Selon le rapport du Secrétariat permanent de gestion des risques et désastres publié le 3 novembre 2025, le passage de l’ouragan Melissa sur Haïti a causé la mort de 43 personnes, dont 25 dans la seule commune de Petit-Goâve. Cependant, pour le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH), les mesures préventives prises par les autorités n’ont pas permis d’éviter la catastrophe, le bilan humain et matériel étant lourd.
Le pays a enregistré des pertes en vies humaines ainsi que des dégâts matériels considérables et regrettables à la suite du passage de l’ouragan Melissa. Selon le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), l’intensification de la communication autour de l’ouragan par les autorités laisse comprendre que l’ampleur des dégâts était à prévoir. Par conséquent, c’était aux autorités étatiques et de la protection civile qu’il revenait de déplacer les communautés vulnérables, estime-t-il, en soulignant que les mesures préventives qui ont donc été adoptées n’étaient que cosmétiques et se sont révélées inadéquates.
En outre, le RNDDH dit dénoncer la communication outrancière autour de l’Ouragan Melissa qui a commencé plus de huit (8) jours avant son passage et a eu comme conséquence néfaste la baisse de la vigilance de la population. À en croire l’organisation, certains proches de victimes ont en effet été confus par rapport à la date effective de l’ouragan en question. Et, avance le RNDDH, en dépit du caractère outrancier de la communication, l’organisation a appris que l’alerte n’a quand même pas été divulguée de la même manière et au même moment, dans toutes les communautés vulnérables du pays. « Ainsi, de nombreuses personnes victimes ont été surprises par la montée des eaux et les crues des rivières, et n’ont rien pu faire », déplore l’organisation à travers un rapport paru le 6 novembre 2025.
Le RNDDH a indiqué par ailleurs qu’il « s’est entretenu avec les parents de douze (12) enfants décédés dans la seule commune de Petit-Goâve lors du passage de l’Ouragan Melissa ». Ils représentent 48 % de la totalité des victimes recensées sur l’ensemble du territoire, dit-il. Huit d’entre eux étaient âgés d’un mois à cinq ans. Aussi, « parmi les adultes décédés recensés par le RNDDH, un (1) était âgé de quatre — vingts (80) ans, deux (2) autres, de soixante — dix (70) ans et un (1) quatrième, de soixante — sept (67) ans. Une jeune femme de vingt-deux (22) ans qui vivait avec une déficience motrice compte aussi parmi les adultes décédés, dénombrés par l’organisation ».
À ce stade, le Réseau dit croire opportun d’attirer l’attention de tous et de toutes sur le fait qu’il devient de plus en plus dangereux pour des enfants, des personnes vivant avec une déficience et des personnes du troisième âge de vivre en Haïti, car leur exposition aux risques, qu’ils proviennent de la violence armée ou des catastrophes naturelles, semble constante. « Et c’est justement en tenant compte de la vulnérabilité des victimes recensées, soit en raison de la localisation de leur maison, soit en fonction de leur âge ou encore des déficiences avec lesquelles elles vivaient, que le RNDDH estime que des mesures de déplacement auraient dû être adoptées à temps par les autorités, car elles auraient permis d’épargner ces vies», peut-on lire dans le rapport.
Le RNDDH déclare avoir appris aussi qu’après cette catastrophe qui aurait pu être évitée, des autorités se proposent d’offrir deux-cent-cinquante-mille (250,000) gourdes aux familles ayant perdu leurs proches et de couvrir les frais des funérailles des victimes. « Sur ce point particulièrement, le RNDDH souligne à l’attention de l’État haïtien que la vie n’a pas de prix mais qu’il ne peut pas lui-même décider quand une vie coûte plus qu’une autre.
En ce sens, le RNDDH rappelle que suite à l’attaque armée perpétrée par les bandits le 24 décembre 2024, à l’occasion de la cérémonie de relancement des activités de l’Hôpital de l’Université d’Etat d’Haïti (HUEH), «un-million (1,000,000) de gourdes ont été octroyées aux proches des victimes décédées. Et, aux survivants.es blessés, un montant allant de cent-mille (100,000) à cinq-cent-mille (500,000) gourdes, en fonction des soins qu’ils devaient recevoir, leur a été offert », a-t-il expliqué. Il précise qu’aujourd’hui qu’il ne comprend pas pourquoi les proches des victimes décédées lors du passage de l’Ouragan Melissa n’auraient droit qu’à deux-cent-cinquante-mille (250,000) gourdes alors que dans les deux (2) cas, la responsabilité de l’État est clairement établie.
Conséquemment, le RNDDH exige le même traitement pour les victimes de l’Ouragan Mélissa que celui qu’ont reçu les ayants droit du carnage du 24 décembre 2024 ; car l’Ouragan Mélissa a pu causer autant de pertes humaines et matérielles.
Ainsi, le RNDDH recommande aux autorités de : «
• Fournir une assistance psychologique, financière et médicale aux victimes blessées ainsi qu’aux proches des victimes ;
• Assister les victimes dans le respect de leur dignité ;
• Mettre en œuvre, avec les victimes elles-mêmes, des programmes de relèvement, qui tiennent compte de leurs besoins spécifiques ;
• Suivre le relèvement des victimes survivantes, jusqu’à leur réhabilitation complète ;
• Dresser la liste des communautés exposées à l’inondation et aux glissements de terrain, en vue de les déplacer à l’avenir, lorsque des intempéries sont annoncées ».
Rappel sur le bilan du passage de l’ouragan Melissa
Selon le rapport du Secrétariat permanent de gestion des risques et désastres, cité par le RNDDH, publié en date du 3 novembre 2025, le bilan du passage de l’Ouragan Melissa sur Haïti est ainsi présenté :
• Quarante-trois (43) personnes sont décédées, dont vingt-cinq (25) dans la seule commune de Petit-Goâve ;
• Treize (13) personnes sont portées disparues ;
• Vingt-et-une (21) personnes sont blessées ;
• Des crues des rivières ont engendré des inondations importantes qui ont été enregistrées dans au moins trente-et-une (31) communes du grand Sud ;
• Des milliers de maisons ont été inondées et/ou détruites ;
• Près de deux-mille (2,000) personnes se retrouvent dans des abris provisoires.
Jackson Junior RINVIL
