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Plusieurs régions du pays sont inondées, les pertes risquent d’être lourdes

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Moins de 48 heures après le début officiel de la saison des ouragans, il n’y a plus aucun doute, le pays risque la catastrophe en raison des phénomènes météorologiques extrêmes. Après deux jours de pluie vendredi et samedi, plusieurs villes du pays font face à de terribles inondations alors qu’il n’y a aucun ouragan.

« Trois jours seulement depuis le début de la saison cyclonique, notre pays est déjà sous le choc. Ce qui laisse présager combien la situation pourrait devenir intenable si nous venons à être frappés par l’un des cyclones de cette année », s’est indigné l’ingénieur-agronome Talot Bertrand dans une Note ouverte adressée au Gouvernement ce 3 juin 2023. En effet, de l’Artibonite jusqu’au Grand Sud, vendredi et samedi, de fortes averses ont provoqué des inondations inquiétantes dans diverses villes du pays, et des rivières sont en crue.

Au niveau du Ministère de l’Agriculture, des Ressources Naturelles et du Développement Rurale (MARNDR), l’Unité Hydrométéorologique (UHM), dans son bulletin météo du 3 juin 2023, informe que « des averses accompagnées d’orages continuent de s’abattre sur le pays durant la journée  et en début de soirée notamment sur le Sud-est, l’Ouest, les Nippes et de la Grande-anse », et que « des averses et des orages isolés sont également prévus sur les autres départements (Centre, Artibonite, Nord, Nord-ouest, Nord-est) ».

Alors que le bilan partiel n’a pas encore été établi par les autorités, des pertes matérielles sont signalées dans différentes villes affectées par les inondations. Pour l’ingénieur-agronome Talot Bertrand, le pays est vulnérable à ces phénomènes, il somme le Gouvernement d’agir. « Compte tenu du niveau de vulnérabilité du pays et considérant les problèmes d’aménagement du territoire, vu les conséquences désastreuses déjà enregistrées et avec des conditions climatiques peu favorables au pays pour les jours à venir, il est vivement recommandé au Gouvernement de la République d’Haïti de mobiliser les structures concernées de l’État pour une évaluation rapide des dégâts et de procéder à l’analyse immédiate des besoins », a-t-il ajouté dans sa Note.

En fin d’après-midi, le Gouvernement par l’entremise de son Chef, Ariel Henry,  a émis signe de vie en se faisant « accompagner  par les ministres des TPTC, de la Défense, de l’Environnement », et en se rendant au Centre d’opération d’urgence national (COUN). C’est ce qu’a fait savoir M. Henry en indiquant que cela  s’inscrit « dans le cadre des dispositions urgentes à prendre en vue de venir en aide aux populations sinistrées, victimes des intempéries qui s’abattent sur le pays ».

Des appels à la prudence

Dans un communiqué du 1er juin 2023, la Direction Générale de la Protection Civile a affirmé avoir réalisé diverses activités avec ses partenaires nationaux et internationaux afin de « multiplier les actions d’information et de sensibilisation aux multiples risques pouvant affecter les communautés les plus exposées ». À travers ce message, les autorités recommandent à la population de rester informée des dernières prévisions météorologiques et de suivre les consignes des autorités locales afin de réagir de manière appropriée en cas de manifestation éventuelle d’un cyclone ou de tout autre risque naturel pouvant constituer un enjeu majeur pour leur sécurité ».

C’est également le cas de certains organismes de la société civile comme l’association des Citoyens protecteurs de l’Environnement (Col-vert Haïti) qui, à travers une Note, appelle la population à rester vigilante, et les autorités à prendre les mesures nécessaires. L’association estime que « toutes les citoyennes et tous les citoyens doivent faire preuve de solidarité afin de protéger leur vie et leurs biens ».

Pour l’agronome Talot Bertrand, une série de mesures doivent être prises par le Gouvernement. « Il est important que des matériels de travaux publics soient pré-positionnés au niveau des zones les plus vulnérables ; des interventions d’urgence doivent être faites pour accompagner la population, notamment les communautés des zones vulnérables ; en outre, il est fortement recommandé au Gouvernement de la République d’Haïti de déclarer l’état d’urgence catastrophique sur le territoire national », peut-on encore lire dans sa Note au Gouvernement.

