26 novembre 2025

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Survivre au jour le jour, l’épreuve quotidienne de nombreux Haïtiens

En Haïti, des milliers de citoyens vivent dans l’incertitude totale, contraints de se concentrer sur la survie quotidienne. Chaque jour est un défi, entre rareté des ressources, insécurité et instabilité économique. Malgré ces conditions difficiles, la résilience et la débrouillardise de ces Haïtiens restent remarquables.

Dans les rues animées de Port-au-Prince, le quotidien des Haïtiens semble rythmé par une seule loi : survivre au jour le jour. Dans un pays où l’incertitude économique, sociale et politique est devenue la norme, beaucoup de citoyens n’ont d’autre choix que de se concentrer sur ce qu’ils peuvent obtenir aujourd’hui, sans savoir ce que demain leur réserve.

La voix des citoyens

Marie-Josée, vendeuse de fruits sur le marché de Croix-des-Bouquets, exprime cette réalité avec sincérité : « Chaque matin, je me lève avec l’espoir de vendre un peu, juste assez pour nourrir mes enfants. Je ne sais pas si demain j’aurai assez pour payer le loyer ou même acheter du pain. Alors je vis pour aujourd’hui ».

Une réalité partagée

Cette situation touche des milliers de familles dans tout le pays. Les hausses de prix imprévisibles, la rareté de produits de première nécessité et l’insécurité généralisée font partie de leur quotidien. Beaucoup de citoyens n’ont pas d’épargne et dépendent uniquement de leurs gains journaliers pour survivre.

Le point de vue des experts

Selon Désir Ortega, économiste haïtien, « vivre au jour le jour n’est pas un choix culturel ou un trait de caractère du peuple haïtien. C’est une conséquence directe de la fragilité de l’économie, de la faiblesse des institutions et de l’absence de politiques publiques capables de garantir une sécurité minimale pour les familles ».

La débrouillardise, un art de survie

Dans ce contexte, la débrouillardise devient une compétence essentielle. Certains trouvent des solutions temporaires pour joindre les deux bouts : vente de petits objets dans la rue, travaux informels, collecte et revente de matériaux recyclables, ou migration temporaire vers des zones plus sûres. Mais ces stratégies sont souvent précaires et ne garantissent pas de stabilité à long terme.

L’insécurité comme compagnon quotidien

Le quotidien des Haïtiens est également marqué par un stress permanent lié à l’insécurité. Pierre, chauffeur de tap-tap à Port-au-Prince, confie  : « Je ne dors jamais complètement tranquille. Chaque soir, je me demande si je vais rentrer sain et sauf chez moi. L’insécurité est partout : dans les transports, dans les quartiers, même dans nos maisons ».

Les conséquences sur la santé mentale

Cette incertitude impacte directement la santé mentale de la population. Les psychologues locaux rapportent une augmentation des cas d’anxiété et de dépression, fréquemment liés à l’impuissance face à des conditions de vie instables. Selon la psychologue Mireille François, « beaucoup de Haïtiens vivent avec une peur constante de l’avenir. Cette anxiété est légitime, car le système qui devrait les protéger ne fonctionne pas. Leur résilience est remarquable, mais elle est constamment mise à l’épreuve ».

L’éducation et la planification familiale compromises

Le phénomène de « vivre au jour le jour » a également des conséquences sur l’éducation et la planification familiale. De nombreux parents, incapables de prévoir les frais scolaires ou les besoins futurs de leurs enfants, se voient contraints de faire des sacrifices immédiats. L’éducation devient un luxe que tous ne peuvent pas s’offrir régulièrement, renforçant un cycle de pauvreté et de précarité.

Solidarité et résilience communautaire

Malgré cette adversité, des poches de solidarité existent. Les communautés se soutiennent mutuellement, partageant nourriture, informations et ressources. Dans certains quartiers, des associations locales organisent des distributions alimentaires, des ateliers de formation et des programmes de microcrédit pour aider les familles à sortir de la survie quotidienne.

L’urgence des politiques publiques

Pour que le peuple haïtien puisse réellement se libérer de cette logique de survie, il faudra plus que des initiatives ponctuelles. Comme le souligne Désir Ortega, « le gouvernement doit instaurer des politiques publiques efficaces, créer des emplois stables et sécuriser les infrastructures de base. Sinon, le cycle de la survie quotidienne continuera de façon tragique ».

Le courage au quotidien

En attendant ces changements structurels, les Haïtiens continuent de faire preuve d’une force extraordinaire. Chaque journée est un combat pour le pain, la sécurité et la dignité. Chaque soir est un soulagement lorsqu’ils peuvent dire : « Aujourd’hui, nous avons survécu ».

Marie-Josée résume cette lutte quotidienne avec un mélange de fatigue et de fierté : « Je ne sais pas ce que demain me réserve, mais je sais que je ferai tout pour mes enfants. Tant que je peux me lever et travailler, il y a de l’espoir ».

Olry Dubois 

Olrydubois@gmail.com

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