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Non a la violence faite aux femmes !

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Par un certain dimanche matin de 8 mars, réputé journée mondiale de la jupe, deux inconnus (inconnus au bataillon), un homme et une femme, se sont rencontrés à la place publique des droits humains sise à la rue de la condition humaine. S’ils sont en fait inconnus c’est l’un de l’autre, mais ils ne sont pas totalement inconnus du narrateur. En effet, l’homme est connu d’un bataillon duquel il fait partie au sein d’une armée (pas céleste, on pourrait aisément s’y tromper ; c’est d’une armée terrestre qu’il s’agit ici). Et la femme est elle-même une des représentantes les plus influentes de la ligue des féministes engagées. Voulant briser la glace, la femme s’est approchée de l’homme et lui dit :

La femme : Bonjour Monsieur, en vous observant depuis tout à l’heure, je vous remarque perdu dans vos pensées dans le silence le plus assourdissant. Alors cela vous dirait si l’on s’échangerait quelques mots ? Car on dit du choc des idées jaillit la lumière. Profitons de cette occasion offerte par la nature bienheureuse pour frotter nos idées.

L’homme : Avec plaisir Madame. C’est une bien bonne idée. Mais à défaut d’idées, on pourrait bien frotter nos corps.

La femme (elle a lâché un sourire ironique à peine visible) : Je vois ce que vous voulez insinuer par là. Mais c’est se faire des idées à vouloir s’empresser de déplacer la discussion à peine engagée pour la placer de ce côté-là. Parlons d’autres idées. Parlons au juste d’un sujet qui me tient à cœur. Un sujet pratiquement relégué dans le panier troué des idées reçues, dont la société toute entière ne veut pas parler.

-L’homme : Je vous écoute ! Puisque vous me parlez d’idées reçues, je suis prêt à recevoir les vôtres.

La femme : Que pensez-vous de la violence faite aux femmes ?

L’homme : Rien. Absolument rien.

La femme : Ah ! sans vous froisser, vous me semblez insensible à cette pratique fossoyeuse des droits humains !

L’homme (arborant un air étonné !) : Comment voulez-vous que j’éprouve de la sensibilité pour quelque chose qui n’affecte pas mon corps directement !? La sensibilité, pour peu que je le sache, est (comme la sensation) une production de notre corps. Elle a donc une dimension hormonale. Et il y a longtemps que mon hormone de sensibilité est désactivée.

La femme : Mais Monsieur il y a des femmes qui sont victimes de violences au quotidien. De la part des hommes en plus ! Ces actes de violences existent aussi autour de vous, peut-être. Ne battez-vous jamais votre femme ?

L’homme : Il m’arrive souvent de le faire.

La femme : Vous voyez ! vous êtes un bourreau, ou mieux, la société machiste et patriarcale vous a transformé en bourreau. Le pire : un bourreau qui minimise le sort de ses victimes. D’ailleurs, comment oser battre un être constitué comme vous dans sa dignité et son intégrité physique intime ?

L’homme : Si je ne bats pas ma femme, qui va la battre pour moi ? Une femme est toujours mieux battue par son mari que par un autre, que je sache. Ne pas battre sa femme est une négligence à laquelle un mari ne doit pas se laisser aller. Car il suffit de cette seule petite négligence pour que naissent des situations innombrables d’infidélité. Il ne faut jamais laisser à l’autre l’occasion d’accomplir ce que l’on peut soi-même accomplir. Tel est là le crédo des maris conséquents.

-La femme : C’est à cela que vous réduisez la femme ? À un corps, dépourvu de toute valeur et du respect de son droit à exister et à vivre indépendamment de la volonté du mâle dominant. Un corps voué à être martyrisé, c’est ça votre logique de bourreau privilégié par la société phallocentrée ? Sachez qu’au nom du respect des droits humains, il n’y a aucun argument qui peut légitimer le mal perpétré par le mâle au détriment de la gente féminine. Nous les femmes, nous ne sommes pas des corps dont les hommes peuvent disposer à leur guise et satisfaction sadique. Nous sommes des êtres capables de rationalité et de vertu. Il est temps de détruire cette machine sociale à produire chez les hommes des comportements et des attitudes misogynes. À commencer par vous envers votre femme !

L’homme (arborant un rire narquois !): Vous voyez aussi ! vous vous démenez comme un diable dans un bénitier pour sortir de votre costume de victimaire, qui vous sied à merveille d’ailleurs ! Le pire : vous revenez au même ! Vous me sommez de changer de comportement et d’attitude envers ma femme, je n’ai pas à changer ma façon naturelle de me proposer aux femmes, pour ce qui me concerne. J’ai toujours été possesseur. Le petit bout de phrase « ma femme » exprime bien le sens de mon statut légitime de possesseur. Ma femme, c’est donc ma possession. Je peux disposer d’elle comme d’une chose qu’on possède, une maison par exemple. Une maison, ça vous le savez mieux que moi, on peut l’habiter ou la vendre.

La femme : Votre façon de vous proposer aux femmes n’est pas naturelle (elle est donnée pour naturelle, doit-on dire !). En d’autres termes, elle est déterminée socialement par votre socialisation empreinte de marques manifestes de domination masculine.  En plus, votre maison, vous pouvez l’habiter ou la vendre, ce que vous voulez. Mais ce n’est pas pareil pour une femme qui n’est pas une propriété qui circule sur lemarché de l’immobilier. Une femme est d’une autre propriété. Et le sens de cette propriété peut se substituer à la propriété elle-même qui est une essence propre transcendante à la propriété immobilière.

L’homme : Pourtant, c’est pareil. Tout votre argumentaire déployé ici ne rime à rien. Ma femme, je dispose d’elle comme ma maison. Je peux la biter.

La femme (presque prise dans un élan d’énervement !) : Comment !? Et avec quoi ?

L’homme : Avec une bite.

-La femme : Là, vous mélangez les choses ! Votre comparaison est dissymétrique : une bite n’a rien à voir avec une maison.

L’homme : Non, c’est plutôt vous qui mélangez les sens. Vous êtes dans la mécompréhension Madame.

La femme : Lequel de nous deux est dans la mécompréhension ou l’incompréhension Monsieur ?

L’homme : N’y allez pas trop fort. Il y a une différence de nature entre la mécompréhension et l’incompréhension.

La femme : Laquelle ?

L’homme : L’incompréhension, c’est quand on ne veut pas comprendre. Et la mécompréhension, c’est quand on comprend, du moins on croit comprendre, mais que notre compréhension n’est qu’une compréhension de travers ou erronée.

La femme : La morale de votre exercice rhétorique : Il n’y a pas que moi qui suis dans la mécompréhension alors. Et à vouloir persister dans son incompréhension, on descend, telle une bêtise humaine trop lourde à résister à la loi de la gravitation, dans les profondeurs abyssales de l’incompréhension jusqu’à la mécompréhension. La violence faite aux femmes ne doit pas demeurer un sujet voué à l’incompréhension et à la mécompréhension, c’est-à-dire un sujet tabou dans les sociétés humaines modernes soi-disant dites civilisées. C’est au contraire un sujet qui doit susciter des débats à aborder avec une éthique de la responsabilité citoyenne assumée.

Auteur : Jean Guilbert BELUS

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