Qui n’est pas avec nous est contre nous!
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Dans le contexte actuel, il est difficile d’identifier clairement qui sont les amis d’Haïti et qui sont ses ennemis. Tous les acteurs nationaux et internationaux sont en train de jouer le double jeu. À chaque pas fait dans le sens de l’avant, ils en font dix en arrière.
Depuis deux ans, le pays est plongé dans une instabilité sociopolitique sans précédent. On a amené, vraisemblablement, le pire des gouvernements au pouvoir. Un Exécutif qui fait preuve d’un laxisme révoltant. Des hommes d’État qui se complaisent dans l’anarchie et la barbarie. Le nombre des violations des droits de l’Homme a explosé. Le coût de la vie a augmenté à un rythme exponentiel. La misère et la peur hantent aujourd’hui la population civile. Des Ministres dudit Gouvernement, qui sont censés être des protecteurs de la nation, ont choisi de protéger et de financer des gangs qui massacrent la population impunément si l’on en croit les listes internationales des sanctions.
Les statistiques concernant le programme humanitaire des États-Unis montrent que le pays se dépouille de ses forces vives. Les départs vers le Nicaragua sont également préoccupants. Le pays est en train de se vider de ses dernières gouttes de sang. À l’interne, les gangs tolérés par l’équipe au pouvoir font le nettoyage. À l’externe, des pays dits amis d’Haïti s’en occupent d’une autre manière en attirant dans leurs filets ceux qui sont à bout de souffle, qui refusent de croire et d’espérer. Ceux qui qui ne décident plus de résister.
Tous les acteurs sont en train de jouer la montre. Chaque jour on attend que ça se corse davantage. Le Gouvernement a passé un an à attendre l’ONU sans rien faire. Seul, cet organisme international sait combien de temps cela va prendre avant l’intervention. Vu l’insistance du pouvoir et la détermination douteuse des États-Unis dans cette affaire, ils laissent penser que la détérioration sécuritaire du pays est un accident, serait un parasite sorti de nulle part. Raison de plus de se demander qui est réellement avec nous? Qui souhaite de tout cœur notre bonheur ?
À priori, on devait faire confiance à ceux qui nous dirigent. Cependant au regard de la conjoncture et de ces dix dernières années, il n’est pas sûr que la réponse soit le pouvoir. Ce dernier qui n’arrête pas de jouer le trouble-fête. Qui laisse pourrir la situation pour satisfaire des agendas non avoués. Cet Exécutif qui publie des communiqués principalement pour la consommation médiatique haïtienne dans le dossier du canal d’irrigation de Ouanaminthe sans s’impliquer réellement dans le projet endossé par la population. Pas sûr non plus qu’il s’agisse des étrangers qui avancent leurs pions minutieusement sans donner l’assurance de leur bonne foi. Vivre dans le doute est une situation qui frustre et qui torture l’esprit.
Au niveau de l’opinion publique, ça continue de cogiter. En deux mois, personne ne peut dire clairement à qui profitent les actions gouvernementales. Personne ne peut expliquer les retombées positives de la suspension de la subvention de l’État concernant les produits pétroliers. Personne n’est en mesure d’expliquer la toute-puissance des gangs armés. La complicité ou le silence des leaders politiques. Nous sommes délaissés. Nous sommes abandonnés. Nous ne savons pas qui est avec nous et qui est contre nous. C’est le flou total. Donc, à chacun de se faire son opinion.
Daniel SÉVÈRE
