Répliques sismiques : les drôles rappels de la terre
4 min readLes journées du 23 et du 24 janvier 2022 ont ramené l’inquiétude dans le cœur de la population haïtienne en rappelant la vulnérabilité d’Haïti au risque sismique. En effet, des séismes de magnitude supérieure à 5 sur l’échelle de Richter ont été enregistrés dans les départements du Nord-Ouest et des Nippes au début de la semaine. Au moins deux morts à déplorer.
Le dimanche 23 janvier 2022, une réplique sismique, selon Claude Prépetit, de magnitude 4,3 sur l’échelle de Richter, a touché le département du Nord-Ouest à 30 km du Môle Saint-Nicolas, dont l’épicentre se situait à 10 km de profondeur. Ce tremblement de terre, selon les données enregistrées, n’a pas fait trop de dégâts. Environ 24 heures plus tard, c’était le tour du département des Nippes de subir la pression sismique.
En effet, suite à plusieurs répliques, le département des Nippes a été secoué le lundi 24 janvier 2022. Un premier séisme de magnitude 5,6 a été localisé à 3 km de la ville d’Anse-à-Veau, à environ 26 km au nord-ouest de Miragoâne. Un deuxième a été enregistré moins d’une heure après à Petite Rivière des Nippes, dont l’épicentre se trouvait à 9,7 km de profondeur à 8.5 km au sud-est d’Anse-à-Veau.
La panique
D’après ce qu’a appris le journal Le Quotidien News, la panique a été totale dans la zone sud du pays, surtout au niveau du département des Nippes. Des écoles ont fermé illico leurs portes vu la frayeur des élèves et des parents ; des institutions publiques et privées ont ajourné leurs activités, des blessés ont été recensés par dizaines et des maisons affectées par centaines. Les effets ont été ressentis au niveau de la capitale de Port-au-Prince ainsi que dans des régions proches de celle-ci, telles que la région des Palmes incluant les communes de Petit-Goâve et de Léogane.
Le bilan
Pas moins de 21 élèves sont sortis blessés à Miragoâne. Ils ont été transportés d’urgence à l’hôpital. Certains d’entre eux se sont évanouis. À Fonds-des-Nègres et à Anse-à-Veau, deux personnes ont été tuées. Les autorités ont fait état de 52 blessés, 834 familles sinistrées, 181 maisons détruites et 591 autres endommagées.
Les risques sont toujours présents
Selon les scientifiques, Haïti se trouve dans une zone à haut risque sismique. En effet, le pays est traversé par deux grandes failles susceptibles de provoquer de séismes majeurs. Il s’agit de la faille du Lac Enriquillo et celle septentrionale qui est, elle-même, très dangereuse en raison del’importante énergie qu’elle emmagasine depuis des années.
Selon la Revue du Collège de France, le pays se trouve en bordure de la plaque tectonique nord-américaine et sur la ligne importante de quatre failles de la plaque des Caraïbes. Si la plaque de l’Amérique du Nord se déplace à raison de 20 mm/an, celles septentrionales au Nord d’Haïti et du Lac Enriquillo au Sud du pays, partagent un mouvement décrochant de 10 mm/an. Ceci représente une menace sismique élevée par conséquent pour Haïti qui, récemment, a connu des séismes sévères. À noter que, selon les données scientifiques, les premiers grands séismes qu’a connus Haïti furent ceux du 18 octobre 1751, du 3 juin 1770 et surtout du 7 mai 1842 qui ont ravagé la ville du Cap Haïtien. Au 21e siècle, Haïti a encore connu des tremblements de terre dévastateurs. En effet, ceux du 12 janvier 2010 et du 14 août dernier ont fait des dégâts considérables.
« Le tremblement de terre n’est pas une fatalité, il faut se préparer»
Si Haïti est en proie à des tremblements de terre majeurs, ceux-ci ne sont pas, comme le signale souvent l’ingénieur géologue Claude Prépetit, une « fatalité ». Il faut se préparer contre les éventuels tremblements de terre. Pour cela, certains paramètres doivent être pris en considération, tels que l’éducation de la population et la construction de maisons parasismiques, sachant que la plupart des habitations sont mal construites et que de plus la population est mal informée des risques sismiques.
Tout au long de la semaine, la série de répliques a continué. Dans l’Ouest, notamment à Léogane, une réplique de 4.6 de magnitude a semé la panique le 25 janvier dernier. Plusieurs autres secousses ont été ressenties dans l’intervalle. D’après le Directeur général des mines et de l’énergie, ces secousses se situent dans ce qu’il appelle la continuité « des répliques » du cataclysme du 14 août 2022.
Jonas Reginaldy Y. Desroches