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S.O.S des hôpitaux en Haïti qui risquent de fermer leurs portes faute de carburant

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Depuis environ deux semaines, la circulation à Port-au-Prince est paralysée. Entre les mouvements populaires et les grèves, il est difficile de se déplacer et de vaquer à ses activités. La pénurie de carburant arrive à un point que les écoles, les banques, les magasins et même les hôpitaux peinent à fonctionner et que  « des vies sont déjà perdues ». Ne pouvant plus s’alimenter en carburant, plusieurs hôpitaux réduisent leurs services et risquent de fermer si la situation ne s’améliore pas.

L’accès aux services de santé en Haïti est très difficile, déjà en temps ordinaire. Les hôpitaux disponibles sont largement insuffisants pour la population. Souvent sous-équipés, ces derniers ont souvent du mal à satisfaire les besoins de leurs patients. Confrontés à toutes sortes de problèmes et de crises, les services de santé publique s’effectuent fort souvent dans des conditions extrêmement difficiles. Les coûts des services sont trop élevés pour certains, ceci avec ou sans assurance médicale! Par conséquent, des Haïtiens meurent tous les jours, faute de soins appropriés dans les hôpitaux.

Au moment de la rédaction de cet article,  la situation est alarmante. La pénurie de carburant devient de plus en plus incontrôlable. Et la décision du gouvernement d’augmenter les prix des produits pétroliers n’a guère résolu le problème. Au contraire, la situation s’aggrave. La population mécontente bloque souvent  la circulation, en espérant que le gouvernement revienne sur sa décision. Mais entre-temps, des gens souffrent et meurent, faute de soins! Plusieurs hôpitaux se déclarent impuissants face à certains cas qui se présentent à eux. D’autres menacent même de fermer leurs portes!

Selon l’Organisation Panaméricaine de la Santé/Organisation Mondiale de la Santé (OPS/OMS) des Nations Unies, les services de santé en Haïti sont complètement paralysés. Le manque d’accès au carburant affecte environ les trois quarts des principaux hôpitaux du pays et réduit considérablement les opérations du Centre Ambulancier National de Port-au-Prince qui, selon les récentes données de l’OPS, ne fonctionnent qu’avec trois ambulances. Tandis que dans certains endroits situés en dehors de la capitale, ces services sont totalement interrompus.  Par conséquent, certains hôpitaux sont incapables d’admettre de nouveaux patients et se préparent à fermer, a fait savoir l’OPS le 26 septembre dans un communiqué.

En dehors des personnels de santé qui ne peuvent se rendre au travail, le réapprovisionnement en médicaments et en intrants médicaux est très difficile, ce qui ralentit le fonctionnement des hôpitaux, a souligné l’instance de santé panaméricaine. D’après la coordinatrice résidente et humanitaire des Nations Unies en Haïti, Ulrika Richardson, « des vies sont déjà perdues en Haïti » à cause de ces graves problèmes. « Si cette situation perdure, des services vitaux risquent de s’arrêter, notamment pour les femmes enceintes, les nouveau-nés et les enfants, ainsi que pour les personnes souffrant de traumatismes et autres infections potentiellement mortelles », prévient Mme Richardson.

Les hôpitaux sont les premières victimes de cette crise pétrolière et humanitaire. En effet, les interventions chirurgicales comme les césariennes, la conservation des vaccins, l’approvisionnement en oxygène sont devenus très problématiques, a fait savoir l’OPS. De plus, les catégories les plus vulnérables, à savoir les femmes enceintes, les enfants, les personnes âgées, les personnes atteintes d’une maladie chronique et les cas d’urgence sont les premières victimes. D’ailleurs, le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF), estiment qu’environ 22 100 enfants de moins de cinq ans et plus de 28 000 nouveau-nés risquent de ne pas pouvoir recevoir de soins  dans les quatre semaines qui suivent si la situation n’évolue pas.

Dans ce communiqué, les Nations Unies rappellent leur collaboration avec les autorités sanitaires dans le cadre de l’installation des systèmes d’alimentation en énergie solaire pour améliorer la conservation de la chaîne du froid et permettre aux services de maternité de se poursuivre sur 12 sites. Toutefois, ils soulignent que l’énergie solaire est insuffisante pour permettre aux hôpitaux de fonctionner pleinement. L’OPS/OMS entend collaborer avec les autorités sanitaires et ses partenaires pour remettre en état les services médicaux d’urgence d’un grand hôpital public et fournir des fournitures médicales, aux côtés de l’UNFPA, dans deux des plus grands hôpitaux publics de Port-au-Prince, afin de renforcer les soins vitaux.

Les impacts de la crise sur les hôpitaux ne sont pas minimes. Dans une note, l’Hôpital Bernard Mevs a annoncé la mise en place d’un plan de réduction du personnel et des services disponibles, faute de diesel et craint d’être obligé de fermer définitivement si la situation de crise perdure. Le problème ne se limite pas à Port-au-Prince. D’ailleurs, dans le Nord, l’Hôpital Sacré-Cœur de Milot a informé que ses réserves en produits pétroliers sont presque à sec et si rien n’est fait, ils devront fermer.

D’autre part, c’est la même rengaine pour l’organisation Nos Petits Frères et Soeurs et la Fondation Saint-Luc. Elles informent que les hôpitaux Saint-Damien et Saint-Luc et le Centre de physiothérapie Saint Germaine sont menacés de fermer à cause de la pénurie de carburant. Ces derniers lancent un appel aux principaux fournisseurs de carburant, aux autorités étatiques et aux particuliers, car s’ils sont dans l’impossibilité de fonctionner, ce sont les services de pédiatrie pour environ 153 enfants hospitalisés, plus de 47 femmes enceintes hospitalisées, sans compter les services de soins d’urgence et les soins de traumatologie qui risquent de fermer, sous peu.

D’autres hôpitaux à travers le pays sont exposés aux mêmes problèmes. Aujourd’hui, la population haïtienne a perdu tous ses droits. Y compris le droit d’avoir accès aux soins de santé en toute quiétude! La nation  souffre de tous les maux possibles et imaginables. Le premier peuple noir libre est embourbé dans une crise à nulle autre pareille. Et comme à l’accoutumée, la population est l’éternelle victime!

Leyla Bath-Scheba Pierre Louis

pleyla78@gmail.com

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