Port-Salut, la commune aux belles plages, fragilisée par les aléas climatiques
4 min readAvec un passé de gloire et de succès au niveau du tourisme balnéaire, Port-Salut a été longtemps une commune réputée pour ses longues plages de sable naturel. Elle accueillait bon nombre de touristes au siècle dernier et des troubadours ont chanté sa beauté et sa nature luxuriante, son relief accidenté, sa végétation, sa propreté et la simplicité de sa population. Toutefois, fragilisée par les catastrophes naturelles, abandonnée à son sort, cette commune se questionne sur son futur incertain.
Port-Salut est un ancien bourg dont l’établissement remonte à l’année 1788. Elle est situé sur une anse qui forme un port où des barques fragiles trouvaient autrefois un refuge sûr contre tous les vents – d’où le nom distinctif du bourg: Pointe de l’Abacou, une altération du mot indien « bocao ». Selon un PLAN D’AMENAGEMENTET D’EXTENSION DE LA COMMUNE DE PORT-SALUT proposé par le ministère du tourisme, suivant le plan directeur tourisme Sud en 2009, la ville de Port-Salut est une localité côtière qui a été fondée en 1788. Elle a été élevée au rang de commune en 1917. Avec sa superficie de 48,79 kilomètres carrés, elle comporte quatre sections communales qui sont : Barbois, Dumont, Anse à Drique et Lazarre. Le relief dominant est soit le morne, soit le plateau.
Elle est traversée par la route nationale numéro 2 qui évite la plage de « Pointe Sable » pour arriver de Tiburon à la Grand-Anse. Port-Salut se trouve malheureusement sur une zone à risque. Les dommages prévisibles sont souvent causés par les ouragans qui provoquent des raz-de-marée et des inondations dans la région côtière. Ses habitants se nomment Port-Salviens (nes). Les retrouvailles pour la fête champêtre du 4 août se font au nom de leur Saint-Patron, la Sainte Dominique.
Depuis le début du 21e siècle, cette ville côtière a subi bien des catastrophes naturelles. La vie est devenue peu à peu plus difficile à cause des cyclones annuels suivis dernièrement du tremblement de terre du 14 août 2021.
Rose Mildred Sénat, une jeune agronome qui évolue dans cette localité se plaint de l’inégalité qui ronge la ville depuis le début de ses moments sombres. « Après le passage du cyclone Matthew, la mort rôdait dans la ville. La cherté de la vie et le départ des fils de la commune ont fortement marqué l’évolution de la commune. Les pertes n’ont jamais été comblées et d’autres personnes profitent de notre triste sort », explique-t-elle.
Au-delà de tous les problèmes qui assaillent Port-salut, la commune reste un petit paradis et une exception touristique en Haïti, spécialement avec la cascade de Touyac et la plage de « Pointe-Sable » qui ne cessent d’attirer les touristes surtout lors des moments de fête. « La cascade Touyac est une eau transparente qui procure des sensations fortes garanties. Réputée pour être l’une des plus belles chutes d’eau du pays, elle concoure avec le Saut-Mathurine (NDLR : À Camp-Perrin) du même département », poursuit Mme Sénat.
La plage de « Pointe-Sable », étendue sablonneuse, s’étend sur deux kilomètres. Elle est bordée de palmiers et de manguiers. La mer calme paraît cristalline, troublée seulement par les déplacements matinaux des pêcheurs à bord de leurs pirogues.
« C’est ce qui contribuait à la vie touristique de la commune. Tout ce littoral propre, ces mangroves et ces algues qui nettoyaient la mer, Port-Salut savait capter l’attention par son coucher de soleil orangé et interminable. Aujourd’hui la presqu’île qui était à l’origine du nom de Pointe-Sable a totalement disparu sous les flots. La tranche de sable entre la mer et les cocotiers, a considérablement diminué. Pointe-Sable n’est désormais qu’un simple souvenir ! », estime l’agronome.
La plage Dauphinée, la place Résistance et la plage Petit’Anse complètent les sites à visiter à Port-Salut. Des sites qui résistent encore malgré le déclin du secteur touristique. Les principales activités économiques de la commune étant la pêche et l’artisanat sont les seules sources de revenus de la ville qui espère pouvoir se relever un jour. Port-Salut a de nombreux atouts et des ressources potentielles à exploiter pour retrouver sa grandeur du temps passé mais la crise multidimensionnelle dans laquelle s’enfonce le pays ne facilite pas la réalisation de ce projet.
Geneviève Fleury