Pas moins de 57 personnes tuées au cours du mois de juin, selon l’OCNH
4 min readRien que durant le mois de juin 2022, au moins cinquante-sept (57) personnes tuées par armes à feu ou à l’arme blanche ont été recensés par l’Organisation Citoyenne pour une Nouvelle Haïti (OCNH) dans un nouveau rapport. Des tueries de masse, des scènes de lynchages macabres, des assassinats de policiers sont également relevés dans ce rapport publié au début du mois de juillet par l’organisme de défense des droits humains.
Ces derniers jours, l’insécurité se transforme peu à peu en barbarie, sous les yeux passifs des autorités haïtiennes. Le manque de volonté politique et l’absence de plan et d’actions concrètes pour freiner le problème est constamment déploré par les organismes luttant pour le respect des droits de l’Homme en Haïti. Les cas d’homicides sont devenues monnaie courante principalement dans la région métropolitaine de Port-au-Prince, a fait remarquer l’Organisation des Citoyens pour une Nouvelle Haïti (OCNH) dans son dernier rapport qui signale aussi que « le phénomène de l’insécurité augmente de façon vertigineuse en Haïti ces derniers temps ».
« L’OCNH a recensé environ cinquante-sept (57) cas de personnes tuées par arme à feu ou arme blanche. Parmi ces cas, il y a au moins quatre (4) policiers », peut-on lire dans le rapport.
Dans ce document intitulé « Rapport de monitoring et de reporting sur les cas d’homicides commis en Haïti du 1er au 30 juin 2022 », l’OCNH a indiqué que les pôles stratégiques du Grand Nord et du Grand Sud du pays, en matière de sécurité, sont occupés par les gangs armés. En d’autres termes, toutes les grandes villes ou presque sont en proie au phénomène dite de gangstérisation. L’organisme de défense des droits humains a fait remarquer aussi qu’« une grande majorité des cas d’homicides répertoriés sont commis par des individus circulant à bord d’une moto, surtout dans la zone métropolitaine ».
Par ailleurs, la description de ces assassinats faite par l’OCNH reste horrifiante. Les criminels ouvrent le feu sur plusieurs personnes, parfois dans leur voiture ou devant leur résidence. Certaines victimes sont lynchées, leurs cadavres calcinés, parfois elles sont exécutées d’une balle dans la tète, d’autres fois jetées en pâture aux animaux. Un bébé aurait été tué d’une balle perdue, une religieuse italienne suite à une tentative d’enlèvement, quatre policiers sont assassinés sans oublier plusieurs meurtres conjugaux. C’est du moins, les détails fournis par l’organisation que coordonne l’avocat Camille Occius.
Ainsi au-delà du kidnapping, de la prolifération des gangs et de l’extension des zones de non-droit sur toute l’étendue du territoire national, l’organisme de droits humains fait remarquer une montée significative des assassinats ciblés, de tueries, et même des homicides civils qui attestent du règne de l’impunité et du dysfonctionnement de la justice en Haïti. Faut-il le souligner, l’augmentation de cette barbarie dans la zone métropolitaine coïncide avec la décadence progressive de la justice qui aujourd’hui n’a même plus de locaux propres.
L’opinion publique demeure toutefois sidérée face aux horreurs qui sont perpétrées en plein jour souvent par des bandes armées clairement identifiées, dont les photos circulent quotidiennement sur les réseaux sociaux. Les « 400 mawozo », selon certains organismes de droits humains, sont impliqués dans la plupart des assassinats crapuleux, qu’il s’agisse des fusillades ou des tueries de masse. La terreur imposée par ces bandits qui se livrent également au business du kidnapping de ressortissants étrangers est sans égale. Les noms des gangs comme « Vitelhomme », « 5 segonn », « Grand-Ravine », « Izo », « Ti Lapli », « G9 »¸reviennent en boucle dans les rapports des organismes de défense des droits humains qui ne peuvent que dénoncer les horreurs de l’insécurité auprès des autorités étatiques apparemment atteintes de surdité.
Un rapport du Centre d’Analyse et de Recherche en Droits de l’Homme (CARDH) publié le 30 juin dernier a fait état de 782 cas d’homicides volontaires au cours des cinq premiers mois de l’année, soit de janvier à mai 2022. En dépit des efforts de la Police Nationale d’Haïti, les actes d’homicides sont en augmentation de 17% par rapport aux 5 derniers mois de 2021, tandis que le nombre des kidnappings de son côté a explosé de 44,8% sur le seul deuxième trimestre de l’année en cours. Pas moins de 36 ressortissants étrangers ont été enlevés au cours de cette période.
Dans son rapport, l’Organisation Citoyenne pour une Nouvelle Haïti (OCNH) a aussi demandé à l’État d’assumer ses responsabilités en matière de respect et de protection des droits fondamentaux de la personne humaine ». Cet organisme n’a donc pas manqué de formuler des recommandations aux autorités locales, en insistant notamment sur la nécessité de doter la PNH de moyens adéquats pour mener à bien ses missions, de renforcer les contrôles de routine des véhicules et particulièrement des motos avec lesquelles sont commis la majorité des attentats et enfin de poursuivre la lutte contre la violence communautaire.
Daniel Toussaint