Pénurie de carburant : la commune de Thomassique est devenue un véritable centre d’approvisionnement et de distribution de l’or noir
3 min readPlus d’un mois après la décision du Gouvernement d’Ariel Henry de relever le prix des produits pétroliers sur le marché national, la crise du carburant persiste, ce qui fait grimper les prix à un niveau inhabituel et qui paralyse la quasi-totalité des activités quotidiennes sur le territoire.
Face à un Gouvernement de facto, inflexible, impassible malgré les différents mouvements de protestation, qui refuse de revenir sur sa décision pour faciliter un réapprovisionnement paisible dans le stations-essence, qui sollicite préférablement et attend patiemment une intervention des forces étrangères, la population, pour tenter de vaquer à certaines activités quotidiennes, s’approvisionne en carburant là où il coule à flots, malgré d’énormes risques et sacrifices.
Ce n’est plus un secret que la vente du pétrole, c’est le commerce du moment et la rentabilité est énorme. Certaines personnes, déterminées à dénicher ce produit inaccessible, laissent leurs maisons et parcourent des centaines de kilomètres parfois vainement.
Il n’existe aucun contrôle de ce précieux produit sur le marché national, les gens fixent leurs prix comme bon leur semble, certains malfrats le mélangent pour en tirer davantage de profit. La décision du Ministère du Commerce et de l’Industrie d’interdire la vente du pétrole dans des récipients, n’est pas respectée, l’exception devient la règle.
Toutefois, malgré la rareté de l’or noir qui s’amplifie dans la capitale, certaines communes frontalières fonctionnent grâce à l’altruisme et aux pratiques contrebandières haïtiano-dominicaines, nonobstant les restrictions du Gouvernement dominicain de vendre son pétrole aux Haïtiens.
Ainsi, Thomassique commune frontalière devient un centre très animé et reçoit les gens de différentes régions du pays telles, Hinche, Saint-Marc, Pignon, Saint-Raphaël, Dondon, Cap-Haïtien, Mirebalais, Port-au-Prince, etc.) voulant s’approvisionner en carburant à un prix abordable. Les thomassiquois eux-mêmes l’importent directement de la République Dominicaine avec la complicité des Dominicains, en passant par Biassou, Los cacaos et Bokbanik. La commune de Thomassique connaît une vive tension depuis quelques semaines, les visites sont nombreuses, des camions pleins de récipients circulent partout dans la ville, des centaines de motocyclettes avec des gallons jaunes sillonnent la ville tous les jours, la ville devient un véritable centre d’approvisionnement du carburant.
Aux grands maux, les grands remèdes. Cette crise récurrente qui mine tant les acteurs et penseurs politiques doit être perçue comme une nouvelle opportunité qui s’offre au pays afin de redéfinir les paramètres pour mettre en place de nouveaux mécanismes de distribution normal du carburant, des dispositifs pour pacifier durablement les zones d’approvisionnement, et prendre des mesures drastiques qui empêcheront la spéculation illicite pour pallier la hausse des prix sur le marché informel.
Les acteurs doivent être conscients que la situation nécessite une solution inclusive sans laquelle le pays risque de plonger dans les mêmes difficultés. Ils doivent enfin montrer leur patriotisme pour comprendre qu’à chaque crise du carburant, le pays plonge dans une misère terrible, ce qui aggrave davantage la précarité des conditions de vie des Haïtiens.
Baby Stanley PIERRE
babystanleypierre@gmail.com