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Tout est « globalement sous contrôle », sauf que des bandits bloquent l’accès au Terminal Varreux !

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Ce 26 septembre 2022, a eu lieu une réunion spéciale du Conseil de Sécurité des Nations Unies sur la crise en Haïti. Jean Victor Généus, Chancelier haïtien, a brillé par son discours contradictoire en la circonstance en présence, entre autres,  des représentants de la République Populaire de Chine, du Canada, des États-Unis, de la Russie et d’organisations internationales. M. Généus a indiqué que tout est « globalement sous contrôle » en Haïti, alors qu’il est toujours impossible aux camions d’aller prendre livraison des produits pétroliers au Terminal Varreux.

La situation d’Haïti semble inquiéter plus d’un sur la scène internationale. Lors de cette session du Conseil de Sécurité, le Chancelier haïtien Jean Victor Généus a dressé le constat de son Gouvernement sur la situation du pays par devant le Conseil. Pour lui, les troubles qui ont lieu dans le pays sont particulièrement l’œuvre de gangs armés alimentés par le secteur économique et quelques milieux politiques. D’autre part, il dit considérer la levée des subventions sur le carburant comme un impératif face à une dépense de 400 millions de dollars par année,  devant contribuer à assainir les finances publiques.

Les propos du Ministre des Affaires Étrangères ont été mal reçus par la société civile haïtienne, ainsi que par la presse nationale et internationale. Lors de son discours, le chancelier  a déclaré que la situation était sous contrôle, et que le professionnalisme de la police haïtienne permettait de rétablir le calme dans diverses régions, alors que le pays est toujours en ébullition, sous le coup de grèves et de manifestations et que les rues sont barricadées. Il a par ailleurs précisé que le terminal Varreux est contrôlé par des gangs disposant d’équipements supérieurs à ceux de la police, ce qui risque de paralyser toutes les structures du pays. « Une telle situation est de nature à paralyser l’État et à jeter le pays dans une paralysie presque totale », a-t-il affirmé avant de réclamer un « accompagnement très robuste de la communauté internationale pour soutenir la PNH contre les bandes armées ».

Les droits humains menacés

Pour Mme La Lime, représentante en Haïti du Secrétaire Général de l’ONU et chef du BINUH, la situation socio-sécuritaire en Haïti porte gravement atteinte aux droits fondamentaux. « C’est une évidence dans ces conditions, les droits fondamentaux et à l’éducation sont compromis de façon catastrophique et l’accès aux services sanitaires et aux services sociaux de base sont régulièrement suspendus », a-t-elle affirmé par-devant le Conseil de Sécurité, avant de recommander à ses membres de prendre des mesures d’urgence.

De son coté, Valérie Garnieri, Directrice exécutive du Programme Alimentaire Mondial dont des locaux ont été pillés aux Gonaïves, parle de « désespoir inédit » dans le pays, et demande l’aide des États membres afin de poursuivre les œuvres du Programme dans le pays. Pour elle, les personnels des institutions humanitaires sont en danger, et appelle ces institutions à renforcer leurs mesures de sécurité pour protéger leurs personnels ainsi que le matériel.

Pour le représentant des États-Unis auprès du Conseil, l’urgente nécessité est de renforcer les capacités de la Police Nationale afin de contrer la menace des gangs armés, source des troubles dans le pays, tout en vantant les aides de son pays en la matière. Condamnant les scènes de violence et de pillage qui ont eu lieu ces dernières semaines, la diplomate appelle le peuple haïtien à exprimer ses points de vue de manière pacifique. C’est également  l’avis de la délégation française, présidente du Conseil, qui appelle l’État haïtien à renforcer sa gouvernance, surtout en matière de sécurité et de lutte contre la corruption, et qui salue la coopération avec l’Office des Nations Unies contre les Drogues et le Crime (ONUDC)

La Chine et la Russie appellent la communauté internationale à corriger ses erreurs

Beaucoup, en Haïti ou ailleurs, considèrent que les actions de la communauté internationale ne contribuent pas à améliorer la situation dans le pays. Pour la République Populaire de Chine, Haïti est en proie à un système qui, s’il n’est pas démantelé, ne permettra jamais au pays de connaître la paix. Selon son ambassadeur, la situation haïtienne ne peut être réglée de manière définitive que par le peuple haïtien lui-même. « Les activités de l’ONU en Haïti depuis 30 ans ont prouvé que l’aide internationale ne peut jouer qu’un rôle de catalyseur, de promotion des facilitations et que la question d’Haïti ne peut être réglée que par le peuple haïtien lui-même ».

De son côté, le chef de la délégation russe considère que la crise haïtienne est une crise de confiance. « Nous avons affaire à une société qui a perdu confiance dans les autorités », affirme-t-il. Pour lui, les acteurs de la communauté internationale qui disposent d’une véritable influence en Haïti ne font rien pour aider, et ignorent même la gravité de la situation. « Nous sommes particulièrement déçus par le fait que les acteurs extérieurs qui disposent véritablement des leviers du pouvoir à Port-au-Prince ne prennent pas de mesures visant véritablement à régler la crise dans le pays. En fait, ils ignorent ce qui se passe ».

Il appelle les membres du Conseil à jouer la carte de l’honnêteté, et à corriger leurs erreurs dans leurs définitions des problèmes d’Haïti. « Des problèmes bien moins graves dans d’autres régions suscitent les critiques et les menaces des membres du Conseil. Vous devez être honnêtes et soit appeler un chat un chat, soit reconnaître que vous appliquez deux poids deux mesures à l’ordre du jour du Conseil ». « La communauté internationale doit corriger ses erreurs, définir les véritables besoins des Haïtiens et définir les moyens de véritablement les aider sans ingérence dans les affaires intérieures du pays qui, comme le montre l’histoire, ne mènent pas aux résultats désirés », a-t-il déclaré en précisant que « les appels à se tenir aux côtés d’Haïti lancés depuis la tribune des Nations Unies ne suffisent pas ».

Le République Populaire de Chine espère, elle, que les parties haïtiennes sauront prendre les mesures qu’il faut. « Nous espérons que toutes les parties haïtiennes mèneront en urgence les consultations politiques et le plus rapidement possible édifieront des institutions nationales qui jouiront du véritable soutien du peuple haïtien et qui représenteront ses intérêts ». Pour l’Empire du milieu, l’ONU ne jouit pas d’une bonne presse en Haïti, et il est de la responsabilité du BINUH d’arranger cela. « L’ONU est en Haïti pour apporter son aide. Mais depuis un certain temps, l’opinion publique a un avis négatif concernant l’ONU. Nous espérons que le BINUH fera davantage pour tendre la main aux citoyens haïtiens ».

Clovesky André-Gerald PIERRE

cloveskypierre1@gmail.com

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