Saint-Raphael, ville nourricière du Grand Nord
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« San Rafael de la Angostura » dit Saint-Raphaël est une ville d’Haïti qui a accédé au rang de commune suite à des revendications politiques. Elle est peu connue au Sud alors qu’elle dessert presque toutes les communes l’environnant au Nord. Malgré la difficulté d’accès, Saint-Raphaël ne rate pas la saison des fêtes pour remercier son Saint-Patron de la récolte, pour sa production maraîchère.
L’ancienne commune de l’arrondissement de la Grande-Rivière-du-Nord dispose d’un grand débouché sur la commune de Saint-Michel-de-l’Attalaye. Ce qui induit en erreur certaines personnes qui la situent sur la commune de l’Artibonite. Cependant, Saint-Raphaël n’est autre qu’une commune du département du Nord. Elle a été fondée par Andrés de Heredia en 1761. Elle compte 4 sections communales : Bois-Neuf, Mathurin, Bouyaha et San-Yago. Elle possède quatre montagnes : Morne Bois Neuf, Morne Fort Rivière, Morne Jean Laurent et Morne Laberrée. Son plus haut sommet est le Morne Duval.
Saint-Raphaël était une ancienne habitation coloniale. Certains vestiges témoignent de son ancienne position : les ruines du Fort Neuf à Bois Neuf qui complétait le Fort Rivière dans le système de défense post-colonial resté inachevé et Le Fort Rivière qui est intégré à un ensemble d’une vingtaine d’ouvrages militaires aménagés sur le territoire après l’indépendance en 1804. C’était un système défensif érigé contre un éventuel retour des Français, anciens maîtres de la colonie de Saint-Domingue. En 1915, le Fort Rivière a été le théâtre d’un important événement de la résistance à l’occupation d’Haïti par les États-Unis d’Amérique. Ses ruines sont situées à Mathurin.
La commune possède un lycée: le Lycée Charlemagne Péralte de Saint-Raphaël et une grotte. Saint- Raphaël qui se situe au pied de la montagne à l’ouest de la ville, en face de l’Église Catholique de Saint Raphaël, qui fête son Saint Patron le 29 septembre.
« Une fête qui rassemble les fils de la commune, explique Etienne Dieudonné, un raphelois. La diaspora est au rendez-vous et la fête est célébrée comme un jubilé. Il faudrait être là pour témoigner ».
La commune de Saint-Raphaël est réputée pour ses produits maraîchers. Ils représentent la principale activité agricole dans la commune de Saint-Raphaël située à 116 km de Cap-Haïtien, accessible par le morne Grand Gilles, une pente glissante. Etienne raconte les péripéties des chauffeurs qui peinent à circuler dans cette route.
« Ce morne, dit-il, donne du fil à retordre aux chauffeurs de transport public. En saison sèche, la poussière aveugle les passants et en saison pluvieuse, elle est glissante et les grosses voitures à remorque causent parfois des accidents mortels. Le gouvernement a oublié cette partie du pays alors qu’il l’emprunte quand Gonaïves est bloqué ».
Située à 45 km de la ville de Hinche dans le département du Centre, la commune de Saint-Raphaël est aussi enclavée entre les communes de Pignon, Saint-Michel-de-l’Attalaye, Dondon et Hinche, et accessible grâce au « pont Limite » situé sur la rivière Bouyaha, offert par le gouvernement français et installé en février 2009. Ces communes ont aussi bénéficié d’un tronçon de route ces dernières années qui rendent l’accès facile pour le transport des marchandises.
« Je préfère vendre mes denrées dans ces villes. La route est asphaltée et soyeuse. Il y a aussi les « gildiv » de Pignon dans lesquels j’achète mon « kleren » pour faire la route. Ça rafraîchit », confie Etienne.
Cependant, le plus dur pour les Raphelois, c’est la méthode pratiquée pour la semence des denrées. Les agriculteurs utilisent les méthodes traditionnelles pour le labourage des terres. Serpettes, pioches et bétails sont utilisés pour retourner la terre. Pas de machines modernes, les quelques agronomes de la commune essaient tant bien que mal de prodiguer quelques conseils, mais les habitants restent attachés aux pratiques de semence traditionnelle en faisant travailler des enfants en bas âge pour aller plus vite.
Dans le temps, des bandits armés avaient l’habitude de réclamer leur dû sur les récoltes. Toutefois, avec la construction d’un tribunal de paix composé d’un bâtiment comportant une salle d’audience de 50 places, six bureaux et des espaces pour les archives, les actes de banditisme deviennent moins fréquents.
La commune a aussi un marché pour les commerçants de vivres alimentaires. Il comporte des comptoirs pour les détaillants (dépôts, magasins) et des bureaux administratifs pour la mairie. Ce marché a été l’œuvre d’une firme haïtienne qui a utilisé 100% de capitaux haïtiens et de la main-d’œuvre haïtienne, la SECOSA (Supervision-Études-Construction S.A.). Il est construit sur un terrain d’une superficie de 19350 hectares.
« Saint-Raphaël est une commune paisible qui fait appel à ses fils de la diaspora. La commune a besoin de vous pour se préparer pour la fête. C’est votre mère et vous devez en prendre soin », lance Etienne aux originaires de sa commune.
Geneviève Fleury
