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Où est passé notre esprit d’anticipation?

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Le pays ne fonctionne plus. Ce, depuis deux mois. Les activités de mobilisation et de « peyi lòk » ont tout chamboulé. L’occupation du Terminal Varreux par le G9 a scellé définitivement notre sort. Le pays est étranglé, asphyxié.

Cette situation s’ajoute à tout un ensemble d’évènements déjà insupportables. Le problème de l’insécurité, de la vie chère et de tant d’autres problèmes encore qui ont mis la population à genoux. Le choléra a ressurgi et le Gouvernement appelle à l’aide.

À l’interne, la situation ne s’est pas améliorée. Les manifestations ont, certes, diminué mais, les gangs continuent leurs exactions. Le dollar reprend de l’ascenseur. Cent vingt-cinq gourdes sur le marché formel et plus de 150 sur le marché informel. C’est la croix et la bannière pour réaliser une transaction bancaire. Les hôpitaux et d’autres institutions importantes sont en alerte. L’administration publique travaille au ralenti. Les rues ne sont jusqu’à présent pas ouvertes à la libre circulation. Les barricades font place aux montagnes de détritus et à des marées de boues extraordinaires. Tous les yeux sont rivés sur le Conseil de Sécurité de l’ONU qui tergiverse.

Depuis l’appel à l’aide lancé par le Dr Ariel Henry au Secrétaire Général de l’Organisation des Nations Unies pour l’envoi d’une mission armée en toute urgence dans le pays, on a la sensation qu’Haïti délègue sa souveraineté à cet organisme international. Tout est au point mort, mis à part les exactions des gangs, dans le seul souci d‘attendre le verdict de l’ONU. Une conclusion qui est jusqu’ici dans l’impasse puisque les États-Unis, instigateurs de la Résolution en préparation sur l’envoi de cette mission militaire en Haïti, peinent à convaincre les autres membres du Conseil sur la pertinence de leur document.

Au niveau international, le dossier bouge sérieusement. Les USA intensifient leur lobbying. Deux hauts responsables de la Maison Blanche étaient au Canada pour discuter, entre  autres, de la direction de la mission. Le Canada également a annoncé qu’il envoie des agents sur le terrain pour évaluer. Néanmoins, il ne promet rien de concret et, c’est le cas de nombreux autres pays membres. Les États-Unis se disent confiants que d’ici le début du mois de novembre, ils vont non seulement pouvoir faire adopter la Résolution mais aussi trouver un pays pour prendre la direction de la mission.

En Haïti parallèlement, les acteurs plongent dans une totale observation. Ils n’essaient pas d’anticiper la décision qui risque de prendre plusieurs semaines encore. Et, qui pourra les surprendre tous. Cela ne les intrigue pas. Après la décision on saura quoi faire. Pour le moment,  profitons de ce moment de répit. Ce qui doit arriver arrivera. Et, quand ce sera le cas, on s’arrangera.

C’est dommage que ce soit cette manière de penser qui a, depuis des décennies, guidé nos dirigeants. Le Blanc prend les décisions à leur place. Eux, ils exécutent. Ils obtempèrent. C’est comme si le laxisme affiché par les hommes politiques devait résoudre, illico, la majorité des problèmes qui font obstacle à la stabilité du pays. C’est comme si une intervention militaire ou un appui technique à la Police Nationale d’Haïti devait éliminer la chute de la gourde, la misère et le chômage. C’est comme s’il suffisait de favoriser l’entente nationale tant claironnée. Si le Conseil de Sécurité de l’ONU arrive à adopter la Résolution, rappelez-vous qu’il s’agira d’un appui pour combattre le choléra et atténuer l’insécurité. Tous les autres problèmes seront encore là. Il incombe aux Haïtiens de les éradiquer, y compris leurs éternelles discordes. Il faut se mettre au travail. Chercher des compromis. Envisager des pistes de solutions. Sans quoi, c’est comme passer le balai dans une maison en terre battue. Il faut anticiper.

Daniel SÉVÈRE

danielsevere1984@gmail.com

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