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Plus de deux ans sans ajustement salarial , les ouvriers crient au scandale  

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Depuis l’arrêté présidentiel daté du 31 octobre 2019 fixant le salaire minimum dans les établissements industriels et commerciaux, aucun ajustement n’a été fait par les différents gouvernements malgré les dispositions de ladite loi concernant une révision annuelle des salaires en fonction des indices macroéconomiques du pays. Cette situation soulève la colère des ouvriers et le Gouvernement se dit concerné et prêt à répondre aux revendications.

Ce début de février 2022 est riche en attentes. Après les débats autour de la date du 7 février 2022 et de l’avenir du Gouvernement en place, l’espace public haïtien s’ouvre à l’épineuse question des salaires minima. En effet, après les protestations des ouvriers du Parc Industriel de Caracol dans le Nord-Est du pays au début de ce mois, réclamant de meilleurs salaires et de meilleures conditions de travail, c’est au tour des ouvriers du textile à Port-au-Prince de revendiquer un ajustement salarial  de 1500 gourdes. 

Deux journées de manifestations sur le Boulevard Toussaint Louverture, les 9 et 10 février 2022, se sont déroulées dans un climat de tension et de brutalités policières. Plus d’une dizaine de manifestants blessés auraient été transportés aux urgences suite à des manœuvres de dispersion de la foule par les autorités policières. Dans une note datée du 14 février 2022, le Gouvernement reconnait les faits et se dit consterné : « Le Ministère des Affaires Sociales et du Travail (MAST) a appris avec consternation les incidents malheureux survenus lors des mouvements de protestation des ouvriers et des ouvrières, les 9 et 10 février 2022, réclamant un ajustement du salaire minimum ». 

Fixé à 300 gourdes en 2017, à 420 gourdes en 2018, puis à 500 gourdes en 2019 dans les industries d’assemblage et autres industries manufacturières tournées vers l’exportation, c’est aujourd’hui 1500 gourdes que revendiquent les ouvriers de la Société Nationale des Parcs Industriels (SONAPI). Ce  salaire, selon eux, serait nécessaire en vue de pallier à la cherté de la vie qui ne cesse d’augmenter depuis les ajustements de 2019. Les ouvriers se disent déterminés à poursuivre les mobilisations jusqu’à ce que le Gouvernement leur donne satisfaction. 

Deux nouvelles journées de manifestations à Delmas et à Port-au-Prince ont été annoncées pour les 16et 17 février. La foule qui s’était rassemblée au carrefour « Trois mains » sur la route de l’aéroport, ainsi que dans d’autres points de la zone métropolitaine, a pu être arrivé à destination, jusqu’à la résidence privée du Premier Ministre, le Dr Ariel Henry, à Musseau, en remontant l’autoroute de Delmas.  La Police Nationale présente sur les lieux aurait tenté de disperser la foule au moyen de jets de gaz lacrymogènes, et les manifestants auraient riposté par des jets de pierres et d’autres tapages sur la voie publique. Les ouvriers du textile n’ont pas été les seuls à fouler le macadam, les agents de sécurité ont été aussi dans la partie. Ils promettent de continuer à occuper les rues jusqu’à la sortie de l’arrêté ministériel devant fixer le salaire minimum à 1 500 gourdes. 

Le Gouvernement joue au pompier tout en prônant l’apaisement

Suite aux premières manifestations, le Gouvernement ne s’est pas fait prier pour annoncer que des mesures allaient être prises. Dans un message publié sur son compte Twitter le 11 février dernier dans la soirée, le Premier Ministre Henry a confirmé les démarches du Conseil Supérieur des Salaires en vue de revoir le salaire minimum. « Je confirme que le Conseil Supérieur des Salaires est en train de finaliser des recommandations pour soumettre son rapport au Gouvernement. Cela aidera à fixer le salaire minimum, en tenant compte des réalités et des dynamiques dans le secteur industriel et commercial ». 

Plus tard, le lundi 14 février, dans la note du Ministère des Affaires Sociales et du Travail portant la signature de son ministre Pierre Ricot Odney, le Gouvernement a promis un nouveau salaire minimum pour cette semaine. « Le Ministère des Affaires Sociales et du Travail (MAST) renouvelle son appel au calme et profite pour annoncer au grand public, employeurs et salariés en particulier que, conformément à l’article 4 et suivants de la loi du 6 octobre 2009, la publication de l’arrêté portant révision du salaire minimum est prévue pour cette semaine ».

Le Conseil Supérieur des Salaires (CSS), lui non plus, n’a pas tardé puisqu’il a acheminé au cours de cette même journée du 14 février son rapport au Ministère des Affaires Sociales et du Travail (MAST) tout en signalant que le travail avait été réalisé dans le respect du dialogue tripartite et conformément aux lois et Conventions régissant la matière.

Rappelons que le Conseil Supérieur des Salaires se compose de neuf membres, dont trois représentants du MAST, trois représentants du secteur patronal et trois représentants du secteur ouvrier. Toutes les parties concernées y sont représentées. Le nouveau salaire minimum prévu dans le 7e rapport du Conseil Supérieur des Salaires va-t-il satisfaire les protestataires ? Va-t-il être approuvé par le Gouvernement? Dans tous les cas, le salaire minimum ne peut pas être revu à la baisse. Soit il stagne, soit  il augmente!

Clovesky Pierre

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