L’accord signé entre l’État haïtien et Erik Prince, fondateur de la société privée Blackwater et proche de Donald Trump, afin de combattre les gangs armés fait couler beaucoup d’encre déjà. Lors d’une interview accordée à Le Quotidien News ce 31 mai 2025, Ulysse Jean Chenet, le coordonnateur du Mouvement Point Final, a indiqué que tous les moyens sont bons pour contrecarrer les offensives des terroristes.
L’État haïtien durcit le ton dans la lutte contre l’insécurité. Selon le New York Times, le gouvernement haïtien a signé un accord avec Erik Prince, fondateur de la société militaire privée Blackwater et proche de Donald Trump pour mener des opérations meurtrières contre les gangs qui terrorisent le pays et menacent de prendre le contrôle de Port-au-Prince. M. Prince recherchait des vétérans militaires haïtiens-américains et il devrait envoyer jusqu’à 150 mercenaires, ainsi qu’une importante cargaison d’armes, pour appuyer les forces de sécurité locales.
Le coordonnateur du Mouvement Point Final n’est pas contre l’idée que le gouvernement haïtien utilise des mercenaires pour mettre les terroristes hors d’état de nuire, car, selon lui, le peuple en a marre. « Dans la situation actuelle d’Haïti, tout chemin mène à Rome », affirme Ulysse Jean Chenet. La terreur des gangs armés est intenable et insupportable dans le pays. Par n’importe quel moyen, on doit neutraliser les artisans de la violence dans le pays », a déclaré M. Chenet.
Toutefois, il s’interroge sur la légitimité du Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé de prendre des décisions au nom de l’État haïtien. « Est-ce que le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé a l’autorité suffisante pour prendre des décisions visant à engager l’État haïtien ? », demande le coordonnateur du Mouvement Point Final en précisant que le pays n’est pas une entreprise privée.
D’un autre côté, M. Chenet affirme qu’il se sent mal à l’aise avec la présence des mercenaires étrangers en Haïti en raison du fait que les forces de sécurité publique du pays et la population ne sont pas impliquées dans la mise en place du Task-force de la Primature. « La lutte contre l’insécurité dans le pays doit être une affaire nationale et non une affaire privée », explique-t-il. Ce qui veut dire, selon lui, qu’« il est important de communiquer des informations à la population de la présence des mercenaires étrangers sur le territoire de Jean-Jacques Dessalines».
Le coordonnateur a rappelé que Michel Martelly avait fait usage des mercenaires contre la population haïtienne. Il en était de même pour Jovenel Moïse, rappelle-t-il, jusqu’à ce qu’il ait été assassiné par des mercenaires colombiens.
Plus loin, il a aussi évoqué que l’ancien Premier Garry Conille avait signé un contrat avec une compagnie américaine, Stude Baker Firme, pour lutter contre les gangs armés en Haïti. D’ailleurs, dit-il, l’ancien Premier ministre Garry Conille avait confirmé effectivement qu’il a fait venir des mercenaires dans le pays pour lutter contre les gangs armés.
Après la démission de Garry Conille, M. Chenet a fait savoir que le peuple haïtien n’a aucun contrôle des responsables de la firme de sécurité Stude Baker. C’est en ce sens, affirme-t-il, que le Mouvement Point Final se questionne sur le devenir des mercenaires de Garry Conille, pendant que l’État haïtien vient de signer un nouveau contrat avec une autre firme de sécurité américaine pour démanteler les terroristes de Viv Ansanm dans le pays.
Pour M. Chenet, les informations doivent circuler pour que le peuple souverain puisse savoir de quoi il en est, quelle est la durée des interventions ? Quel est le montant du contrat ? Qui finance les interventions ? Combien de mercenaires recrutés ? Quelle est leur nationalité et leur expertise ? Quelle est la mission principale des contractants. Quel est le meilleur comportement à adopter pour faciliter la réussite des opérations contre les terroristes de Viv Ansanm. Telles sont autant de questions dont Ulysse Jean Chenet se pose aux autorités étatiques en soulignant par ailleurs « qu’en matière de lutte contre le terrorisme, tout est permis ».
La Fondasyon Je Klere (FJKL) de son côté demande au gouvernement d’apporter des éclaircissements sur plusieurs points essentiels autour de ce contrat signé entre l’État haïtien et l’entreprise militaire Blackwater. Il s’agit, entre autres, des garanties prévues visant à assurer le respect des droits humains dans le cadre de la mission de ces mercenaires.
À en croire La fondasyon Je Klere, la légitimité d’une telle mission repose sur la transparence et le respect des normes internationales. « Nous exhortons donc le gouvernement à rendre publique toutes les informations relatives à l’entreprise militaire Blackwater», exige la FJKL.
L’organisme de défense des droits humains reconnaît toutefois que la situation actuelle dans laquelle se trouve le pays peut justifier le recours à une assistance armée pour soutenir la PNH dans sa lutte contre les gangs armés.
La Rédaction