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Nous sommes tirés au sort!

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Incroyable mais vrai. La vie des citoyens en Haïti se décide à partir du jeu du hasard. Les politiciens décident au quotidien de qui aura la légitimité de torturer la population. C’est ainsi que cela se fait dans le jeu du hasard. Le gagnant fait ce qui lui chante avec sa gagne. La différence d’avec la politique haïtienne, c’est que le perdant accepte sa défaite.

C’était prévisible qu’on allait vivre une autre dimension de la crise haïtienne avec cette stratégie macabre de Conseil présidentiel de transition de neuf membres proposé et soutenu par la CARICOM. Il était clair qu’on avait tout simplement changé la bataille de terrain et que les antagonistes allaient se pourrir la vie au Palais. Eux qui ont de l’expertise dans la division et le trouble fait.

Le macadam est laissé aux militants et le Palais national aux têtes de pont. À ceux qui ne sont qu’en fait des manettes dans un projet antinationaliste non avoué. Au regard de ce choix hasardeux que des hommes politiques haïtiens ont accepté à bras ouverts, il était évident qu’ils allaient se livrer un bras de fer énorme pour le contrôle du Conseil.

La communauté internationale se trompe. Le Conseil engendre une autre crise. Environ une semaine après leur installation,  ses membres sont déjà à couteaux tirés. La limite de l’imposition de la CARICOM a été très vite prouvée. Au lieu de se mettre au travail, les conseillers s’attaquent à la première action posée en critiquant au nom de la démocratie une décision démocratique: le fait de dégager un consensus pour décider. Vu l’émoi que cela a provoqué, c’est comme si la démocratie suspend d’être une question de majorité ou, que la logique de l’élection n’est plus la consécration de celui ou ceux qui ont obtenu la majorité.

Cette nouvelle crise engendrée au sein du Conseil annihile l’infime légitimité qu’avait cette structure au départ. Ces clowns, dorénavant au pouvoir, font comme s’ils ont le pouvoir d’arrêter le temps. Au Palais, on a amplement de temps. Mais dans les rues de Port-au-Prince chaque minute passée est une éternité en enfer.

Le peuple a le couteau sous la gorge. Il risque tout. Les déplacés internes vivotent dans des camps pendant que le choléra fait encore peur. Ils sont abandonnés sans rien du tout. La circulation est presque impossible dans la capitale. Des balles perdues tuent à longueur de journée. Les gangs mettent Port-au-Prince à feu et à sang.

Cela fait deux mois depuis que les ports et le principal aéroport sont dysfonctionnels. Les écoles, les infrastructures sanitaires sont quasi inaccessibles.  Les gangs armés coupent les veines de la nation. Malgré cela, on a l’intention que ces situations réconfortent nos dirigeants. Ils jubilent. Ils prennent leur temps en mettant des épines là où il n’y en a pas. En cherchant à créer plus de problèmes au lieu de penser à  résoudre les vrais.

Cette perte de temps inutile. Ces prises de positions controversées et contradictoires discréditent les uns comme les autres. Cette insouciance des nouveaux dirigeants à ne pas considérer l’urgence de l’heure fait douter davantage de leur bonne foi. Cette manière d’agir est intolérable. Une crise de trop. C’est comme si nous avions choisi des joueurs de poker pour nous diriger. Malheureusement, parait-il, aucun de ces joueurs n’est intéressé à nous faire du bien. Nous ne sommes que des éléments de leur jeu. Nous sommes tirés au sort par des gens qui veulent se satisfaire de nos malheurs.

En 2021, Ariel Henry avait obtenu notre tête. En avril 2024, neuf mousquetaires remportent la palme. Un d’entre eux  tire son épingle du jeu. Les autres crient au scandale. À présent, ils continuent de tourner leurs urnes espérant qu’un autre prenne à nouveau notre destin de peuple. La première partie du jeu, qui se déroule au Palais national, est truquée.  On prévoit de recommencer à nouveau. Mais, combien de tentatives restent-ils encore à faire? Nous ne sommes pas certains. Ce qui est sûr c’est que nous nous trouvons entre de très mauvaises mains pour l’instant.

Daniel SÉVÈRE 

danielsevere1984@gmail

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