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Stéphana Dorval, une encre à la saveur du miel

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Dans les locaux de Makaya Chocolat qui se trouvent à Pétion-ville, la jeune écrivaine Stéphana Dorval a assuré, le samedi 5 juin, la première vente signature de son premier opus, un recueil de poèmes,  paru sous le titre de Siwomyèl ak syèl. Une belle plume qui retient l’attention de notre rédaction.

Avec beaucoup d’humilité, Stéphana Dorval reçoit notre appel ce jeudi aux environs de 15h. Volontiers, la jeune écrivaine accepte notre demande d’entretien et nous donne rendez-vous à 17h. Comme prévu, l’échange a lieu au bout du fil, pendant qu’elle prend une pause après une journée assez épuisante.

Âgée de 23 ans, Stéphana Dorval est l’unique enfant de sa chère mère qui l’a mise au monde le 17 mars 1998 à Delmas. Elle grandit dans les bras d’une mère aimante qui ne veut que le bonheur pour sa fille. Au Collège Saint François D’Assises, Stéphana enchaîne toutes ses classes primaires et secondaires. « Après mes études classiques, je comptais étudier la communication sociale à la Faculté des Sciences humaines. Mais, vu l’irrégularité de cette institution, j’ai tiré un trait sur ce choix pour m’orienter vers une autre discipline », concède la jeune fille qui avoue qu’elle ne s’était pas assez renseignée au sujet des facultés de l’UEH où elle pouvait apprendre les lettres. C’est ainsi qu’elle intègre l’Institut National de Gestion et de Hautes Etudes Internationales (INAGHEI), où elle boucle actuellement son cursus en Gestion des affaires. « L’idée de gérer mon entreprise m’a toujours occupé l’esprit, alors je me suis orientée vers la gestion pour en avoir une meilleure connaissance », explique-t-elle.

Sa passion de l’écriture ne date pas d’hier. Elle se souvient qu’elle écrivait, dès  le début de son adolescence, de nombreux textes succulents dans ses cahiers.C’est seulement à l’âge de quinze ans qu’elle se rend compte de l’amplitude de sa passion pour les lettres. « En fait, je prenais plaisir à écrire des histoires dans mes cahiers, dont mes camarades de classe raffolaient, raconte l’auteure de Siwomyèl ak Sèl. L’une d’elles qui participait un jour à un concours est allée choisir un de mes textes pour le déclamer lors d’un concours. Avec quoi elle a fait un carton et tout le monde a voulu savoir de qui était ce texte », continue l’étudiante en Gestion des affaires. Ainsi, elle a découvert l’infini pouvoir de sa plume. « C’est justement à ce moment-là que je me suis rendu compte que j’avais un véritable talent pour l’écriture », déclare fièrement Stéphana. En classe, ses textes faisaient déjà le bonheur de plus d’un, de ses professeurs de littérature notamment. « Mon professeur de littérature avait apporté sa guitare en classe, et mes camarades s’amusaient à lire mes textes au rythme de la musique », se remémore Stéphana avec beaucoup d’émotion.

« Je m’inspire de tout ce qui se trame dans mon univers, de tout ce que perçoivent mes sens, pour écrire. Je raconte le quotidien de tous », dit la jeune écrivaine qui, avec sa plume, détient l’immense pouvoir de recréer le monde. « Je me vois comme une déesse quand j’écris. Je crée ce que je veux », avance-t-elle. Selon ses dires, l’écriture est pour elle un moyen de découvrir les profondeurs de sa personnalité, de ses sentiments. « Comme j’aime à le dire, je crois que ce sont les mots qui me connaissent le plus qui me viennent à l’esprit, me permettant ainsi de me découvrir davantage », poursuit Stéphana.

Si avant Stéphana Dorval se servait de la langue de Molière pour s’exprimer dans la littérature, aujourd’hui elle prend son pied à se libérer dans le créole haïtien. « Je m’assurais de la narration d’un film documentaire réalisé par Samuel Daméus. Et ce devait être en créole. Ce n’était pas du tout une mince affaire. J’en ai donc profité pour apprendre à découvrir la beauté de cette langue, particulièrement à travers l’œuvre magistrale de Lyonel Trouillot, « Agase Lesperans », raconte Stéphana qui, depuis, ne se lasse de pondre des textes alléchants en créole et espère pouvoir contribuer à l’enrichissement de sa langue maternelle.

“Chodyè m pa al nan mache non !

M lage nan fè Lagos kache ak ban lekol

Kè pòpòz ak lasisin

Griyen dan m nan plan”,Senfoni fènwè .

Un extrait de senfon fenwe, signé par la mordue de la poésie, Stéphana Dorval. « La poésie est un genre qui me plaît. Elle me permet de m’évader en ce sens qu’avec peu de mots, bien ancrés dans des figures de style, je peux exprimer des tas de choses », précise l’auteure de Senfoni Fènwè. Ce dernier titre est une œuvre de Stéphana, produite en trois temps. « C’est en effet un ensemble de textes traversant trois moments forts de ma vie. Je l’avais entamé au dernier Peyi Lòk, à la fin de 2019. J’y ai mis toutes mes frustrations. La seconde partie a été rédigée en 2020 au moment du confinement, tandis que la dernière tranche concerne la deuxième vague du Coronavirus », déclare Stéphana, qui voit en l’écriture une sorte de refuge.

La jeune auteure très prometteuse a rédigé une œuvre des plus exquises, Siwomyèl ak Sèl, un recueil de poèmes, paru aux Éditions Correct Pro. Elle en a fait sa première vente-signature dans les jardins de Makaya Chocolat à Pétion-Ville, le samedi 5 juin dernier. L’une des lauréates du concours national de nouvelles organisé en 2016 par l’Association des professeurs de français en Haïti  (APROFH) et C3 édition, Stéphana Dorval, ne cache pas sa fierté. En effet, elle se dit satisfaite de cette grande première et promet aux passionnés de lecture des œuvres encore plus sensationnelles.

Luczama Statler

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