Le Ministère de la Jeunesse, des Sports et de l’Action civique (MJSAC) est probablement au cœur d’un scandale majeur. L’organisation de la société civile Ensemble Contre la Corruption (ECC) a publié, le 4 juillet, les résultats d’une enquête menée entre le 4 et le 30 juin 2025, mettant en lumière de graves dérives dans la gestion de cette institution publique.
Ensemble Contre la Corruption (ECC), dans un rapport publié le 4 juillet 2025, a fait état d’un système de gestion opaque et contesté au sein sur le Ministère de la Jeunesse des Sports et de l’Action Civique (MJSAC). Selon ECC, l’enquête s’est appuyée sur les témoignages de 21 personnes, parmi lesquelles des employés, des contractuels et des bénéficiaires de programmes. Les résultats pointent vers des irrégularités administratives et financières d’une ampleur préoccupante, impliquant directement la ministre en fonction, Niola Lynn Sarah Dévalis Octavius.
Le rapport détaille plusieurs axes de dysfonctionnement :
· Utilisation abusive de cartes bancaires pour des achats personnels, notamment de carburant et pour des événements officiels dont les justificatifs restent introuvables.
· Paiements de biens et services jamais livrés, pour un montant estimé à plus de 50 millions de gourdes, affectant particulièrement des programmes destinés aux jeunes.
· Détournement présumé de chèques appartenant à des contractuels ou même à des personnes décédées, une pratique qui relance le débat sur le contrôle des listes de bénéficiaires.
· Rançonnement de jeunes bénéficiaires du Programme d’Appui Socioéducatif pour la Jeunesse et le Sport (PASOJEPS), censé promouvoir l’insertion sociale.
· Décaissements injustifiés de plusieurs millions de gourdes pour les fêtes nationales, sans production de rapports financiers ni d’audits publics.
Des pratiques qui interrogent la gouvernance publique
Ces révélations interviennent dans un contexte où la gouvernance des institutions publiques haïtiennes est régulièrement remise en cause. Les pratiques dénoncées par ECC s’ajoutent à une longue liste de scandales qui entament la crédibilité des ministères et alimentent le scepticisme des citoyens.
Pour ECC, ce constat souligne un besoin urgent de réforme : « Il faut instaurer une culture de reddition de comptes et protéger les bénéficiaires des programmes sociaux des abus de pouvoir », peut-on lire dans le rapport.
Appels à des enquêtes et à des sanctions
L’organisation recommande aux institutions compétentes – ULCC, UCREF, Inspection Générale des Finances (IGF) et la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif (CSCCA) – d’ouvrir une enquête approfondie et de transmettre les conclusions au parquet financier pour d’éventuelles poursuites judiciaires.
De leur côté, certains acteurs de la société civile appellent à la mise en place d’un mécanisme de suivi indépendant des finances publiques, pour éviter que des programmes censés soutenir la jeunesse ne deviennent des sources d’enrichissement personnel.
Réactions attendues
À ce jour, la ministre Niola Lynn Sarah Dévalis Octavius n’a pas encore réagi publiquement aux accusations. Des proches du cabinet ministériel, sous couvert d’anonymat, évoquent une tentative de « déstabilisation politique » en pleine période de réformes institutionnelles.
Pour les observateurs, cette affaire pourrait marquer un tournant si les institutions judiciaires saisissent l’opportunité de mener des enquêtes rapides et transparentes.
Hector Marcoslev