de lire dans la Bible. Mes expériences dans la vie m’ont appris que ce qu’on nous raconte dans la Bible sur la vie, n’est qu’un tas de mensonges », répond le rappeur qui croit toutefois en une divinité. « En tant que déiste, j’adresse ces questions, non pas à ceux qui adhèrent aveuglément à ce que dit la Bible », précise-t-il.
Si MDO se crée une place sur dans la musique avec ses deux derniers titres, très appréciés du public, il n’en est pas pour autant un néophyte. Avant le rap, il a essayé de se lancer dans une carrière de disc-jockey, qui s’est heurtée cependant à un problème de matériels quand on lui a volé son ordinateur portable. « Je ne voulais pas abandonner la musique, c’est la raison pour laquelle j’ai commencé à faire du rap », confie l’ex Dj, qui chérit dès son plus jeune âge une grande passion pour la musique. « Soit j’échoue en faisant de la musique, soit je réussis », argue MDO, convaincu que, quoi qu’il advienne, il gagne à tous les coups.
Ainsi, il agence ses vers qui résonnent de fort belle manière, exprimant le fond de sa pensée sur la vie dans son autre hit intitulé « Avan m ale » :
“M pakonnlè m t apfèt
M pakonnlè m ap die
E pou sa m renmen an
M pre pou m pasetray
Nenpòtsa w apfè an pa care
yaptoujou pale w mal
Pranplezi ou jwilavi w
avan ou die »
« Avan m ale » est un appel à la jouissance, une invitation lancée par le chanteur gonaïvien qui exhorte les jeunes à profiter pleinement de leur vie. Puisqu’on ignore l’heure du grand départ pour l’orient éternel, autant en profiter « avan n ale ». D’autant plus que le contexte sécuritaire haïtien est de plus en plus précaire, mettant au plus bas l’espérance de vie.
« Vous devez être plus intelligent que vous-même. Vous devez être la première personne à être là pour vous, même quand vous êtes ailleurs. C’est-à-dire que vous devez être votre première source de motivation, votre premier conseiller », déclare MDO, de son vrai nom MertsSaintil, concluant cet entretien avec sa philosophie qu’il qualifie de « Mdoique ».
En attendant la sortie de ses prochains morceaux, profitez pleinement de ses deux chefs-d’œuvre qui auront marqué cette période estivale, notamment dans le « drill ».
StatlerLuczama
Luczstadler96@gmail.com