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Haïti – Insécurité : les gangs sèment la terreur à Martissant

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Depuis le 1er juin 2021, des gangs lourdement armés s’affrontent à Martissant, faisant de nombreuses victimes dans la population. Tandis que certaines Organisations des Droits de l’homme déplorent la situation et le silence des autorités et la mise à genoux des forces de l’ordre, le premier ministre par intérim, Claude Joseph, promet le rétablissement de l’ordre. 

Les affrontements entre gangs reprennent dans la 3ème Circonscription de Port-au-Prince au grand malheur de la population qui en est l’une des premières victimes. Selon le bilan de l’OPC, il y aurait une dizaine de morts, dont des civils, incendie de plusieurs maisons, de petites entreprises de la circonscription. À cela vient s’ajouter des milliers de personnes obligées de fuir leurs maisons pour échapper à la mort, parmi ces gens, des personnes à mobilités réduites et des enfants. Cette situation s’est déroulée sous le silence des autorités tandis que, au regard de l’Office de la Protection du Citoyen (OPC), elle se passe sous leurs yeux.

Lorsque le premier ministre Claude Joseph, s’est rendu sur les lieux, escorté par des forces armées, il a déclaré avoir constaté que la Police Nationale d’Haïti avait repris le contrôle de la situation. En effet, aucun bruit de balle n’a été signalé dans cet intervalle. « Je me demande si, au cours de sa parade dans la zone, le premier ministre n’a pas remarqué ce cadavre gonflé en putréfaction en face de Martissant 7 » déplore, indigné, Maël, un jeune étudiant qui fréquente la route régulièrement pour se rendre en cours

Pourtant, difficile de détecter un signe de vie dans la zone. « Le stress commence lorsqu’on atteint Fontamara 43, lorsqu’on voit la place qui est devenue à la fois station de motocyclettes, de voitures et abri pour des gens qui fuient l’insécurité », déclare Maël, l’une  des victimes des gangs armés. Il poursuit pour dire qu’à partir de Martissant 23, aucun signe de vie : « À partir de l’habitation Leclerc, personne. Les banques de Loto sont fermées, un chien qui traine un squelette dans sa gueule, le tableau est désastreux jusqu’à la 1ère avenue », affirme-t-il. Il souligne avoir remarqué les impacts de balles sur le poste de police de Portail Léogane.

Maël n’est pas le seul à brosser un tel portrait de la zone. Le 8 juin 2021, soit deux jours après le passage du premier ministre, l’écrivain Gary Victor déplorait la situation sur son compte Facebook. « Je viens de passer à Martissant. Je n’ai jamais vu un spectacle pareil. Quartiers fantômes. Tout est fermé. Désert. Pas même un chien dans les rues. », écrit-il.

La Police Nationale d’Haiti à genou, selon l’OPC

Tandis le premier ministre déclare que des instructions ont été données à la Police Nationale  afin de rétablir l’ordre dans les quartiers concernés par la situation, l’Office de la Protection du Citoyen (OPC) estime que la police nationale est à genou. Victimes d’assauts des bandits dans les commissariats et sous-commissariats, les policiers n’ont pas de matériels adéquats pour résister.

Selon un rapport fourni par le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), 8 postes de police auraient été attaqués entre le 1er et le 7 juin 2021 et 8 policiers auraient été tués seulement entre le 5 et le 6 juin 2021, dont plusieurs lors des attaques subies par les postes de police. Cela ferait un total de 32 policiers assassinés entre le mois de janvier et le 6 juin de cette année.

Face à cette situation d’insécurité croissante, l’OPC rappelle qu’il est de la responsabilité de l’Etat d’assurer la protection des citoyens et de protéger les vies et les biens. L’office réclame l’ordre et la paix dans la 3ème circonscription. Elle demande aussi que les réfugiés puissent regagner leurs maisons avec des accompagnements sociaux.

Il est à noter que des échanges de tirs sont encore signalés de temps à autre dans la zone, les mesures de sécurité n’ont pas encore atterries. Cette fois pourtant, la protection des civils souvent avancée pour expliquer la difficulté d’appréhension des bandits dans les zones signalées comme des zones de non-droit ne peut plus être utilisée. Car, comme l’écrivait Gary Victor sur sa page : « Des bandits se déplaçant dans une ville fantôme n’ont plus de bouclier humain ».

Ketsia Sara DESPEIGNES

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