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Trente-cinq ans de rumination !

La société haïtienne, comme jamais, traverse depuis plus d’une trentaine d’années une crise sociopolitique majeure sans véritablement observer de répit. Durant cette dernière décennie, la situation a explosé, rendant le pays méconnaissable et presque invivable. La situation humanitaire d’Haïti accuse un bilan sans précédent.

Plus ça dure, plus l’étau se serre davantage. Et c’est l’assassinat au pouvoir du feu Président Jovenel Moïse qui a tout explosé, ouvrant la voie à une transition qui, à un certain niveau, tolère une nouvelle réalité dommageable : « la gangstérisation du pays ». Les organisations criminelles qui imposent leurs lois dans la capitale, ses environs et certaines villes de province apparaissent comme l’arbre qui cache la forêt. Toutefois, pour être honnête, sa contribution n’est pas sans conséquence sur l’accélération des dérives dans le pays tout en obnubilant des réalités complexes qui sont en train de détruire à petit feu le pays.

Cette semaine, le Conseil de sécurité des Nations unies a voté une nouvelle résolution autorisant le déploiement d’une nouvelle force onusienne en vue de neutraliser les gangs. Cette dernière résolution survient deux ans après celle ayant approuvé la MMAS qui a piteusement échoué dans sa mission. Paradoxalement, les gangs ont profité de leur présence sur le sol pour se renforcer et occuper plus de territoire. En termes de bilan, c’est la catastrophe : aucun territoire récupéré, aucune route débloquée, abandon total du centre-ville par l’État et les riverains, plusieurs soldats kenyans tués, etc.

Durant ces trente-cinq dernières années, l’une des plus grandes avancées qu’a faites le pays, c’est de multiplier les interventions étrangères d’appui ou de stabilisation. Un ensemble de supports qui n’ont pas porté fruit, vu la conjoncture. Trente-cinq ans d’échec pendant qu’on continue la même routine. Durant qu’on persiste à tenter les mêmes choses. Est-ce que l’aide internationale ne peut pas être plus conséquente ? Pourquoi des interventions militaires à tort et à travers sans de retombées positives, même à moyen terme ?

À chaque échec, nous refaisons les mêmes erreurs. Des missions qui succèdent à d’autres. La même classe politique qui se renouvelle sans rien apporter de nouveau. Elle ne cesse de générer de la crise et d’en tirer profit. Trente-cinq ans à ruminer. Trente-cinq ans à creuser la fosse de la désillusion, de la misère, du sous-développement, de la mauvaise gouvernance, de la pauvreté. Quand est-ce que nous dirons « c’en est assez » pour reprendre le contrôle du pays et arrêter cette hémorragie ?

Daniel Sévère 

danielsevere1984@gmail.com

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