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Très mauvaise approche!

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Tout le monde redoute le retour du politique du gros bâton. Ils se disent tous démocrates, sans savoir que la démocratie est, en résumé, la « dictature des lois ». Ils galvaudent les institutions, foulent au pied les principes légaux, tout en ayant comme arrière-pensée qu’ils sont intouchables du fait qu’ils sont sous  le régime de la démocratie.

En un laps de temps relativement court, le pays a malheureusement expérimenté plusieurs manœuvres politiciennes pour propulser des mafieux au pouvoir. Hormis les transitions, la politique du riz des années 90 et des années suivantes , a fait place au « millegourdisme », qui est dorénavant remplacé par ce phénomène de la ganstérisation. Nouvelle expérience politique, nouveau calvaire populaire.

C’est très dommage, et même excessivement dangereux de croire que ces civils armés ont des états d’âme. C’est aussi très regrettable d’utiliser ces tactiques inhumaines pour faire de la politique. Ces gens ne sont pas des groupes contrôlables. La réalité est que les moyens forts seront les seuls remèdes qui permettront d’éradiquer ce cancer.

La question est devenue tellement importante qu’il n’est plus possible de passer outre. Néanmoins, les acteurs politiques que c’est un problème social lié à la dégradation infâmante des conditions matérielles d’existence. D’autres au contraire présentent ces civils armés comme des victimes. Dorénavant, on est en présence de deux discours et de deux approches. La révolution (dialectique des armes avec les gangs) et la table rase changée en négociation des opportunistes opposants.

En fait, les deux notions (révolution et table rase) sont vides de contenus dans la tête des émetteurs de ces discours.  Elles sont semblables dans la finalité, mais distincts dans les moyens. L’une veut la dialectique des armes, l’autre, la dialectique des mots. Ce dualisme est pour le moment le fondement du véritable cauchemar de la population. 

Qui travaille pour qui? Qui finance qui? Ces questions qui datent de plus de trente ans ne sont jamais élucidées. La vérité est pourtant bien évidente du fait que les groupes rebelles financés, approvisionnés en cachette, sont les bras armés d’une clique de mercenaires cachés qui font chanter la Nation. Ils se réclament  révolutionnaires en ciblant des catégories bien distinctes.

Parallèlement, un autre groupe se livre aux artifices du dilatoire et à la mesquinerie sous couvert de dialogue. L’un terrorise la population par les armes, l’autre bloque toute avancée politique du pays pour tirer son épingle du jeu. Ils sont complémentaires et font perdurer la crise provoquée et minutieusement alimentée. Depuis un certain temps, on voit des armes derrière tout.

Des combats entre gangs pour plus de territoire, on fait cap maintenant vers des actions de banditisme  à but politique.

Dans ce contexte politique extrêmement agité, Haïti intègre un cycle on ne peut plus préoccupant. Le citoyen haïtien devient pour ainsi dire nostalgique de la misère et de la torture d’autrefois. Si sa référence principale, il y a plus d’un an, était le début du 19ème siècle, de nos jours, à force de constater le degré de pourrissement de la situation, il se contente  de choisir (s’il pouvait refaire l’histoire) de vivre ce qu’il a vécu hier par rapport à ce qu’il est en train de vivre aujourd’hui. Il se trouve obligé  de dire qu’il valait mieux endurer les embouteillages spectaculaires à Martissant (ancien calvaire) que de ne plus pouvoir fréquenter maintenant cette zone. Le peuple évalue les cauchemars qu’il vivait sous Jovenel en disant que la situation était meilleure bien plus sous Privert et encore  plus sous Martelly et ainsi de suite. » Paradoxal ! 

C’est dommage qu’on soit parvenu à résumer la démocratie en une gouvernance de cohabitation. Les lois ne constituent nullement des balises pour eux. Encore moins les institutions. Les perdants ici sont toujours récalcitrants et veulent sans relâche récolter là où ils n’ont pas semé. L’opposition en politique est synonyme, dans notre cas bien sûr, de manœuvres pour éviter aux gouvernants d’achever leurs mandats dans l’optique d’aboutir à des négociations et de se faufiler par la petite-porte pour arriver à la gestion des affaires de l’État.

Que peut-on attendre de ces accords mis sur la table? Pourquoi dans l’intervalle l’insécurité est-elle devenue si insupportable? Sommes-nous en train de migrer de la politique de l’incendie des marchés publics au kidnapping et à l’isolement total des  quartiers stratégiques de la capitale? Notre histoire de peuple nous a habitué  à ces approches mixtes (violence et négociation). Ce gouvernement de supers ministres en gestation sera-t-il capable d’apaiser les griefs populaires? Il est difficile  de croire qu’il est important de tout chambarder pour diriger. Cette pratique qui consiste à détruire sa maison pour pouvoir la diriger en retour est révoltante, irrationnelle et inhumaine.

Daniel Sévère 

danielsevere1984@gmail.com

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