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Péligre à l’arrêt et après avoir provoqué des inondations dans plusieurs communes, le CPT annonce une entente

La centrale hydroélectrique de Péligre est à l’arrêt depuis plusieurs semaines à cause des mouvements de protestation. En raison de l’évacuation non contrôlée de l’eau du barrage, plusieurs communes ont été inondées. La région métropolitaine de Port-au-Prince se trouve plongée dans le blackout. Ce n’est qu’après toutes ces conséquences, le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) affirme avoir trouvé une entente pour que la Centrale puisse fonctionner rapidement et normalement.

La production de la Centrale Hydroélectrique de Péligre est à zéro depuis le 13 mai 2025. La capitale haïtienne et d’autres communes se trouvent plongées dans le noir depuis des semaines. Les communes de Grande-Saline et de Saint-Marc ont subi de graves inondations en raison de l’évacuation non contrôlée des eaux du barrage de Péligre. À en croire l’agronome Jean André Victor lors de son intervention à la radio Magik 9 le 21 mai 2025, les conséquences de l‘arrêt de la centrale pourraient être désastreuses pour Haïti et la République dominicaine. Selon M. Victor, il risque, d’une part, d’affecter les grands ouvrages et les réseaux d’irrigation, et d’autre part, de provoquer des inondations en aval, même dans la partie Est de l’île.

Pourquoi la Centrale Hydroélectrique de Péligre est-elle à l’arrêt ?

Depuis le 31 mars 2025, les gangs armés de la coalition criminelle dénommée Viv Ansanm ont pris le contrôle de la commune de Mirebalais à plus de 90%, selon Robenson Mazarin, coordonnateur du Mouvement des Citoyens Engagés du Centre (MOCEC). Selon lui, la commune de Saut-d’Eau est complètement assiégée par les gangs armés. À Mirebalais et à Saut-d’Eau, dit-il, les gangs armés s’érigent en maîtres des lieux. Il a rappelé que des milliers de familles ont fui leurs domiciles à Mirebalais et à Saut-d’Eau pour se réfugier sur la place de Hinche et dans d’autres endroits dans le département du Centre. « Les gangs ont annoncé des festivités, ils les ont réalisées en toute quiétude d’esprit », dénonce M. Mazarin tout en signalant l’inaction des autorités.

Et en réaction face à cette situation, les membres de plusieurs organisations socio-politiques de Mirebalais et de Saut-d’Eau ont décidé de mettre à l’arrêt la Centrale Stratégique Hydroélectrique de Péligre en vue d’envoyer un signal fort aux autorités afin que ces dernières puissent rétablir l’ordre et la paix dans ces communes.

Selon M. Mazarin, le message est clair : l’État doit prendre toutes les dispositions nécessaires pouvant permettre aux habitants de Mirebalais et de Saut-d’Eau de retourner chez eux. Dans le cas contraire, le coordonnateur du MOCEC a indiqué, aux ondes de la Radio Caraïbes le 20 mai 2025, que la Centrale hydroélectrique de Péligre restera fermée.

En Haïti, il est courant de contourner les problèmes plutôt que de les résoudre. À ce propos, si les autorités préfèrent forcer la réouverture de la Centrale Hydroélectrique de Péligre sans résoudre le problème de l’insécurité galopante qui règne dans ces communes, Me Robenson Mazarin a fait savoir que l’espace où se trouve la Centrale Hydroélectrique de Péligre sera occupé par la population qui, selon lui, s’élève à plus de 2 millions d’habitants.

Que dit l’EDH à ce sujet ?

L’électricité d’Haïti, à travers une note de presse parue le 15 mai 2025, qualifie « d’acte odieux » l’invasion de la Centrale Hydroélectrique de Péligre, tout en précisant que cet acte plonge les zones encore alimentées en énergie électrique par l’EDH dans le blackout total.

L’entité a rappelé que de telles actions, loin de satisfaire les besoins en électricité de la population, ne font que rendre plus compliquées les difficultés de l’EDH, car le matériel d’exploitation des centrales électriques coûte cher et est difficile à réparer, maintenir, voire remplacer.

 « Les solutions tardent à venir, mais les autorités de l’EDH y travaillent sérieusement », avait rassuré l’EDH, qui avait lancé, par ailleurs, un appel pressant aux autorités concernées non seulement de diligenter une enquête devant identifier, juger et punir les auteurs de tels actes qui pénalisent la population en général, mais aussi de prendre les dispositions nécessaires à sécuriser la Centrale Hydroélectrique de Péligre, un patrimoine national, une structure aussi importante et stratégique pour l’État haïtien.

L’inaction des autorités, l’autre malaise en Haïti

À la suite des attaques des groupes armés sur la commune de Mirebalais le 31 mars 2025, le président de la Fédération des Syndicats des Travailleurs-es de l’Electricité d’Haïti (FESTREDH) Pierre Michel Félix, lors de sa participation à l’émission « Panel Magik » le 12 avril 2025, avait lancé un appel aux autorités de l’État visant à sécuriser la centrale hydroélectrique de Péligre. Malheureusement, les membres du CPT et ceux du gouvernement n’ont rien fait.

Finalement, ce 23 mai, le coordonnateur du CPT, Fritz Alphonse Jean, a indiqué que des membres de la population du Plateau Central ont pris l’engagement rapide au bon fonctionnement de la Centrale Hydroélectrique de Péligre. M. Jean a demandé à la population de protéger tout ce qui relève du domaine de l’État. La Mission Multinationale de Soutien à la Sécurité (MMSS) n’avait-elle pas pour mission de sécuriser les infrastructures publiques stratégiques ? L’économiste a aussi donné la garantie que le CPT et le gouvernement vont se mettre ensemble afin d’apporter une réponse claire au bénéfice des citoyens.

« Apre yon long konvèsasyon ak manm popilasyon plato santral la, yo pran angajman pou bon fonksyònman pelig prese prese. Felisitasyon. Yo ekspoze tou byen klè sitiyasyon difisil yap viv nan zòn nan, nou tande e nou konpran. KPT ak gouvènman an pral chita pou pote yon repons klè kap nan avantaj popilasyon an. Nap pwofite mande popilasyon an pou pwoteje tout sa leta kreye pou byenèt peyi a. Pelig Se yonn. Nan yon tan ki pa twò lwen, KPT ap vizite popilasyon an pou nou vanse ak tout sa ki dwe fèt. Nan non zansèt yo, Kenbe », a écrit M. Jean en langue vernaculaire sur son compte X.

Tout compte fait, la question d’électricité continue d’être un défi de taille à révéler par les autorités haïtiennes, car, de nombreuses villes se trouvent dans le blackout depuis des années.

Jackson Junior RINVIL

rjacksonjunior@yahoo.fr

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