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Richard Senecal , une leçon de réussite professionnelle

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Richard Senecal est l’un des plus grands cinéastes haïtiens. Les œuvres de ce dernier ont connu des succès tant à l’échelle nationale qu’à l’échelle internationale. « Je garde sur l’ensemble de mon travail un regard critique. Je considère qu’en gros, j’ai fait ce que j’ai pu, avec les moyens que j’avais », a déclaré M. Senecal lors d’une entrevue accordée au journal Le Quotidien News.

Né à Port-au-Prince le 1er avril 1967, Richard Senecal a grandi sous la dictature des Duvalier. « Mon enfance s’est déroulée en zone métropolitaine, d’abord à Petion-ville puis, après la séparation de mes parents, dans le quartier de Saint Antoine à Port-au-Prince. J’ai été élevé par ma mère seule en compagnie d’une sœur et d’un frère plus jeunes que moi. Quoique modeste, je n’ai jamais manqué de rien et je garde le souvenir d’une enfance sans histoire », a-t-il raconté.

Richard Senecal a fait toutes ses études classiques en Haïti. Après avoir bouclé ses études secondaires, il a étudié les télécommunications et la communication sans jamais abandonner ses deux passe-temps. Il s’agit de la photographie et l’informatique. « Je suis arrivé à l’audiovisuel par goût mais aussi un peu par hasard. C’est pendant une année de stage à Clairimage, la boite de production de Bob Lemoine, que j’ai appris les diverses techniques de production et de post-production. J’ai rejoint ensuite Mancuso Productions où j’ai contribué entre autres à la réalisation de l’émission pour enfants Ritounel et aux dernières saisons des Aventures de Languichatte », a enchainé le cinéaste.

Au cours de sa carrière, il a collaboré avec Jean Pierre Brax. Il a également travaillé à la TNH. M. Senecal a animé l’émission culturelle Fashion pendant quelques années sur la télévision Nationale d’Haïti. Il a rejoint Vidéo Plus Productions de Jean Pierre Grasset qui deviendra plus tard Imagine Haïti. « J’y suis encore », a-t-il mentionné.

« Au fil des années, j’ai réalisé des centaines de spots publicitaires, vidéoclips, des dizaines de documentaires ou films institutionnels. Sur le plan journalistique, j’ai collaboré de manière soutenue pendant un moment avec Visnews puis Reuters et de manière ponctuelle avec des chaînes comme CBS, BBC, CNN, etc », poursuit-il.

Vers les années 90, il s’est engagé dans la production de longs métrages de fiction avec des contributions sur des projets comme « Pouki se mwen », « La peur d’aimer », « Bouki nan paradi », pour ne citer que cela. « Mes propres films ont suivi: Barikad, Cousines, I love you Anne. Depuis quelques années, je suis très engagé sur le front des grands documentaires avec des films comme « Le violoniste » ou « Naissance d’une Diaspora »», a indiqué M. Senecal.

Combien de temps avez-vous dans le domaine du cinéma ?

«Comme je l’ai mentionné plus tôt j’ai basculé dans le cinéma à la fin des années 90. Ma première contribution directe a été le scénario de « Pouki se mwen », un moyen métrage de Réginald Lubin et Jean-Pierre Grasset pour éduquer et sensibiliser sur le SIDA qui faisait encore pas mal de ravages à l’époque. Puis j’ai travaillé comme chef opérateur et monteur sur « La peur d’aimer » du même Réginald Lubin », a répondu Richard Senecal.

Le chef opérateur de ‘’La peur d’aimer’ ’dit garder sur l’ensemble de son travail un regard critique. « Celui qui est satisfait ne s’améliore plus. Je considère qu’en gros, j’ai fait ce que j’ai pu, avec les moyens que j’avais. Il y a eu bien sûr le succès auprès du public ainsi qu’une certaine reconnaissance internationale. Mais je me dis toujours que le meilleur reste encore à venir malgré les temps difficiles et des perspectives de moins en moins évidentes».

Les difficultés rencontrées dans ce domaine par Richard Senecal sont nombreuses. Selon lui, un film c’est bien sûr une histoire mais c’est aussi un budget soutenu par des financements. «Nous sommes rarement en panne d’histoires. Les financements, par contre, sont difficiles à trouver. Le marché du film haïtien est modeste quand on le compare par exemple aux marchés du film africain ou latino-américain. Il y a les limites de notre belle langue créole et notre insularité », a déploré M. Senecal.

En outre, il a fait remarquer que ce qui restait de notre faible infrastructure de diffusion en salles a été complètement détruit pendant le séisme de 2010. « La distribution sur d’autres supports est entravée par le piratage massif. Internet et les réseaux sociaux n’arrangent pas les choses même s’ils amènent de nouvelles opportunités », ajoute-t-il.

Les perspectives de Richard Senecal

«En pleine crise interminable socio-politique, en pleine pandémie de Covid-19, il est difficile en ce moment de parler de perspectives. L’avenir n’a jamais été aussi incertain. Survivre déjà et si possible, continuer à créer. J’avais déjà une présence sur les plateformes en ligne que je compte renforcer. Je pense par exemple à Amazon Prime ou ma plateforme personnelle FilmHaiti.com mais aussi, pourquoi pas, à Netflix ou d’autres projets plus communautaires. Mais on avance à vue en ce moment. Impossible de faire autrement », a déclaré M. Senecal.

Son plus grand objectif est de continuer à faire des films mais aussi s’impliquer davantage dans la formation des jeunes. «J’ai réalisé ces dernières années des projets d’atelier qui ont permis à des jeunes de s’initier aux différents métiers du cinéma. Ce furent des expériences enrichissantes que j’aimerais continuer et peut-être porter à un autre niveau », a-t-il relaté.

Par ailleurs, si l’on en croit les propos de Richard Senecal , la nouvelle génération de cinéastes haïtiens a beaucoup de potentiel, mais, d’après lui, quelque part, pas assez de culture. « La culture c’est la base du cinéma. Et la culture ce n’est pas que Hollywood. Ils doivent s’ouvrir plus largement au monde tout en n’ayant pas peur de puiser dans leur vécu, dans notre imaginaire », a laissé croire M. Senecal.

Olry Dubois

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