El Niño de retour

Surnommé « l’enfant terrible du pacifique », le phénomène climatique El Niño, caractérisé par une hausse de température dans l’Océan Pacifique Est jusqu’aux côtes sud-Américaines et un climat très sec semble être de retour. « Les prévisions de mai 2023 suggèrent une probabilité de 82 % de conditions El Niño commençant en mai-juillet 2023 », ont indiqué le PAM et la FAO dans un rapport du 29 mai 2023, craignant les implications du phénomène pour plusieurs points chauds de la faim dans le monde.

Selon la Direction Générale de la Protection Civile, El Niño devrait affaiblir les activités cycloniques, mais également provoquer une vague de chaleur. « Comparée aux années précédentes, cette saison devrait être moins active en raison de plusieurs facteurs, notamment le retour du phénomène climatique El Niño dans la zone Atlantique. Avec ce phénomène, le développement des tempêtes pourrait suivre une trajectoire descendante en raison de sa capacité à affaiblir les activités cycloniques. Cependant, la manifestation d’El Niño va provoquer des vagues de chaleur qui augmenteront la température de l’air ambiant », lit-on dans son communiqué du 1er juin 2023.

« Le nombre de systèmes à surveiller entre le 1er juin et le 30 novembre 2023 diminue relativement, passant de 12 à 17 tempêtes nommées, dont 5 à 9 pourraient se transformer en ouragans, dont 1 à 4 pourraient être majeurs. Cela laisse penser que malgré les prévisions rassurantes de la NOAA, les phénomènes hydrométéorologiques cycloniques seront toujours en formation et pourront se manifester à tout moment dans la zone nord de l’Atlantique, notamment dans la caraïbe », a poursuivi la DGPC.

Naufrage à Anse-à-Pitre

Alors que le Service Maritime et de Navigation d’Haïti (SEMANAH) demande aux petites embarcations de « rester dans leur port d’attache ou dans les eaux abritées » jusqu’à nouvel ordre à cause des « conditions météorologiques humides et instables à différentes couches atmosphériques » qui provoquent des averses orageuses sporadiques sur le pays ce  3 juin, un drame a déjà été enregistré à Anse-à-Pitre, dans l’Arrondissement de Belle-Anse, Sud-Est du pays.

« Sud-Est : Un bateau, baptisé Métropole et reliant Anse-à-Pitres et Marigot, a coulé au large de Côte-de-Fer, ce samedi matin. Quatorze survivants ont été récupérés dont un, dans un état grave, a été évacué vers un centre hospitalier », a annoncé ce samedi la Protection Civile sur Twitter, indiquant la mort d’un homme de quarante ans, aucune information sur le nombre de passagers à bord du bateau jusqu’à l’heure.

De son côté, dans son bulletin météo maritime de ce samedi, l’Unité hydrométéorologique du MARNDR avait annoncé pour la zone côtière Sud des vents du secteur sud à 10 nœuds, des vagues s’élevant de 2 à 4 pieds, une mer peu agitée et des averses et orages isolés, recommandant donc aux voiliers de prendre des précautions. Par ailleurs, les prévisions maritimes sont plus inquiétantes dans la zone côtière Nord et dans le Golfe de La Gonâve où les vents du secteur Sud-Ouest soufflent entre 10 et 15 nœuds, pour des vagues à hauteur de 3 à 5 pieds et une mer allant de peu agitée à ‘’agitée’’. Des averses éparses ont été également prévues en mer, et les petites embarcations sont priées de ne pas s’y aventurer.

Pour dimanche et lundi, l’Unité Hydrométéorologique prévoit que le temps redevienne un peu plus calme mais annonce que certaines activités pluvieuses restent encore possibles sur le pays en soirée.

Clovesky André-Gérald PIERRE

cloveskypierre1@gmail.com

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